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Yanick Lanthier — Apostolat en musique

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Yanick Lanthier © Christian Savard
Yan­ick Lan­thi­er © Chris­t­ian Savard

Vous jouez actuelle­ment dans Hom­mage à Grease, au Casi­no de Mon­tréal. Par­lez-nous de ce spectacle…
C’est un spec­ta­cle sans pré­ten­tion qui relate les grands suc­cès musi­caux du film Grease , inclu­ant aus­si cer­tains suc­cès des années 50 et 60. C’est vrai­ment une revue musi­cale, un « hap­pen­ing ». Les gens s’a­musent beau­coup lors de ce spec­ta­cle. Tout le monde a déjà vu ce film au moins une fois dans sa vie. C’est l’un des spec­ta­cles de jour qui fonc­tionne très bien au Casi­no de Montréal.

Vous avez eu l’oc­ca­sion de jouer ce genre de revue dans des lieux très dif­férents. Voyez-vous une dif­férence entre les publics ?
Oui, il y en a une. Peut-être moins grande que ce que l’on peut s’imag­in­er. On se dit sou­vent qu’à tel endroit, le pub­lic est comme cela ou comme ceci mais ils finis­sent tous par se rejoin­dre. Lorsque le spec­ta­cle est bon, les gens se lais­sent aller. Je dirai qu’au Québec, le pub­lic est plus « poli ». Ce que je veux dire c’est, qu’i­ci, si le spec­ta­cle est moins bon, on va moins le laiss­er voir. On va quand même applaudir et faire des ova­tions tan­dis qu’ailleurs, sou­vent, les gens ne vont car­ré­ment pas applaudir. Au Québec, nous avons envie de mon­tr­er notre amour, même si nous n’avons pas appré­cié. C’est notre côté latin.

Dans quelques jours, vous allez jouer dans Altar Boyz/les z’en­fants de choeur. Com­ment décririez-vous cette comédie musicale ? 
Lorsque j’ai été approché, on m’a dit que c’é­tait l’his­toire d’un boys band catholique. A ce moment, j’ai « dis­jonc­té ». Je me dis­ais : « Je ne veux pas faire de la pro­pa­gande religieuse car ce n’est vrai­ment pas mon but ». Donc, j’ai hésité. Tout de même, je suis allé pass­er l’au­di­tion et j’ai appris à con­naître le spec­ta­cle. Ce n’est vrai­ment pas ce que je pen­sais. Au con­traire, c’est une his­toire qui est très bien écrite et très drôle : un boys band, catholique, qui arrive à la dernière représen­ta­tion d’une tournée nationale durant laque­lle ils ont par­cou­ru le pays pour sauver les âmes dans les salles. Ce boys band compte cinq mem­bres, totale­ment dif­férents. Nous avons Matthew, le leader, que j’in­car­ne. Il y a Mark, qui est un peu plus excen­trique, Juan, le « Latin » du groupe, Abra­ham, le Juif, et, finale­ment, Luc, le « dur ». C’est très stéréo­typé. C’est une vraie comédie musi­cale. On y retrou­ve beau­coup de danse à la Back­street Boys. J’ai vu Altar Boyz à New York et je com­prends main­tenant pourquoi ce spec­ta­cle tient l’af­fiche du Off-Broad­way depuis trois ans !

Pourquoi les gens devraient absol­u­ment voir ce spectacle ?
Parce que c’est un spec­ta­cle qui est com­plet. Il touche tout le monde car il n’y a pas de dis­crim­i­na­tion. On ne rit pas de la reli­gion. L’au­di­toire, qu’il soit « pur » catholique, athée ou autre, va se retrou­ver dans Altar Boyz/les z’en­fants de choeur. La musique est entraî­nante et excel­lente. Ça se déroule comme un con­cert rock. L’in­ter­ac­tion entre les per­son­nages est elle aus­si hila­rante. C’est un spec­ta­cle qu’on a envie de revoir plus d’une fois.

Le fait de jouer ce rôle en deux langues dif­férentes — soit en français et en anglais — ne vous désta­bilis­era pas un peu ?
J’ai hâte de voir (rires). Au début, on s’est con­cen­trés sur la ver­sion anglo­phone. De mon côté, je suis plus fran­coph­o­ne qu’an­glo­phone. En fait, nous avons dans la troupe deux anglo­phones, deux fran­coph­o­nes et un autre inter­prète qui est entière­ment bilingue ! On me dit que, lors des représen­ta­tions des Mis­érables à Mon­tréal en 1990, des gens se prom­e­naient avec des affich­es, dans la salle, pour avis­er que c’é­tait une représen­ta­tion soit en français ou en anglais. Il est cer­tain que ça va être un vrai défi.

Croyez-vous qu’une comédie musi­cale au Québec peut fonc­tion­ner sans avoir une vedette pop comme tête d’affiche ?
Très bonne ques­tion. Je pense qu’il y a un tra­vail à faire là-dessus. Hon­nête­ment, ça sem­ble être assez dif­fi­cile car nous n’avons pas cette cul­ture comme à Broad­way ou même à Toron­to où, à titre d’ex­em­ple, Yvan Ped­neault (Rent, We Will Rock You) était un incon­nu à son arrivée et qui, main­tenant, con­naît un suc­cès incroy­able. Ici, c’est dif­férent. Je me sou­viens, lors des représen­ta­tions de Notre-Dame de Paris, que cer­tains spec­ta­teurs demandaient un rem­bourse­ment lorsque les « vedettes » étaient absentes ce soir-là, et que des dou­blures les rem­plaçaient. Au Québec, les gens veu­lent voir com­ment se « débrouil­lent » leurs artistes préférés dans un autre style musi­cal. D’après moi, si nous réus­sis­sons à emmen­er d’autres comédies musi­cales dans le genre d’Al­tar Boyz/les z’en­fants de choeur, qui n’est pas à grand déploiement, et que nous essayons d’im­planter cette cul­ture-là ici, les gens vont s’y habituer. Il est cer­tain que c’est tou­jours plus dif­fi­cile de ven­dre un spec­ta­cle sans tête d’affiche.

Une tournée pour Altar Boyz/les z’en­fants de choeur est-elle prévue ?
Dans la mesure où les représen­ta­tions à Mon­tréal se passeront bien, oui. Espérons-le. Je sais qu’il y a des pour­par­lers avec des gens de Québec, entre autres. Les pro­duc­teurs (CETM) ont obtenu les droits pour le Québec et la région d’Ot­tawa (Ontario).


Est-ce que votre pro­jet d’al­bum est tou­jours d’actualité ?

Sérieuse­ment, je ne sais pas encore. Je ne veux pas faire un album juste pour en faire un. Je veux m’im­pli­quer totale­ment dans ce proces­sus. Pour le moment, de toute façon, je n’ai pas le temps…

Quels sont vos projets ?
Actuelle­ment, Altar Boyz/les z’en­fants de choeur occupe une grande par­tie de mon temps. En plus, il y a l’Hom­mage à Grease, au Casi­no de Mon­tréal. En juil­let, je ferai aus­si par­tie du spec­ta­cle Hol­ly­wood Movie Song qui sera présen­té au Palace, à Gran­by. Il y aura peut-être une tournée cana­di­enne qui suiv­ra. Si rien d’autre ne se présente, je songerai, peut-être, à créer moi-même quelque chose. On verra…