D’après le roman de Isabel Allende.
Mise en scène : Christopher Renshaw.
Chorégraphie : Rafael Amargo.
Avec : Laurent Ban (Zorro), Benoît de Gaulejac (sergent Garcia), Geraldine Larrosa (Ines), Georges Beller (vieux gitan / Don Alejandro), Yan Duffas (Ramon) & Liza Pastor (Luisa).
Durée : 2h10 + 20 min d’entracte.
Même si Zorro s’est déjà joué avec succès à Londres pendant un an, ce troisième musical produit par Stage Entertainment France n’arrive pas précédé d’une renommée internationale comme Cabaret et Le Roi Lion, ses deux précédentes productions. Pourtant une fois encore, qualité artistique et émotions sont au rendez-vous.
Le jeune Diego de la Véga, envoyé en Espagne par son père gouverneur du pueblo de Los Angeles pour parfaire son éducation, rencontre un groupe de gitans (d’où la musique des Gipsy Kings) dont il adopte vite le mode de vie. Apprenant la mort de son père et la prise de pouvoir de son frère Ramon qui fait régner la terreur, il rentre en Californie avec ses amis gitans pour libérer le peuple persécuté. Ainsi naît le personnage de Zorro, le justicier masqué. Si l’intrigue est simple, c’est une belle histoire épique, de cape et d’épée, avec un héros, un méchant, des bons sentiments, de l’humour, de la tragédie, de l’amour. Le livret bien construit de Stephen Clark alterne scènes d’action, moments légers et drôles, instants graves et dramatiques. On regrettera néanmoins l’aspect exagérément lyrique et grandiloquent de quelques scènes. L’adaptation française d’Eric Taraud sonne juste et ajoute d’appréciables traits d’humour décalé. Hormis des morceaux de refrains laissés en espagnol, il est amusant d’entendre les tubes des Gipsy Kings (« Bamboléo », « Djobi Djoba », « Baïla me ») avec un texte en français. Dans le contexte de l’histoire, ces chansons prennent une toute autre dimension. Toujours aussi efficaces rythmiquement, elles donnent lieu à des tableaux d’ensemble dynamiques et entraînants avec des chorégraphies gitano-flamenco endiablées de Rafaël Amargo. Une chanson moins connue,« Soy », a été ralentie pour donner le joli et poignant solo de Diego « Un nouvel espoir ». Les autres titres composés spécialement pour Zorro par les Gipsy Kings sont de qualité inégale, des mélodies agréables, parfois prenantes, mais des ballades qui se ressemblent un peu toutes.
Dans un beau décor réaliste, rustique et épuré sur plusieurs niveaux, l’efficace mise en scène de Christopher Renshaw occupe astucieusement l’espace, y compris le proscenium devant le rideau. Une mise en scène riche qui réserve de surprenants effets de magie et d’illusion, des cascades et des combats d’épée virevoltants réglés par Terry King qui devraient certainement gagner en rapidité et synchronisation avec le temps. Les somptueux éclairages créent des ambiances qui font la part belle au clair-obscur et contribuent pour beaucoup à la réussite visuelle du spectacle.
Autre point fort de Zorro : les comédiens, tous bien distribués et crédibles dans leur rôle. Laurent Ban réalise une véritable performance artistique et physique en interprétant trois personnages en un : Diego insouciant au début qui évolue face aux événements, l’héroïque Zorro et le Diego exagérément efféminé pour mieux duper son frère, tout en passant de l‘un à l‘autre en quelques secondes. La pétulante franco-espagnole Géraldine Larrosa incarne une flamboyante et attachante Inez, la reine des gitans, avec beaucoup de générosité et d’énergie. Liza Pastor se montre sincère et émouvante dans le rôle de Luisa, l’amie d’enfance de Diego qui tombe amoureuse de Zorro. Benoît de Gaulejac campe un truculent Sergent Garcia drôle et touchant. Avec son personnage du vieux sage gitan, Georges Beller réussit presque à nous faire oublier le comédien de boulevard. Quant à Yan Duffas, le terrible Ramon, avec sa voix forte et son attitude psychorigide, il donne toute sa violence et sa folie à son personnage.
Grand spectacle de théâtre musical populaire et familial, Zorro n’a pas fini d’enflammer les Folies Bergère. Viva el Zorro !