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Wicked — Histoire d’Oz

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Wicked, Broad­way (2003) ©DR

Paroles et musique : Stephen Schwartz
Livret : Win­nie Holz­man d’après le roman Wicked de Gre­go­ry Maguire (1995), faisant lui-même référence au célèbre livre pour enfants de Frank Baum, Le Magi­cien d’Oz (1900)

Créa­tion
Le show a débuté à New York, le 8 octo­bre 2003 au Gersh­win The­atre et cumule plus de 800 représentations.

À ce jour (novem­bre 2005), il béné­fi­cie tou­jours d’un taux de fréquen­ta­tion de 100%, soit près de 15.000 spec­ta­teurs par semaine. Des représen­ta­tions itinérantes à Toron­to, Chica­go, San Fran­cis­co ont débuté à par­tir de mars 2005.

Chan­sons
No One Mourns the Wicked — Dear Old Shiz — The Wiz­ard and I — What Is This Feel­ing? — Some­thing Bad — Danc­ing Through Life — Pop­u­lar — I’m Not That Girl — One Short Day — A Sen­ti­men­tal Man — Defy­ing Grav­i­ty — Thank Good­ness — Won­der­ful — I’m Not That Girl (reprise) — As Long As You’re Mine — No Good Deed — March of the Witch Hunters — For Good — Finale

Syn­op­sis
Wicked est un prélude aux aven­tures de Dorothy au pays du Magi­cien d’Oz. On y décou­vre la genèse des prin­ci­paux per­son­nages du film culte de 1939, notam­ment Elpha­ba et Glin­da, qui devi­en­nent respec­tive­ment la Méchante Sor­cière de l’Ouest et la Bonne Sor­cière du Nord, mais aus­si un épou­van­tail, un bûcheron en fer blanc, un lion…

Parce que sa mère s’est enivrée de liqueur flu­o­res­cente lors de la rela­tion adultère à l’o­rig­ine de sa nais­sance, Elpha­ba porte les signes de l’in­famie : une peau verte et d’in­con­trôlables pou­voirs de sor­cel­lerie. De ce fait, elle est rejetée par tous, surtout par son père qui lui fait pay­er l’af­front de sa femme. Intel­li­gente et sen­si­ble, elle endure les humil­i­a­tions avec sang-froid en rêvant que le Magi­cien, qui règne sur Oz et fait le bien autour de lui, révèlera sa pureté intérieure et la… blanchi­ra des pêchés de sa mère.

Glin­da, de son côté, est une miss de beauté écervelée, super­fi­cielle, manip­u­la­trice et — ceci expli­quant cela — adulée par tous.

Le hasard con­duit ces deux filles aux antipodes à partager leur cham­bre au col­lège, puis à dévelop­per une ami­tié mêlant sincérité à quelques oz (onces) d’in­térêts per­son­nels. Un prince char­mant plutôt icon­o­claste, hyp­no­tisé par Glin­da bien sûr, mais loin d’être insen­si­ble à la per­son­nal­ité d’El­pha­ba, vient frag­ilis­er un équili­bre déjà précaire.

Lors d’une vis­ite à la Cité d’Émer­aude, cap­i­tale du pays d’Oz, pour ren­con­tr­er le Magi­cien, les filles décou­vrent que ce dernier est un usurpa­teur, un per­son­nage sans réel pou­voir mag­ique devenu le cen­tre d’un sys­tème social vicié basé sur le non-dit. Après quelques hési­ta­tions, Glin­da accepte de soutenir le régime en place, mais Elpha­ba se révolte, suiv­ie par le prince qui choisit le camp de la vérité.

Dès lors, une lutte à mort pour le pou­voir (et l’amour) est amorcée.

À not­er, pour les spec­ta­teurs non bilingues de pas­sage à New York, le théâtre pro­pose gra­tu­ite­ment un com­men­taire en français par écouteurs.

