
Comment avez-vous su que vous feriez ce métier ?
Je crois que je l’ai toujours su ! Je ne sais pas trop pourquoi, ni comment, mais je ne me suis jamais posé la question de ce que je pourrais faire de ma vie. Je voulais être acteur, vivre sur scène et dans les théâtres au milieu des décors, des costumes, des textes classiques et des opéras.
Et comment vous êtes-vous intéressé à la comédie musicale ?
La rencontre avec la comédie musicale est venue tardivement, même si, tout jeune, je passais mon temps à écouter Offenbach ou d’autres opérettes et opéras. Le film Oliver ! fut, à l’âge de sept ans, un véritable choc. Ce mélange théâtre et musique me fascinait littéralement. Mais j’ai vraiment rencontré le musical vers vingt ans, lorsque j’ai acheté le disque de Sweeney Todd, par le plus grand des hasards, en mai 1979. Je me souviens de la date ! (rires). J’ai effectué un voyage à Londres en juin pour me rendre compte si tout cela était bien vrai… Ce fut le choc absolu ! A mon retour, je savais exactement ce que je voulais faire de cette passion théâtrale qui me chevillait le coeur.
Quelles sont vos premières expériences significatives dans le théâtre et le théâtre musical ?
Après des emplois successifs de régisseur ou d’assistant à la mise en scène, j’ai décroché le rôle de Seymour dans La Petite Boutique des Horreurs. Durant toute une saison, je me suis fait dévorer par une irrésistible plante carnivore ! Puis ce fut, notamment, la rencontre avec la Péniche Opéra, où j’ai joué et chanté une formidable satyre de l’opérette dans un spectacle qui fit la renommée de la Péniche, Rêve d’écluse et un spectacle que j’avais conçu autour des chansons et du cinéma de Prévert. J’ai également joué, dans Les Misérables, la doublure de Valjean, expérience passionnante, mais ô combien éprouvante. Le premier rôle à Mogador de L’Auberge du Cheval blanc est l’un de mes plus jolis souvenirs en tant qu’interprète.
Et en ce qui concerne la mise en scène ?
La mise en scène est arrivée rapidement, sans vraiment le vouloir, via un opéra de Gian Carlo Menotti à la Péniche Opéra, qui a eu la chance de plaire et m’a ouvert la porte de différents théâtres de province. La liste des opéras, opéras comiques et spectacles musicaux que j’ai mis en scène serait un peu longue et fastidieuse. Mais mes grandes joies furent à l’Opéra de Genève Madame de, une adaptation lyrique du roman de Louise de Villmorin, Le Songe d’une nuit d’été à l’opéra de Fribourg, Pelléas et Mélisande de Debussy à L’auditorium du musée d’Orsay ainsi que l’adaptation et la mise en scène d’un opéra-bouffe de Rossini, La cambiale di Matrimonio au festival de Saint-Céré. J’y ai goûté, pour la première fois, l’immense plaisir de faire rire une salle avec un texte que j’avais écrit. Paradoxalement, je n’ai pas fait beaucoup de mises en scène de comédies musicales, à part Hello Dolly à l’Opéra de Marseille ou La revue à Genève. J’aimerais réaliser un grand classique du genre ou faire beaucoup plus de créations. Mais ça viendra, car l’expérience acquise sur les spectacles musicaux auxquels j’ai participé en province ne peut être qu’un atout pour la réalisation de comédies musicales.
Comment travaillez-vous les mises en scène de spectacles ?
La source de mon inspiration est toujours le sens du texte. Je me demande comment raconter au mieux, aujourd’hui, telle ou telle histoire. Je ne suis pas un fan de la transposition systématique, ni de la dérision. J’essaye de voir le côté positif de mes personnages, leurs blessures et leurs faiblesses, c’est-à-dire l’ensemble de leur dimension dramatique. Je n’ai jamais envie de me moquer d’eux, mais plutôt d’excuser et de comprendre leur faille et de m’en servir. J’aime jouer sur les contrastes. La première chose que j’imagine est l’environnement scénique où vont évoluer les personnages, les possibilités techniques du décor afin de servir au mieux le jeu des interprètes.
Vous êtes l’auteur de L’Ultime rendez-vous. Comment avez-vous travaillé la mise en scène de la pièce ?
Pour L’Ultime rendez vous, la mise en scène a fait partie intégrante de l’écriture de la pièce. En l’écrivant, je la voyais sur scène : ses différents rythmes, les différentes caractérisations des personnages, les ambiances étaient déjà quasiment choisies. Je pensais aussi à mes copines qui allaient jouer cette pléiade de filles un peu dingues… Ça aide !
Comment s’est passé le casting de l’équipe ?
Le plus naturellement possible car j’ai pris les meilleures dans mon carnet d’adresses !
Avez-vous des projets artistiques en préparation ? Des envies ?
Des projets oui ! Lundi, Monsieur vous serez riche, une comédie musicale de Remo Forlani et Antoine Duhamel que je vais monter pour l’Opéra de Metz, La Petite Renarde Rusée de Janacek au CNSMDP, pour les opéras de Rouen et de Reims.
J’ai très envie que L’Ultime rendez-vous triomphe à DIVA du 30 mai au 2 juin et qu’une production s’intéresse à ce spectacle, pour qu’il s’épanouisse un jour dans une grande salle avec orchestre, décors et éclairages. J’avoue quand même être séduit par son côté minimaliste actuel.
Et puis la scène me manque… J’aimerais revenir avec un joli rôle comme j’ai pu avoir la chance d’en interpréter, avant de me faire happer par la mise en scène. Je jouerais, installé dans un théâtre pendant au moins une saison, afin de pouvoir profiter un maximum de la joie de peaufiner, au gré des représentations, un personnage.
Enfin, et comme beaucoup de mes collègues metteurs en scène, je rêve d’être celui qui fera connaître Sondheim au public français : monter Carousel de Rodgers et Hammerstein, The Fantasticks, les opéras Wozzeck, Don Giovanni, tout Britten, etc.
Je souhaite tout simplement que la comédie musicale soit de plus en plus indispensable en France et que je fasse partie du voyage ! (rires)