
Pouvez-vous nous parler de votre personnage ?
Le docteur Frankenstein est plus complexe qu’il n’y paraît, à la fois brillant et complexé. Il porte l’héritage familial comme un fardeau au départ et, une fois rattrapé par son destin, comme un trésor. C’est un personnage très attachant, entier et plein de vérité, plus manipulé que manipulateur et finalement guidé par une passion intérieure sincère. Le genre de type que j’aimerais rencontrer plus souvent dans la vie réelle…
Pour quelle raison prenez-vous plaisir à jouer ce rôle ?
Ce que j’aime d’abord, c’est que ce rôle existe principalement au travers de ses interactions avec les autres protagonistes. Je prends un plaisir fou à évoluer au sein de cette troupe exceptionnelle, d’autant que j’ai l’opportunité de jouer avec tout le monde en duo, trio ou tous ensemble. Ensuite, il y a bien sûr la drôlerie du personnage. Elle doit beaucoup au texte adapté en français par Stéphane Laporte, que je trouve excellent, dont les jeux de mots sont irrésistibles et vraiment au même niveau que la version originale. D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas : il n’y a pas une scène qui ne déclenche pas des éclats de rire.
Quelle est votre réplique favorite ?
C’est quand j’appelle le monstre “petit bouchon”. J’adore le décalage entre la tendresse de l’expression et la réalité de 2 mètres de chairs recomposées. Mais il y a mille autres répliques pleines d’esprit dans ce spectacle.
Comment avez-vous travaillé avec le metteur en scène ?
Cela faisait longtemps que je voulais collaborer avec Ned Grujic et comme l’inverse était vrai aussi, la rencontre a été naturelle. J’aime son imagination sans limite et je suis bien en phase avec ses choix artistiques, notamment la petite touche d’expressionnisme qu’il donne au spectacle. Il avait une idée très claire de ce qu’il voulait faire et il a su créer l’adhésion autour de lui. C’était comme un courant qui nous amenait tous vers le spectacle tel qu’il est aujourd’hui. Malgré la pression de seulement quatre semaines de répétitions, il a toujours fait montre d’enthousiasme et réussi à préserver en toute occasion la bonne humeur ambiante. Tout le monde ne garde que de bons souvenirs. En plus, il avait fait un casting au millimètre, ce qui a facilité l’apprentissage des rôles et des chorégraphies. C’est très rare de vivre ça, j’ai beaucoup de chance !
Quelles sont les difficultés du rôle ?
C’est un personnage qui parle beaucoup, donc il y a beaucoup de texte à apprendre, dont pas mal de jargon scientifique car il est docteur. Mes souvenirs de bac scientifique m’ont bien aidé. Il y a aussi les chorégraphies, les costumes et la musique pré-enregistrée. Même si elle est d’excellente qualité, réalisée spécialement pour ce spectacle par un vrai orchestre, c’est toujours plus difficile de se caler par rapport à une bande, sans filet. Mais au fond, encore une fois, grâce à la qualité du casting et à la fluidité de la mise en scène de Ned, tout s’est enchaîné naturellement, sans difficulté particulière.
Connaissiez-vous le film et le musical ?
Je connaissais déjà le film mais je n’ai vu la comédie musicale que par bribes au travers de vidéos glanées ça et là sur internet. A partir de ce que j’avais vu, j’avais très peur que mon personnage disparaisse derrière les autres qui sont plus marqués, plus dans la caricature. En fait, Ned a souhaité rester proche du film et centrer le propos sur le Docteur Frankenstein au premier acte et sur le Monstre au deuxième, pour mieux les réunir à fin. C’est la bonne collaboration avec Ned sur tous les plans qui donne sa dimension au personnage, on l’a enfanté à deux en quelque sorte.
Vous qui avez joué dans Tintin et le temple du soleil, est-ce que vous irez voir le Tintin de Spielberg ?
Les images de synthèse ne m’attirent pas particulièrement, mais j’ai des attaches particulières avec ce personnage que j’ai interprété sur scène. Il fait un peu partie de moi, donc je suis assez curieux de voir ce que cela peut donner… si j’en trouve le temps ces prochaines semaines !