Le thème
Bien que des­tiné aux enfants, Le Magi­cien d’Oz four­nit quelques enseigne­ments aux adultes de corvée de lec­ture. L’u­nivers d’Oz peut en effet s’in­ter­préter comme une allé­gorie de la société améri­caine du début du siè­cle, dans laque­lle Dorothée représente le peu­ple tout entier et le Magi­cien un sys­tème poli­tique illu­soire et défi­cient. On con­naît égale­ment la morale véhiculée par le con­te : tout le monde peut trou­ver courage, intel­li­gence et amour au fond de soi, et rien ne vaut le foy­er famil­ial (« There is noth­ing like home »), comme un écho à « Con­nais toi toi-même » et « Il faut cul­tiv­er son jardin ».

Wicked est de la même trempe, riche de sens pour les enfants comme pour leurs par­ents. On y abor­de des thèmes comme le respect de l’autre, au-delà des dif­férences physiques et de croy­ance, et surtout le respect de soi, en tant qu’in­di­vidu face à la société. Au fond, la pièce prône la tolérance et rejette tout manichéisme sim­plifi­ca­teur : rien n’est jamais tout blanc ou tout… vert ! Les per­son­nages s’in­ter­ro­gent sans cesse sur le sens de leur exis­tence, ce mag­ma inex­tri­ca­ble d’amour-haine, de bon­heur à pleur­er, de lib­erté sous contraintes.

Bien enten­du, la pièce reste avant tout un pur diver­tisse­ment enchanteur, un prélude intel­li­gent et riche en sur­pris­es au clas­sique Magi­cien d’Oz.

L’his­toire der­rière l’histoire
On n’avait pas vu Le Magi­cien d’Oz sur Broad­way depuis 1903 ! Sans doute, le suc­cès ren­con­tré par Har­ry Pot­ter a ressus­cité l’in­térêt des pro­duc­teurs pour les his­toires de sor­cel­lerie. Uni­ver­sal Pic­tures a investi 14 mil­lions de dol­lars dans la super-pro­duc­tion, louant les ser­vices des plus grands pro­fes­sion­nels, sans doute pour éviter de jouer… aux apprentis-sorciers !

À l’au­tomne 2003, en plein Hal­loween, on assiste ain­si au retour à Broad­way de Kris­ten Chenoweth, absente depuis un Tony en 1999, et Idi­na Men­zel (Mau­reen orig­i­nale dans Rent), dirigées par Joe Man­tel­lo (Tony du meilleur met­teur en scène en 2003 pour Assas­sins) et sur une musique et des paroles de Stephen Schwartz, tit­u­laire d’un Oscar et d’un Gram­my Award pour divers­es B.O. de Dis­ney et de Dream­works, et cumu­lant pas moins de 7 nom­i­na­tions aux Tonys.

Au final, Wicked obtient 10 nom­i­na­tions aux Tony 2004, dont 2 pour le prix du meilleur rôle féminin : Kris­ten Chenoweth (Glin­da) et Idi­na Men­zel (Elpha­ba) se dis­putent la vedette, dans la bonne humeur, à la ville comme à la scène ! Wicked con­cré­tise 3 Tony dont celui de Idi­na Men­zel, qui l’emporte con­tre la favorite.

Mais surtout, la troupe toute entière récolte les suf­frages d’un large pub­lic qui ne tar­it pas à ce jour. Avec ce suc­cès, gageons que la suite qui vient de sor­tir en librairie, Son of a Witch, ne tardera pas à pass­er des étagères aux planches !

Ver­sions de référence
Wicked: A New Musi­cal, enreg­istrement de la troupe orig­i­nale. Si l’on maîtrise un peu l’anglais, on écoute le CD comme on lit un livre d’his­toire. Pour s’ini­ti­er au livret et appréci­er pleine­ment le CD, on peut vis­iter les sites per­so de quelques afi­ciona­dos comme celui-ci.

Wicked: The Life and Times of the Wicked Witch of the West et la suite Son of a Witch de Gre­go­ry Maguire (en anglais)

Et aus­si :
Le magi­cien d’Oz de L. Frank Baum (tra­duc­tion de l’anglais).
Le magi­cien d’Oz, film de Vic­tor Flem­ing (1939) avec Judy Garland.
The Wiz, film de Sid­ney Lumet (1978) avec Diana Ross et Michael Jackson.