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Un violon sur le toit — Dans les coulisses des répétitions

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Jeanne Deschaux, Serge Tapierman et Olivier Benezech © Mathias Bord
Jeanne Deschaux, Serge Tapier­man et Olivi­er Benezech © Math­ias Bord
Dix-sept heures, le ciel est gris devant la Comé­dia en cette fin de mois d’Août. Les let­tres rouges annonçant Un vio­lon sur le toit bril­lent déjà sur la façade du théâtre. À l’in­térieur, l’am­biance est chaleureuse. Vin­cent Heden et San­drine Seu­bille répè­tent la mise en scène de la chan­son « Mir­a­cles des mir­a­cles ». Ils mar­quent leurs déplace­ments, en cherchent d’autres, pro­posent des idées aux deux met­teurs en scène Olivi­er Bénézech et Jeanne Deschaux. Finale­ment Vin­cent pro­pose une chute inat­ten­due sous les jupes de sa fiancée. « For­mi­da­ble » lance Olivi­er Bénézech. Aucun doute, la con­fi­ance règne, le tra­vail avance dans un esprit sere­in et s’opère sous forme d’échange.

Au vu de ces répéti­tions, ce spec­ta­cle réu­nit tous les ingré­di­ents d’une vraie comédie musi­cale, à savoir une pièce de théâtre excellem­ment écrite ornée d’une belle par­ti­tion, et jouée par une équipe de comé­di­ens-chanteurs prometteuse.

« Les comé­di­ens con­nais­sent bien l’oeu­vre pour l’avoir pro­fondé­ment étudiée. Notre méth­ode con­siste à con­fron­ter notre ressen­ti avec le leur. Nous n’im­posons rien au con­traire, en dis­cu­tant avec eux on s’aperçoit que nous avons la même per­cep­tion du spec­ta­cle et je dois dire que c’est très agréable de tra­vailler avec une telle adéqua­tion » con­fie Olivi­er Bénézech.

« Pour l’in­stant, nous ne ren­con­trons pas de dif­fi­cultés majeures car l’oeu­vre est très bien écrite » ajoute Jeanne Deschaux. « Nous avons d’abord mis en place toutes les séquences musi­cales et nous attaquons main­tenant la mise en scène. Chaque comé­di­en a, en amont, réal­isé une approche psy­chologique de son per­son­nage. » con­clut Jeanne Deschaux.

Quant à Serge Tapier­man, ce qui a surtout retenu l’at­ten­tion du pro­duc­teur est l’é­ton­nante actu­al­ité du pro­pos. « Le sujet est sim­ple : dans un vil­lage de la Russie tsariste du début du 20ème siè­cle, un père de famille pau­vre, laiti­er, et juif pieux, cherche à mari­er ses filles. Celles-ci fer­ont leur pro­pre chemin à l’en­con­tre de toutes les règles de la tra­di­tion. Mais les cir­con­stances poli­tiques leur fer­ont à tous fuir les mas­sacres et le vil­lage. Dans cet énon­cé, les trois thèmes fon­da­men­taux transparais­sent : l’é­man­ci­pa­tion de la femme, l’op­pres­sion d’un peu­ple par un état, et l’ex­il, for­cé ou volon­taire. Trois thèmes qui n’ont rien per­du, d’une part de leur triste actu­al­ité, d’autre part de leur fac­ulté à émou­voir un pub­lic. » racon­te Serge Tapierman.

Retour sur scène où Vin­cent Heden, qui inter­prète le tailleur, s’a­muse à trou­ver les mim­iques de son per­son­nage… «J’ai d’abord cher­ché ce que j’aimais chez mon per­son­nage et ce qui m’a touché c’est qu’il est un enfant qui devient un homme. Il a un côté très atten­dris­sant. J’aime sa prise de risque et de con­science. Il a un côté juvénile qui me ressem­ble et qui m’a per­mis d’abor­der le per­son­nage en trou­vant les pre­mières clés. » explique-t-il. San­drine Seu­bille, qui inter­prète Tzei­t­el, la fille aînée du laiti­er, est allé puis­er dans ses racines bre­tonnes pour nour­rir son per­son­nage. « J’avais com­mencé par regarder le film, mais j’ai vite arrêté pour ne pas être influ­encée. J’es­saye de faire de Tzei­t­el une fille authen­tique, ter­ri­enne, brute, pas for­cé­ment belle, légère et roman­tique. » raconte-t-elle.

Pour le texte, Stéphane Laporte est resté volon­taire­ment très proche de l’o­rig­i­nal en lui con­férant un ton mod­erne et actuel. Il inter­vient régulière­ment lors des répéti­tions pour faire quelques ajuste­ments en accord avec les comé­di­ens. « Écrire face à son ordi­na­teur est for­cé­ment moins con­cret que d’en­ten­dre les mots dans la bouche des comé­di­ens. Ces derniers me font sou­vent des propo­si­tions d’amé­nage­ments du texte que j’adopte volontiers. »

Et c’est sur les notes de l’air du « Shab­bath » que nous nous éclip­sons, lais­sant Pierre-Yves Duch­esne, directeur musi­cal et la troupe main­tenant au com­plet, par­faire leurs harmonies…