Ecrit par Peter Birro
avec Edda Magnason, Sverrir Gudnason, Kjell Bergqvist, Vera Vitali,…
Musique : Peter Nordah. La BO incluant divers standards de jazz « It could happen to you », « I can’t give you anything but love », ‘Hit the road, Jack », « Waltz for Debby »,…
sortie le 19 mars 2014
L’histoire vraie de Monica Zetterlund qui, enfant, n’hésitait pas à grimper sur la plus haute branche d’un arbre quitte à se casser la figure, contre l’avis de son père, bien plus prudent. La prudence ne fait pas partie de son vocabulaire. Dotée d’une belle voix, d’un physique avantageux, elle va tout faire pour abandonner son métier de téléphoniste dans sa petite ville de Hagfors et devenir une vedette internationale du jazz. Pour cela elle devra passer par diverses épreuves, à commencer par faire la paix avec elle-même.
Notre avis : Ce film glamour possède de nombreux atouts. D’un point de vue musical il utilise nombre de standards de jazz fort bien interprétés, il fait revivre les années 60 avec tout ce que cela comporte et surtout il dresse le portrait d’une artiste quasi inconnue en France, mais gloire en Suède. Une femme complexe, ambitieuse qui parviendra malgré tous les obstacles à s’imposer. Et Edda Magnason, dont c’est le premier rôle, l’incarne avec une conviction épatante. En outre l’actrice est avant tout musicienne, c’est donc elle qui interprète, et avec quelle maestria, les différents titres. La surprise consistant à entendre plusieurs standards… en suédois, puisque, après une première escapade éprouvante à New York où Monica est d’une part confrontée à la ségrégation raciale et d’autre part face à une Ella Fitzgerald cinglante, la jeune chanteuse décide, pour mieux les ressentir, d’interpréter les airs connus dans sa langue maternelle. Un autre atout de ce film est de dresser le portrait d’une femme complexe, séduisante, ambitieuse, qui se cogne un peu partout avant de, finalement, parvenir à ses fins. Les rapports qu’elle entretient avec sa fille, qu’elle a eue très jeune, résument bien cette difficulté à vivre, qui s’explique en partie par l’attitude froide de son père, qui a toujours dénigré sa fille unique. Musicien amateur, il a tout abandonné là où sa fille va de l’avant, quitte à en payer le prix fort. Certes le scénario passe par certains passages obligés qui rendent certains aspects de l’intrigue prévisibles telle l’histoire d’amour contrariée, mais l’auteur sait éviter plusieurs écueils, rejoint en cela par une mise en scène où l’on filme en plan serré, caméra à l’épaule, comme pour traduire le déséquilibre de cette jeune chanteuse. En outre le film contient de nombreux moments tendres, émouvants, comme cette séquence à New York durant laquelle la chanteuse vit un rêve : interpréter le titre phare de Bill Evans, « Waltz for Debbie » rebaptisé en son honneur « Valse pour Monica » accompagné par le pianiste lui-même, devant un parterre de stars. Sans sombrer dans un côté tire larme poussif, le réalisateur parvient facilement à faire naître une belle émotion. Un film pour découvrir cette femme étonnante, qui n’hésita pas à jouer dans plusieurs comédies musicales en Suède, doublé d’un beau portrait, sensible et respectueux.