Au pied de la Butte Montmartre, à deux pas de la rue Lepic, l’Atelier Théâtre de Montmartre, dirigé depuis sept ans par Michèle Tollemer, continue tranquillement son bonhomme de chemin dans le paysage des petites salles parisiennes. La programmation, entre spectacles musicaux, jeune public et pièces contemporaines ne répond qu’à un seul critère : le coup de cœur de la directrice, une femme engagée.
Au départ, Michèle Tollemer était directrice de casting, notamment pour de nombreuses séries télévisées. « Il y a dix ans, j ‘ai eu envie de revenir à mes premières amours, et à l’envie d’avoir un petit lieu, nous explique-t-elle. J’ai mis trois ans à trouver ce théâtre. J’ai signé le bail en avril 2002. »
Dès le début, elle propose des spectacles dans des styles variés : jeune public, musical (c’est là que Une Diva à Sarcelles a été créé) ou contemporain. « J’aime autant la musique, que la comédie ou le drame, précise Michèle, mais il faut que le spectacle soit beau, bien joué, bien mis en scène. Tous mes spectacles ont un fond, y compris dans le rire. Les gens ont tendance à aller vers le rire graveleux. Moi, je préfère Dubillard, Desproges ou Jean Yanne. Le rire doit être subtil et dire quelque chose. Je ne prends pas un spectacle juste pour être à la mode. Mon plus grand défi est de trouver des spectacles de qualité. Mais c’est une réaction égoïste ! Au fond, si on veut faire plaisir à tout le monde, on ne fait plaisir à personne, alors autant me faire plaisir à moi puisque je vais voir le spectacle tous les soirs ! »
Fait relativement rare de nos jours, l’Atelier Théâtre de Montmartre fonctionne en co-réalisation, sans minimum garanti exigé auprès des compagnies. « C’est ma façon de soutenir les artistes. Je trouve qu’on respecte de moins en moins les gens et il faut qu’il y ait des résistants, comme partout. Peut-être même qu’à le rentrée, j’organiserai des débats politiques sur la culture. Pour ma part, je ne veux pas demander des subventions parce que je ne veux pas appartenir à un parti. Moi, je suis libre et je veux pouvoir râler si ça me plaît, aller voter si j’en ai envie… A mes yeux, ce qui compte c’est la liberté. Avoir un lieu, c’est aussi être libre, et ce qui est joué chez moi me représente assez bien. »
Alors, Michèle Tollemer, une femme engagée ? Absolument ! « Même dans les maisons de production où je travaillais, on me surnommait la rouge ! s’amuse-t-elle. Pourtant, je ne suis pas communiste ! Quand on défend les autres, on se défend soi-même. Quand on a compris ça, on a tout compris ! C’est par des actes de tous les jours qu’on peut changer les gens. Souvent, je trouve que le milieu du théâtre n’est pas assez courageux. Le rôle d’un directeur de salle, c’est aussi de prendre des risques, d’avoir des idées, de faire des choix et pas non plus de prendre systématiquement des noms connus. »
Crise ou pas crise, Michèle continue donc à défendre avec la même ferveur les spectacles qu’elle aime et est ravie qu’on puisse s’en faire l’écho : » Quand je dis que je tiens ce lieu depuis sept ans avec uniquement des spectacles qui me plaisent, ça peut donner du courage aux autres, alors je suis contente qu’on en parle et qu’on dise que c’est possible. »
L’Atelier Théâtre de Montmartre se trouve 7 rue Coustou, 75018 Paris, M° Blanche.