Champion de France d’accordéon classique en 1993, Vincent Heden se perfectionne au chant, à la danse et à la comédie. Fin 1996, à 18 ans, il décroche son premier contrat professionnel dans Les Années Twist aux Folies Bergère puis en tournée. Il participe ensuite à plusieurs spectacles de Disneyland Paris.
De Titanic à Tintin
En décembre 2000, il fait ses premiers pas dans une grande comédie musicale : Titanic de Maury Yeston adaptée en français par Jean-Louis Grinda et Stéphane Laporte, à l’Opéra Royal de Wallonie de Liège. Superbe spectacle qui a été repris à l’Opéra d’Avignon en décembre dernier et dont on espère l’arrivée prochaine sur Paris. Pour Vincent, c’est la révélation. » J’ai découvert ce qu’était vraiment la comédie musicale. Comme pour beaucoup de gens en France, je pensais que c’était juste un tremplin pour faire un album et une carrière solo. Avec Titanic, je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment de belles carrières à faire uniquement dans cet art « . Dans le rôle de Bride, l’opérateur radio, Vincent ne passe pas inaperçu. Sa voix, sa présence et son jeu touchent le public. C’est là que la production de Tintin — Le Temple du soleil le remarque. » Ils ont pensé que peut-être je pourrais correspondre pour le rôle de Tintin. J’ai passé l’audition comme tout le monde et j’ai eu la chance d’être retenu « .
Un coup de coeur immédiat
Les premières musiques qu’il entend le séduisent tout de suite. Puis il découvre le spectacle dans sa version flamande à Anvers et là c’est le choc. » C’était merveilleux ! Jusqu’à maintenant, et pourtant j’ai déjà vu beaucoup de comédies musicales à Londres, c’est le plus beau spectacle que j’ai vu au niveau des chansons, de l’émotion, du jeu, de l’histoire, des décors, des effets. C’est impressionnant mais ça reste très humain. En sortant j’étais enthousiaste, j’avais hâte de commencer » se souvient-il.
Sans être un expert, Vincent connaît bien Tintin. » Avec Astérix et Boule et Bill, ça faisait partie des BD que je lisais étant petit « . Il se sent de plus en plus proche du personnage. » Au début je pensais que j’en étais assez loin. Puis avec Frank Van Laecke (le metteur en scène) et Dirk Brossé (le compositeur), on a travaillé sur les points communs que j’avais avec Tintin et on en a trouvés beaucoup : la jeunesse, le goût de l’aventure, la franchise, l’amour des autres, c’est un personnage entier…c’est tout moi quoi ! » s’exclame-t-il en riant. Donner vie à un héros de bande dessinée aussi populaire que Tintin, ce n’est pas toujours évident. Comme le reconnaît Vincent, » c’est difficile de se plaquer à la BD. C’est un dessin et des bulles. J’essaye de créer le personnage sans le trahir, je pense aux tintinophiles qui vont venir voir le spectacle, mais sans non plus me trahir. On fait tout pour que ça reste crédible « .
Une belle aventure
Les répétitions ont commencé le 11 février à Anvers avant de se poursuivre à Charleroi dans une ambiance » absolument géniale » à en croire Vincent. » Avec le cast francophone, c’est une famille qui se crée, on est tous loin de chez nous pour la plupart. On est tous liés par l’envie de faire un spectacle parfait et j’adore ça. On crée cette énergie et ce lien qui doivent nous mener du début à la fin du spectacle et qu’on retrouvera sur scène. On a la chance d’être bien encadrés et guidés par de grands professionnels qui sont aussi ouverts à nos remarques et à nos interrogations « . Il voue une grande affection à ses partenaires. » Frayne McCarthy (Haddock), c’est mon grand frère. Dès notre première rencontre, on a senti un lien très fort entre nous. Notre complicité sur scène est d’autant plus vraie et sincère. J’adore les deux Castafiore (en alternance), France Emond et Jacqueline Van Quaille. Franck Vincent et François Langlois (les Dupond/t) me font beaucoup rire. De manière générale, il y a vraiment une tendresse qui nous lie tous « . Tintin n’oublie pas son inséparable et fidèle Milou incarné sur scène en alternance par les deux mêmes petites chiennes qu’à Anvers, Zohra et Zina. » Ca se passe très bien. On essaye d’instaurer une complicité. Ce n’est pas toujours évident mais on y arrive à force de croquettes et de fromage ! » sourit Vincent.
Dans le spectacle, Tintin doit exécuter quelques cascades. » Avec l’équipe qui nous encadre, on a mis au point un entraînement quotidien, salle de gym tous les jours. Des installations en salle de répétition me permettent de simuler les cascades pour ne pas laisser de place au hasard une fois sur scène car ça comporte tout de même quelques risques » nous explique Vincent qui, malgré la fatigue, garde le sourire, trop content de ce qui lui arrive.
Des projets et… toujours Tintin
Même s’il est complètement concentré sur Tintin, Vincent accepte néanmoins de nous dévoiler ses projets : » une comédie musicale inspirée des Liaisons dangereuses, écrite par Stéphane Laporte et composée par Thierry Boulanger, et plus proche dans l’avenir, le prochain spectacle musical d’Alfredo Arias, Luna Caliente, avec Catherine Ringer (chanteuse des Rita Mitsouko) et peut-être Nathalie Dessay au Théâtre de Chaillot pendant deux mois suivis par quatre mois de tournée « . Ses choix sont clairs, d’ailleurs il le dit lui-même : » c’est vraiment dans la comédie musicale que je m’épanouis le plus en ce moment « . Mais il regrette que le public français, trop conditionné par les médias, n’ait l’air d’apprécier que les spectacles musicaux qu’on lui sert actuellement, bien loin de la comédie musicale traditionnelle. Pour que les choses évoluent, il avoue mettre beaucoup d’espoir dans Tintin. » J’espère que Tintin va pousser à grands coups de coude les portes des producteurs et des théâtres français pour imposer la comédie musicale en France « . Car Vincent espère bien que Tintin se montera à Paris… et ailleurs, et toujours avec lui. » Si l’aventure Tintin continue, ce sera avec moi, qu’on se le dise ! » affirme-t-il avant de préciser en riant, » et même dans les autres langues ! » comme pour bien marquer son attachement à ce spectacle et à son personnage.
En attendant, il faudra faire le déplacement à Charleroi. » Ce n’est pas si loin » précise Vincent avant d’ajouter » très peu de Français ont eu la chance de voir un spectacle de cette envergure, un spectacle universel qui touche autant les enfants que les adultes, alors… ».