Accueil Critique West Side Story (Critique)

West Side Story (Critique)

0

Livret d’Arthur Laurents.
Musique de Leonard Bernstein.
Lyrics de Stephen Sondheim.

Mise en scène : Joel McNeely.
Mise en scène et choré­gra­phie orig­i­nales : Jerome Robbins.
Direc­tion musi­cale : Don­ald Chan.

Avec
Tony : Chris Behmke / Liam Tobin.
Maria : Ele­na San­cho Pereg / Diana Rose Becker.
Ani­ta : Yani­ra Marin.
Riff : Andy Jones.
Bernar­do : Pepe Munoz.

Doc : Joe Gioco.
Shrank : Joe Wojda.
Krup­ke : Mel Shrawder.
Glad Hand : James Michael Reilly.

The Jets : Rhett Aren Gut­ter, Bran­don Hud­son, Michael Bullard, Fred P. Odgaard, Ryan Fitzger­ald, Drew Nel­lessen, Nicholas Sipes, Ryan Ghy­sels, Tenealle Fer­ragher, Addie Tom­lin­son, Court­ney Ortiz, Sarah Blod­gett, Melanie A. Wild­man, Christie Partelow.

The Sharks : Nikko Kimzin, Chris­t­ian Elan Ortiz, Caleb Teich­er, Michael Juan Bish­op, Charles South, Jer­imy Luis Rivera, Arman­do Reinal­do Year­wood Jr, Maria Vic­to­ria Fail­la, NaTo­nia Monét, Natal­ie Williams, Kara Anne Dun­can, Emma Sofia Pfa­ef­fle, Nao­mi C. Walley.

Notre avis : Clas­sique par­mi les clas­siques du théâtre musi­cal, le légendaire West Side Sto­ry (musique de Bern­stein, lyrics de Sond­heim, livret de Lau­rents et mise en scène et choré­gra­phie de Rob­bins) vient régulière­ment brûler les planch­es parisi­ennes (troisième pas­sage au Châtelet depuis les années 90, sans oubli­er une pro­duc­tion au Palais des Sports en 98–99 avec Max Von Essen) pour le plus grand bon­heur des spec­ta­teurs français qui sem­blent le plébisciter à chaque fois, « mal­gré » le fait que le spec­ta­cle soit entière­ment joué en anglais (avec surtitres).

Lorsque, par exem­ple, le site améri­cain Play­bill inter­roge des artistes et leur demande quel musi­cal ils souhait­eraient voir s’ils pou­vaient voy­ager dans le temps, beau­coup répon­dent : la pro­duc­tion orig­i­nale de West Side Sto­ry (en 1957). On peut aisé­ment le com­pren­dre. Véri­ta­ble révo­lu­tion dans sa façon d’en­vis­ager le théâtre musi­cal, West Side Sto­ry a défini­tive­ment mar­qué un tour­nant dans l’his­toire de Broad­way avec son livret adulte et son traite­ment inno­vant. C’est un peu de cette « his­to­ry in the mak­ing » qu’il nous est don­né de (re)voir (de façon rétro­spec­tive) au Châtelet. Dès le pro­logue, avec ce bal­let urbain, ce lan­gage de la rue revis­ité par Rob­bins, cette par­ti­tion de Bern­stein qui ne ressem­ble à aucune autre, on peut com­pren­dre la révo­lu­tion qu’a pu causer West Side Sto­ry à l’époque.
Si la mise en scène orig­i­nale est cer­taine­ment revis­itée (par exem­ple, le décor et les lumières épurées ajoutent une touche de sub­tile moder­nité), Joel McNeely con­serve l’e­sprit de Rob­bins, avec qui il a par ailleurs col­laboré à la fin des années 80. Ajou­tons à cela un orchestre con­séquent (comme on n’en voit presque plus désor­mais à Broad­way pour des raisons économiques), cette pro­duc­tion est défini­tive­ment le meilleur moyen de s’ap­pro­prier un peu de l’his­toire de Broadway.

Cepen­dant, la musique a beau être sub­lime, la mise en scène impec­ca­ble, la choré­gra­phie superbe, les lyrics bril­lants, l’his­toire aura tou­jours du mal à saisir le spec­ta­teur si celui-ci ne croit pas aux per­son­nages. Or, il est impos­si­ble dans le cas présent de ne pas être touché par la sincérité et la fraîcheur désar­mantes du cou­ple trag­ique que for­ment Tony et Maria (Chris Behmke et Jas­mi­na Sakr, lors de la représen­ta­tion à laque­lle nous avons assisté). L’alchimie entre les deux jeunes pre­miers fonc­tionne par­faite­ment, et il est par­ti­c­ulière­ment agréable d’avoir des comé­di­ens ayant l’âge du rôle et par­faite­ment à l’aise dans le chant comme dans la comédie (cer­taines pro­duc­tions priv­ilé­giant par­fois le chant au détri­ment du jeu). Yani­ra Marin, dans le rôle d’Ani­ta, ajoute sa touche de fièvre latine. Out­re sa voix et son sens comique pince-sans-rire, Marin est égale­ment une fasci­nante danseuse. Impos­si­ble de la quit­ter des yeux durant le flam­boy­ant « America ».

Plus de cinquante ans après sa créa­tion, West Side Sto­ry prou­ve – si besoin était – son intem­po­ral­ité et c’est sans aucun risque qu’on peut affirmer qu’il con­tin­uera à boule­vers­er de nom­breuses généra­tions futures avec cette his­toire d’amour absolu et de quête de sérénité.