Week-end à Londres — Musical London

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Chitty Chitty Bang Bang ©DR
Chit­ty Chit­ty Bang Bang ©DR

Chit­ty Chit­ty Bang Bang 
Fan­tas­magor­i­cal ! Il s’ag­it de l’adap­ta­tion du film de Ian Flem­ing réal­isé en 1968, film culte en Angleterre pour tous les enfants de 7 à 77 ans. En résumé, c’est l’his­toire d’un gen­til inven­teur, de ses deux enfants, d’une char­mante jeune fille face à de vilains tyrans et voleurs d’en­fants. Mais la véri­ta­ble héroïne du show c’est l’épous­tou­flante voiture qui flotte et qui vole au-dessus des spec­ta­teurs, Chit­ty Chit­ty Bang Bang elle-même. L’autre point fort de ce musi­cal c’est le grand retour de Michael Ball qui réalise une presta­tion très réussie dans ce spec­ta­cle haut en couleurs (men­tion spé­ciale pour les décors et les cos­tumes) et très distrayant qui s’adresse avant tout au jeune pub­lic, mais ne sommes-nous pas tous de grands enfants ? Moins mar­quantes que celles écrites pour Le Livre de la jun­gle et Mary Pop­pins, les chan­sons signées par les frères Sher­man n’en demeurent pas moins joyeuses et entraînantes.

Kiss Me Kate
Après avoir tri­om­phé et récolté grand nom­bre de récom­pens­es à Broad­way, ce revival du célèbre musi­cal de Cole Porter a été trans­féré à Lon­dres l’an dernier. Mais hélas, le suc­cès est moin­dre de ce côté de l’At­lan­tique. Devant des salles bien peu rem­plies, le show s’ar­rêtera le 24 août. Il ne vous reste donc plus que quelques jours pour aller applaudir ce spec­ta­cle aux nom­breux atouts dont le prin­ci­pal est incon­testable­ment l’ex­cel­lente qual­ité du cast avec à sa tête le très charis­ma­tique Brent Bar­rett. Mal­gré des décors assez ternes (éton­nant d’ailleurs pour une telle pro­duc­tion), la scéno­gra­phie est une vraie réus­site. Musi­cale­ment et vocale­ment, c’est un sans faute. Pourquoi alors une telle désaf­fec­tion du pub­lic lon­donien ? On peut avancer plusieurs expli­ca­tions : la musique de Cole Porter est un peu « datée » et ne séduit pas le grand pub­lic. Quant au Vic­to­ria Palace (là où se joue le spec­ta­cle), on peut se deman­der s’il ne porterait pas la poisse : toutes les pro­duc­tions qui s’y sont mon­tées ces dernières années n’ont con­nu au mieux qu’un suc­cès de courte durée.

The Full Monty 
Comme pour Chit­ty Chit­ty Bang Bang, il s’ag­it de l’adap­ta­tion d’un film devenu culte pour cer­tains (et quel film !) et comme pour Kiss Me Kate, il s’ag­it du trans­fert d’une pro­duc­tion de Broad­way. Mal­gré des décors très lim­ités, quelques petites faib­less­es dans le rythme et une adap­ta­tion un peu « light » par rap­port au film, le show fonc­tionne plutôt bien et on passe un bon moment. La musique, dont le style peut par­fois faire penser à Rent, n’est certes pas inou­bli­able mais il y a quelques beaux morceaux, en par­ti­c­uli­er les balades avec des lyrics intel­li­gents et bien écrits. Et pour celles et ceux que ça intéresse, dans leur fameux strip-tease final, nos six chômeurs vont bien jusqu’au bout…

My Fair Lady
Im-pec-cable. Voilà une pro­duc­tion très raf­finée et haut de gamme tant dans la mise en scène, les décors, les cos­tumes et l’ex­cel­lente inter­pré­ta­tion. Un seul petit bémol : c’est un peu long, surtout la fin du deux­ième acte qui est assez sopori­fique. Mal­gré les années, l’his­toire fonc­tionne tou­jours aus­si bien et con­tin­ue à nous faire rire et à nous émou­voir. Grâce à une bril­lante orches­tra­tion, la musique de Loewe retrou­ve une nou­velle jeunesse et on se rend compte que pra­tique­ment toutes les chan­sons sont des « tubes » !

