Accueil Grandes oeuvres Un violon sur le toit — Pogrom au programme

Un violon sur le toit — Pogrom au programme

0
Un violon sur le toit ©DR
Un vio­lon sur le toit ©DR

Musique : Jer­ry Bock
Lyrics : Shel­don Harnick
Livret : Joseph Stein, basé sur des nou­velles de Sholem Ale­ichem (alias Salomon Rabi­novich) et plus par­ti­c­ulière­ment Tevye et ses filles

Créa­tion
A Broad­way le 22 sep­tem­bre 1964 à l’Im­pe­r­i­al The­ater, à l’af­fiche pour 3242 représentations.
A Lon­dres le 16 févri­er 1967 au Her Majesty’s The­ater, à l’af­fiche pour 2030 représentations.

Pro­duit par Harold Prince
Mise en scène et choré­gra­phie : Jerome Robbins
Avec : Zero Mos­tel, Maria Karnilo­va, Beat­rice Arthur, Julia Migenes, Joan­na Mer­lin, Austin Pendleton

Les prin­ci­pales chansons 
Tra­di­tion — Match­mak­er — If I Were a Rich Man — Sab­bath Prayer — To Life — Tevye’s Dream — Mir­a­cle of Mir­a­cles — Sun­rise, Sun­set — Do You Love Me ? — Far From the Home I Love — Chavale — Anatevka

Syn­op­sis
Au début du XXe siè­cle, dans le quarti­er juif d’une petite ville de Russie, Tévye est un mod­este laiti­er dont les trois préoc­cu­pa­tions majeures sont car­ac­téris­tiques de l’u­nivers fer­mé dans lequel il vit : assur­er la sub­sis­tance de sa joyeuse famille, assur­er sa descen­dance en cher­chant de bons maris à ses cinq filles capricieuses, et ras­sur­er Dieu quant aux lib­ertés qu’il prend vis à vis des tra­di­tions et de la religion…

Une mul­ti­tude de per­son­nages pit­toresques — la marieuse, le rab­bin, le bouch­er, le tailleur, le bolchevique, le brigadier, et tout le reste du vil­lage — vont inter­venir dans sa prob­lé­ma­tique au cours de saynètes savoureuses toutes empreintes de cet humour juif qui car­ac­térise un peu­ple en proie aux brimades per­ma­nentes… Car tout serait pour le mieux dans le meilleur des shtetl s’il n’y avait le tsar cru­el, les Russ­es vio­lents et bien imbibés pour oubli­er la répres­sion tsariste, les pogroms gra­tu­its et meur­tri­ers, et pour finir, un jour, le grand départ vers l’in­con­nu pour fuir l’op­pres­sion séculaire…

Le thème
La charge émo­tion­nelle du Vio­lon sur le toit est très forte : le suc­cès et la notoriété de cette oeu­vre en sont prob­a­ble­ment la con­séquence. Si le spec­ta­cle, dirigé par Jerome Rob­bins avec un soin esthé­tique tout par­ti­c­uli­er, est dans la grande tra­di­tion des comédies musi­cales de Broad­way, il s’avère être, même à l’épreuve du temps, bien plus riche qu’un sim­ple folk­lore exhibé. L’au­teur des nou­velles dont le est une adap­ta­tion très réussie, Sholem Ale­ichem, était au début du siè­cle un écrivain en langue yid­dish très fer­tile et très con­nu jusqu’en… Chine ! A tra­vers les per­son­nages et les évène­ments de ses écrits, c’est toute la fureur du XXe siè­cle nais­sant qui transparaît déjà au-delà des préoc­cu­pa­tions famil­iales des divers pro­tag­o­nistes : l’op­pres­sion d’un peu­ple, la nais­sance du bolchevisme et du sion­isme, le frémisse­ment mon­di­al qui allait men­er à la Grande Guerre, l’am­biguïté vis à vis de la reli­gion, la perte des valeurs tra­di­tion­nelles mis­es en place par un XIXe siè­cle très moral, l’é­man­ci­pa­tion de la femme, la moder­nité séduisante, etc. Tous ces courants ont été mer­veilleuse­ment et très sub­tile­ment dévelop­pés dans l’adap­ta­tion de Joseph Stein qui con­stitue un témoignage excep­tion­nel de cette époque-là. Le livret se per­met même une lib­erté de ton qui serait prob­a­ble­ment con­sid­érée aujour­d’hui comme sub­ver­sive dans cer­tains milieux…

