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West Side Story (Critique)

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Direc­tion musi­cale : Don­ald Chan
Mise en scène et choré­gra­phie remon­tées par Joey McKneely

D’après une idée orig­i­nale de Jerome Robbins.
Livret : Arthur Lau­rents. Lyrics : Stephen Sond­heim. Choré­gra­phie orig­i­nale : Jerome Robbins.

Décors : Paul Gal­lis. Cos­tumes : Renate Schmitzer. Lumières : Peter Halb­sgut. Son : Rick Clarke.

Orchestre : The West Side Sto­ry Orchestra.

Théâtre du Châtelet, à Paris. Le rideau s’ou­vre. Un décor métallique et une pho­to en arrière plan évo­quent le New York des années 50, un jeune homme claque des doigts, suivi par un autre, quelques notes, recon­naiss­ables entre toutes, reten­tis­sent : West Side Sto­ry est à Paris. La comédie musi­cale fête cet automne son cinquan­tième anniver­saire. Elle est ici présen­tée entière­ment en anglais, dans sa «ver­sion orig­i­nale». En réal­ité, cette ver­sion reprend bien les choré­gra­phies et une par­tie de la direc­tion orig­i­nales, mais elle est adap­tée sur d’autres points (décor, lumière, cer­tains élé­ments de mise en scène).

C’est peu dire que cinq décen­nies après, la magie opère tou­jours. Les choré­gra­phies de Jerome Rob­bins n’ont rien per­du de leur beauté, la par­ti­tion, véri­ta­ble chef d’oeu­vre de Leonard Bern­stein, est cap­ti­vante de bout en bout, les mag­nifiques paroles du jeune Stephen Sond­heim (27 ans à l’époque), futur maître du genre et le livret d’Arthur Lau­rents vien­nent com­pléter le tout avec harmonie.

L’his­toire est con­nue : deux ban­des s’af­fron­tent pour le con­trôle d’ «un bout de trot­toir», pour repren­dre les mots d’un per­son­nage sec­ondaire. D’un côté, les Jets, des enfants d’im­mi­grés polon­ais, emmenés par Riff, de l’autre côté, les Sharks, immi­grés por­to-ricains, avec Bernar­do à leur tête. Con­tre toute attente, Tony et Maria, cha­cun issu d’un des deux groupes, tombent éper­du­ment amoureux l’un de l’autre. Mais la guerre que se livre les deux ban­des va faire pren­dre un tour trag­ique à l’his­toire d’amour naissante…

L’œu­vre est exigeante à tous points de vue et tout par­ti­c­ulière­ment pour les comé­di­ens, qui doivent être à la fois de bons danseurs, de bons chanteurs et de bons comé­di­ens. Le défi est relevé — avec les hon­neurs — par la troupe qui offi­cie jusqu’au pre­mier jan­vi­er au Châtelet. Le cast est emmené par un trio qui alterne un soir sur deux, l’un étant issu de la comédie musi­cale de type Broad­way, le sec­ond venant de l’opéra. C’est le pre­mier qui offi­ci­ait lors de la répéti­tion générale. Sean Atte­bury (Tony), Ann McCor­ma­ck (Maria) et Vivian Nixon (Ani­ta) ont reçu une ova­tion méritée pour leur émou­vante inter­pré­ta­tion. Dif­fi­cile en effet de retenir un fris­son de vous par­courir l’é­chine lors de « Maria », « One Hand, One Heart » ou « A Boy Like That / I Have a Love », pour ne citer que ces chan­sons-là. Le reste de la troupe n’est pas en reste, avec une men­tion spé­ciale pour l’ath­lé­tique Gabriel Canett, qui inter­prète Bernardo.

L’orchestre, dirigé par Don­ald Chan, de son côté fait preuve d’une belle effi­cac­ité, à défaut sou­vent d’une grande sub­til­ité. Soulignons aus­si les élé­gantes lumières de Peter Halb­sgut qui accom­pa­g­nent à mer­veille chaque scène.

Un bémol toute­fois, pour les non-anglo­phones, mieux vaut être déjà fam­i­li­er de l’œu­vre ou bien com­pren­dre l’anglais, car les sur­titres ne sont pas tou­jours d’une grande aide.

Ceci mis à part, cette pro­duc­tion de West Side Sto­ry est assuré­ment l’un des must de cet automne.