Vincent Baillet, comment avez-vous découvert Sauna et qu’est-ce qui vous a donné envie de l’adapter ?
VB : J’ai découvert Sauna par hasard en 2008 sur votre site Internet. Un article sur un festival de théâtre gay et lesbien organisé à Toronto parlait de Bathhouse, the musical. Les sujets abordés de cette comédie musicale pour adultes m’ont interpelé. Un de mes amis s’est rendu au festival et m’a confirmé le succès et le potentiel de ce spectacle. Comme je souhaitais monter un format court de comédie musicale avec peu de comédiens, Bathhouse s’est imposé à moi. Les négociations ont démarré avec l’auteur américain Tim Evanicki qui nous a accordé la licence. J’ai alors confié l’adaptation française à Baptiste Delval qui avait travaillé sur la version française de Hedwig & the Angry Inch.
Qu’attendez-vous de cette présentation du 14 septembre ?
VB : Sauna est pour le moment auto-produit. Je remercie donc le Vingtième Théâtre et particulièrement Pascal Martinet d’avoir eu l’audace de nous recevoir. Je souhaitais au départ ne monter qu’une lecture mais rapidement la mise en scène complète du spectacle s’est imposée à l’équipe tant ce projet suscite de curiosité. Cette avant-première affiche d’ores et déjà complet depuis plusieurs jours. Des directeurs de théâtre et quelques producteurs ont répondu présent à l’appel de cette avant-première, l’objectif étant d’installer Sauna dans une salle parisienne début 2011.
François Borand, parlez-nous de votre personnage…
FB : Maxence est le pilier indéfectible du sauna. C’est un habitué des lieux, un client régulier qui connaît tout le monde et que tout le monde connaît. En spécialiste, c’est lui qui apprendra les règles d’usage à Benjamin, le jeune premier qui est venu au sauna en pensant y trouver l’Amour. Maxence est un grand séducteur. Il sait qu’il n’est peut-être pas le garçon le mieux bâti du sauna mais il est parfaitement conscient de son charme. Son assurance vient du fait qu’il a depuis longtemps cessé de focaliser sur ses défauts pour mieux se servir de ses atouts. Pour autant, ce Don Juan des bains à vapeur demeure humble, naturel, contrairement à d’autres garçons attachés à des valeurs plus superficielles. Je pense que ce qui fait la richesse de Maxence, c’est son ambiguïté. Sous son apparente confiance en lui se cache évidemment une faille qui lui donnera toute son épaisseur. Comme tous les autres personnages, Maxence vient au sauna pour des raisons très personnelles. Les siennes sont seulement beaucoup moins évidentes, et certainement plus sombres. C’est donc quelqu’un de complexe, et donc de très humain, loin des caricatures.
Vous êtes également directeur musical sur ce spectacle ? Parlez-nous de ce travail…
FB : La direction musicale de Sauna m’a été confiée par Vincent Baillet à l’issue des castings et je le remercie de m’avoir proposé cette responsabilité alors que je venais tout juste d’être choisi pour interpréter le rôle de Maxence. Je pensais, au départ, que ma tâche se limiterait à suivre la partition d’origine. Pourtant, j’ai très vite ressenti le besoin de m’impliquer d’avantage dans les arrangements vocaux. Bien sûr, je me suis appuyé sur le travail des co-auteurs, Tim Evanicki et Esther Daak. Mais au final, avec la confiance et la bienveillance de Nicolas Guilleminot, notre metteur en scène avec qui le dialogue a été permanent, j’ai écrit de nouveaux arrangements pour presque tous les morceaux que nous présenterons à l’occasion de l’avant-première du 14 septembre. J’avais à cœur de participer à la singularité de cette version française de Bathhouse. Par exemple, certaines chansons comme « La gym » ou « Bear Chaser » étaient des solos, auxquels j’ai ajouté des chœurs pour soutenir l’atmosphère qui se dégageait de la partition. Aussi, pour la première, je me suis inspiré de l’univers de Grease, Hairspray, voire de Mamma Mia. Et pour la seconde j’ai voulu installer une ambiance proche des Beach Boys ou des Rubettes (et oui, avec Coups de Foudre, j’ai été bercé au son du « Sugar Baby Love »…). Dans l’ensemble, j’ai tenté de trouver pour notre troupe la couleur d’un groupe vocal en jouant sur les nuances, les sonorités, et je n’ai pas hésité à demander aux comédiens de jouer sur plusieurs registres vocaux.
Pour ce qui est de la direction vocale à proprement parler, nous nous sommes très vite mis d’accord avec l’équipe artistique pour nous concentrer sur les personnages, leurs intentions, leur sincérité, afin de rapporter les parties chantées à quelque chose de quotidien, proche parfois du parlé-chanté. Nous avons donc voulu mettre en avant les interprètes tout en faisant valoir leurs qualités vocales. Notre metteur en scène venant du théâtre et du cinéma, nous avons travaillé de concert pour souligner dans le chant les enjeux de Teddy, David, Maxence et Benjamin. Aussi, la direction musicale a‑t-elle été inséparable de la direction d’acteur prise en charge par Nicolas.
Au final, ce travail d’écriture et de ré-écriture a été très enrichissant et j’espère qu’il plaira à Tim Evanicki, un des compositeurs mais aussi directeur musical de la version jouée récemment en Floride, et qui nous fera l’honneur de sa présence au Vingtième Théâtre. C’est dans la même démarche artistique que je m’occupe actuellement de l’écriture de nouveaux arrangements vocaux pour la prochaine saison de Jonas, la comédie musicale, de Jocelyne et Etienne Tarneaud.