Bom­bay Dreams 
Très atten­du, ce nou­veau musi­cal pro­duit par Andrew Lloyd Web­ber séduit par cer­tains aspects mais déçoit beau­coup par d’autres. Lloyd Web­ber a fait appel à A.R. Rah­man, célèbre com­pos­i­teur indi­en à qui l’on doit la musique de nom­breux films dont Lagaan, pour réalis­er un musi­cal sur Bol­ly­wood, le Hol­ly­wood indi­en situé à Bom­bay. Bol­ly­wood pro­duit chaque année des dizaines de films musi­caux très pop­u­laires. Dans Bom­bay Dreams, on retrou­ve cet univers ultra kitsch grâce aux cos­tumes, aux choré­gra­phies énergiques et sac­cadées à souhait et surtout grâce à la musique de Rah­man qui alterne mélopées planantes et siru­peuses et morceaux très ryth­més pour ne pas dire très « dance ». On peut toute­fois regret­ter qu’il ait trop occi­den­tal­isé (à la demande de Lloyd Web­ber ?) sa par­ti­tion, sans doute pour la ren­dre plus acces­si­ble au grand pub­lic mais aus­si plus « com­mer­ciale ». Ce n’est pas un hasard si le disque se vend bien. Le cast, qui n’est con­sti­tué que d’artistes d’o­rig­ine indi­enne, s’en tire plutôt bien mal­gré quelques faib­less­es vocales et dans le jeu, cer­tains per­son­nages sont même attachants. Mais le spec­ta­cle pêche par un livret mal con­stru­it, une his­toire ultra sim­pliste avec des per­son­nages car­i­cat­u­raux et des sit­u­a­tions par­fois grotesques. Les lyrics du pour­tant renom­mé Don Black frisent sou­vent le ridicule. Mais on peut se deman­der si ce n’est pas volon­taire car c’est sou­vent le cas dans les films pop­u­laires de Bol­ly­wood. Mal­gré tout, ce musi­cal, à ne surtout pas pren­dre au pre­mier degré, con­stitue un agréable dépayse­ment et mérite le détour.

Par­mi les autres pro­duc­tions récentes, il sem­ble que Taboo, le musi­cal de Boy George, fasse l’u­na­nim­ité tant auprès du pub­lic que de la cri­tique. A not­er pour les fans de Boy George qu’il jouera lui-même le rôle prin­ci­pal en août. En revanche, l’ac­cueil cri­tique est beau­coup plus sévère pour We will rock you, le musi­cal de Ben Elton basé sur des chan­sons du groupe Queen. Autre groupe, autre époque avec Mam­ma Mia !, la comédie musi­cale très sym­pa et sans pré­ten­tion avec des chan­sons du groupe Abba, qui fait un car­ton depuis trois ans. Autres spec­ta­cles à voir pour leur qual­ité : The Phan­tom of the Opera, Chica­go (avec jusqu’à fin sep­tem­bre Mar­ti Pel­low, leader de l’ex-groupe Wet Wet Wet), Blood Broth­ers (boulever­sant) et surtout The Lion King, une mag­nifique pro­duc­tion qui enchantera petits et grands.

Evidem­ment nous gar­dons le meilleur pour la fin : Les Mis­érables, la comédie musi­cale de Schön­berg et Bou­blil, qui tri­om­phe à Lon­dres (et dans bien d’autres villes du monde) depuis bien­tôt 17 ans ! A voir et à revoir d’au­tant plus que jusqu’à la fin de l’an­née le rôle de Javert est tenu par notre Jérôme Pradon nation­al ! Et pour l’avoir vu, nous pou­vons vous dire qu’il réus­sit là une très belle per­for­mance, on a l’im­pres­sion que le rôle a été écrit pour lui.

Petits con­seils pratiques
Aller à Lon­dres, ce n’est pas trop dif­fi­cile mais trou­ver des places pour ces comédies musi­cales sans trop se ruin­er c’est autre chose. La solu­tion économique la plus sûre reste le TKTS (l’équiv­a­lent de notre Kiosque de la Madeleine) qui se trou­ve Leices­ter Square et qui vend à moitié prix des places de pre­mière caté­gorie pour le jour même. Mais bien enten­du vous ne trou­verez des places que pour les spec­ta­cles qui ne sont pas com­plets. Pour infor­ma­tion, fin juin on trou­vait cer­tains jours des places pour Kiss Me Kate, The Full Mon­ty, Chica­go, My Fair Lady (en semaine seule­ment), Blood Broth­ers et même pour Les Mis­érables (en mat­inée et 25% de réduc­tion seule­ment). Si vous préférez réserv­er à l’a­vance avant de par­tir, le mieux est d’ap­pel­er directe­ment le box office des théâtres, sinon vous pou­vez égale­ment réserv­er sur inter­net (www.ticketmaster.co.uk , www.firstcalltickets.com) mais vous devrez pay­er une com­mis­sion assez onéreuse.

Main­tenant il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un bon séjour musi­cal à Lon­dres. Enjoy yourself !