Au vu de ces répétitions, ce spectacle réunit tous les ingrédients d’une vraie comédie musicale, à savoir une pièce de théâtre excellemment écrite ornée d’une belle partition, et jouée par une équipe de comédiens-chanteurs prometteuse.
« Les comédiens connaissent bien l’oeuvre pour l’avoir profondément étudiée. Notre méthode consiste à confronter notre ressenti avec le leur. Nous n’imposons rien au contraire, en discutant avec eux on s’aperçoit que nous avons la même perception du spectacle et je dois dire que c’est très agréable de travailler avec une telle adéquation » confie Olivier Bénézech.
« Pour l’instant, nous ne rencontrons pas de difficultés majeures car l’oeuvre est très bien écrite » ajoute Jeanne Deschaux. « Nous avons d’abord mis en place toutes les séquences musicales et nous attaquons maintenant la mise en scène. Chaque comédien a, en amont, réalisé une approche psychologique de son personnage. » conclut Jeanne Deschaux.
Quant à Serge Tapierman, ce qui a surtout retenu l’attention du producteur est l’étonnante actualité du propos. « Le sujet est simple : dans un village de la Russie tsariste du début du 20ème siècle, un père de famille pauvre, laitier, et juif pieux, cherche à marier ses filles. Celles-ci feront leur propre chemin à l’encontre de toutes les règles de la tradition. Mais les circonstances politiques leur feront à tous fuir les massacres et le village. Dans cet énoncé, les trois thèmes fondamentaux transparaissent : l’émancipation de la femme, l’oppression d’un peuple par un état, et l’exil, forcé ou volontaire. Trois thèmes qui n’ont rien perdu, d’une part de leur triste actualité, d’autre part de leur faculté à émouvoir un public. » raconte Serge Tapierman.
Retour sur scène où Vincent Heden, qui interprète le tailleur, s’amuse à trouver les mimiques de son personnage… «J’ai d’abord cherché ce que j’aimais chez mon personnage et ce qui m’a touché c’est qu’il est un enfant qui devient un homme. Il a un côté très attendrissant. J’aime sa prise de risque et de conscience. Il a un côté juvénile qui me ressemble et qui m’a permis d’aborder le personnage en trouvant les premières clés. » explique-t-il. Sandrine Seubille, qui interprète Tzeitel, la fille aînée du laitier, est allé puiser dans ses racines bretonnes pour nourrir son personnage. « J’avais commencé par regarder le film, mais j’ai vite arrêté pour ne pas être influencée. J’essaye de faire de Tzeitel une fille authentique, terrienne, brute, pas forcément belle, légère et romantique. » raconte-t-elle.
Pour le texte, Stéphane Laporte est resté volontairement très proche de l’original en lui conférant un ton moderne et actuel. Il intervient régulièrement lors des répétitions pour faire quelques ajustements en accord avec les comédiens. « Écrire face à son ordinateur est forcément moins concret que d’entendre les mots dans la bouche des comédiens. Ces derniers me font souvent des propositions d’aménagements du texte que j’adopte volontiers. »
Et c’est sur les notes de l’air du « Shabbath » que nous nous éclipsons, laissant Pierre-Yves Duchesne, directeur musical et la troupe maintenant au complet, parfaire leurs harmonies…