Un Été 44: le débarquement musical que l’on n’attendait pas….

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Présentation d'Un été 44 le 14 juin, au Comédia. (c) Regard en Coulisse
Présen­ta­tion d’Un été 44 le 14 juin, au Comé­dia. © Regard en Coulisse

« Je pense que nous sommes peut-être les plus pau­vres des douze spec­ta­cles de la ren­trée ! » S’il est lucide, et en rigole lui-même, Valéry Zeitoun n’en est pas moins peu fier. Et il peut l’être. Dans quelques mois, le spec­ta­cle qu’il pro­duit, align­era à son générique, par­mi les plus pres­tigieux auteurs-com­pos­i­teurs de la var­iété française. Gold­man, Aznavour, Cham­fort, Le Foresti­er, ou encore Yves Duteil ont en effet signé quelques-unes des vingt-qua­tre chan­sons d’Un été 44, un spec­ta­cle musi­cal inédit don­né à par­tir du 4 novem­bre prochain au Comédia.
Imag­inée par Syl­vain Lebel, et dirigée musi­cale­ment par Erick Ben­zi (arrangeur des plus grandes stars français­es), cette évo­ca­tion de grande enver­gure, qui tranche avec les comédies tra­di­tion­nelles, fera se crois­er six jeunes anonymes civils et mil­i­taires, vivant leurs his­toires au cœur de l’Histoire. « Bien au-delà du débar­que­ment, c’est toute l’aventure de la bataille de Nor­mandie que nous avons voulu évo­quer » pré­cise Valéry Zeitoun, « ces trois mois qui ont fait bas­culer le monde vers la lib­erté et la démoc­ra­tie ». « Nous avons tous dans nos familles, un témoin de cette péri­ode, peut-être même l’un de ses acteurs » pour­suit-il, « c’est à eux que nous voulons ren­dre hom­mage, en offrant un éclairage sur tous ces anonymes. »
Cet éclairage puis­sant pour­rait bien vol­er la vedette aux gross­es pro­duc­tions de la ren­trée, à en croire les extraits présen­tés mar­di 14 juin à Paris. Car avec de telles plumes, inutile de dire que la qual­ité des textes est bien là. Les thèmes sont mul­ti­ples — oscil­lant entre évo­ca­tion d’épisodes réels, por­traits drôles ou ten­dres, et refrains allé­goriques -, les paroles ont un sens, les mots sont forts, et les textes tra­vail­lés. Au-delà, les faiseurs de tubes n’ont pas pour autant sac­ri­fié à la sim­plic­ité et les musiques offrent un peu de nou­veauté dans le paysage du théâtre musi­cal. Pas de ritour­nelle siru­peuse ou de tubes arti­fi­ciels, mais une alter­nance de chan­sons pop et ryth­mées, de bal­lades mélan­col­iques et de swing entrainant façon « Andrews Sis­ters ». Sur scène, l’accordéon rap­pelle la France en noir et blanc, le piano fait défil­er les « Rocham­belles », un cho­rus de gui­tare et de sonorités écos­sais­es réveil­lent le com­man­do Kief­fer et sur une ambiance jazzy, voilà que les jeunes français­es « appren­nent l’amour en anglais ».

Les six chanteurs et qua­tre musi­ciens qui entreront dans la peau des per­son­nages de l’époque, sont quant à eux, totale­ment incon­nus du grand pub­lic. L’interprétation qu’ils ont livrée mar­di 14 juin fut d’une impres­sion­nante qual­ité. Toute en sim­plic­ité, sans sur­jeu, sans exagéra­tion vocale, Philippe Kri­er, Nico­las Lau­rent, Tomis­lav Matosin, Bar­bara Pravi, Sarah-Lane Roberts et Alice Rau­coules ont, à juste titre, impres­sion­né la salle, par la justesse et la pudeur de leur presta­tion. Cam­pant une jeune coif­feuse de Caen, un ado­les­cent nor­mand rêvant d’être un héros, un sol­dat écos­sais débar­quant sur la plage, ou un tra­duc­teur de la Wehrma­cht enrôlé mal­gré lui… ils chantent leur des­tin, leur quo­ti­di­en, leur soif de lib­erté, leur vie au milieu de « cette guerre qui les a fait grandir trop vite ».
Les titres sont poignants, ne tombant jamais dans le pathos et la facil­ité pour aller chercher l’émotion. Par­ti­c­ulière­ment les deux chan­sons qui con­cluront ce futur spec­ta­cle. « Seule­ment con­nu de Dieu » (signée Lemesle-Aznavour) et « Ne m’oublie pas » que Gold­man a écrite et com­posée en quelques jours. Chan­tée par toute cette nou­velle troupe — dont se déga­gent une indé­ni­able sincérité et une authen­tic­ité artis­tique -, elle a achevé de con­va­in­cre qu’Un Eté 44, ne sera pas un spec­ta­cle comme les autres.
Sans danseur, sans effets spé­ci­aux, sans débauche de moyens super­fi­ciels, il se veut plutôt une suc­ces­sion de tableaux, un « road movie », depuis le 6 juin 1944, et le début du débarque­ment, jusqu’au 26 août, et la libé­ra­tion de Paris. Éclairé par Jacques Rou­vey­rol­lis, le maître en la matière, il sera mis en scène par Antho­ny Souchet (scéno­graphe des Vieilles canailles et con­seiller artis­tique de Mylène Farmer depuis dix ans).

« Une his­toire, leurs 20 ans, notre lib­erté »… Au-delà de tous ces échos avec l’actualité, Un été 44 mérit­era, à coup sûr, le déplacement.

Un été 44, 
Au Comé­dia (puis en tournée dans toute la France)
A par­tir du 4 novem­bre 2016
Réser­va­tions d’ores et déjà ouvertes.

Retrou­vez quelques pho­tos du Show­case, le 14 juin 2016, au Comédia.

Décou­vrez la bande annonce du spectacle:

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qstmbuPtZkE[/youtube]