L’his­toire der­rière l’histoire 
En ce début des années 1960, la fin de la sec­onde guerre mon­di­ale était encore toute proche, et le jeune Etat d’Is­raël se trou­vait déjà con­fron­té à bien des prob­lèmes. Le monde entier, dou­ble­ment sen­si­bil­isé aux vicis­si­tudes du peu­ple juif, fit donc un accueil par­ti­c­ulière­ment tri­om­phal à ce spec­ta­cle à la fois grave et joyeux. Le suc­cès ne se démen­tit pas tout au long des années 1960 et l’oeu­vre ren­con­tra un écho sim­i­laire lorsque le film sor­tit en 1971. Le spec­ta­cle fut le chant du cygne de Jerome Rob­bins à Broad­way ; il se con­sacra ensuite exclu­sive­ment au bal­let. L’u­nivers de la danse se prê­tait sans doute mieux à sa tyran­nie que celui du théâtre, même musi­cal. Une anec­dote amu­sante — et dra­ma­tique — inter­v­enue lors des répéti­tions du Vio­lon sur le toit le con­cerne : les acteurs le détes­taient telle­ment qu’un jour, alors qu’ils se pre­naient sur scène de sa part une volée de bois vert, il ne s’en trou­va aucun pour l’aver­tir que, tout occupé à hurler en rec­u­lant, la fos­se d’orchestre n’é­tait plus si loin que ça… Leurs espoirs furent récom­pen­sés et la ter­ri­ble chute fail­lit anéan­tir à jamais le spectacle !

Ver­sions de référence 
Un Vio­lon sur le toit a été adap­té dans de nom­breuses langues avec tou­jours le même suc­cès. Ivan Rebroff y a tri­om­phé en France pen­dant plusieurs années dans une adap­ta­tion médiocre qui mérit­erait aujour­d’hui d’être réécrite si une reprise était envisagée*.

Si la ver­sion ciné­matographique suit de très près le livret orig­i­nal de la pièce, le traite­ment en fut rad­i­cale­ment dif­férent. En effet, con­traire­ment à Jérôme Rob­bins qui en avait fait un spec­ta­cle col­oré, mou­ve­men­té et très styl­isé par une scéno­gra­phie inspirée de l’u­nivers peint par Cha­gall, le réal­isa­teur Nor­man Jew­i­son recon­sti­tua de façon très réal­iste l’en­vi­ron­nement plutôt triste et austère qui était celui des mod­estes com­mu­nautés juives dans les vil­lages russ­es de l’époque. Le rôle prin­ci­pal du laiti­er fut con­fié, con­tre toute attente, au créa­teur du rôle à Tel-Aviv et à Lon­dres, Chaïm Topol, et non à Zero Mos­tel qui l’avait créé à Broadway.

Pro­duc­tion orig­i­nale de Broad­way sur disque RCA Vic­tor LOC/LSO 1093 (1964)

Pro­duc­tion israëli­enne en hébreu sur disque Colum­bia OL 6490 (1965)

Pro­duc­tion israëli­enne en yid­dish sur disque Colum­bia OL 6650/OS (1966)

Ver­sion ciné­matographique sur disque EMI CDP 7 46091 2, et bien sûr disponible en vidéo et DVD (1971)

La ver­sion française (33T) n’a pas été com­mer­cial­isée en CD

* Marc Afla­lo a lui-même mis en scène Un vio­lon sur le toit il y a 5 ans dans un cadre associatif.