Tristan Michel, un pianiste « dilettante »

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Tristan Michel (c) Stéphane Ly-Cuong
Tris­tan Michel © Stéphane Ly-Cuong

Le mot dilet­tante vous convient-il ?
Avec cette déf­i­ni­tion oui, tout à fait. Il est vrai que je ne suis pas pianiste pro­fes­sion­nel, je tra­vaille en fait à la SNCF ! Mais le piano, je le pra­tique depuis l’enfance, cet instru­ment me pas­sionne et je suis ravi de pou­voir con­cili­er ma vie pro­fes­sion­nelle et ma vie « artistique ».

Com­ment êtes-vous arrivé à accom­pa­g­n­er Vanes­sa Hidden ?
Comme sou­vent, le hasard a son rôle. Un matin, je sors de chez moi pour aller acheter un crois­sant. Pour me ren­dre à la boulan­gerie, je passe devant l’ancien restau­rant du mari de Vanes­sa sur l’île St Louis, restau­rant dans lequel trô­nait un superbe piano. Je suis alors entré pour pro­pos­er de jouer gra­cieuse­ment des airs clas­siques à l’heure des repas. Vanes­sa et son mari m’ont tout d’abord pris pour un doux dingue et finale­ment, ils ont accep­té. J’avais tou­jours eu le souhait de me tester en « piano bar » mais je ne maîtrise pas bien le réper­toire jazz et var­iété, je dévelop­pais un léger com­plexe à ce sujet. L’ambiance du restau­rant se prê­tait par­faite­ment à la musique clas­sique. L’essai fut con­clu­ant et, de fil en aigu­ille, Vanes­sa m’a fait décou­vrir le réper­toire de chan­sons français­es qu’elle affec­tionne tant et que vous pou­vez enten­dre dans C’est tou­jours ça de pris. L’histoire pou­vait com­mencer ! De fil en aigu­ille, j’ai ren­con­tré Stéphane Ly-Cuong, notre met­teur en scène, le spec­ta­cle s’est don­né dans un petit théâtre de l’île St Louis et actuelle­ment à Montmartre.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cet instrument ?
J’ai choisi le piano car nous avions cet instru­ment à la mai­son, mes sœurs en jouaient, ça m’a plu : le réper­toire est infi­ni, de quoi s’occuper une vie entière. On peut faire beau­coup de choses tout seul. Esthé­tique­ment, j’aime l’instrument, j’aime le son mais je ne suis pas fer­mé sur le piano ! Si j’avais du temps je me met­trais au vio­lon­celle. Et j’ai vite aimé jouer avec d’autres.

Juste­ment : jouer avec d’autres, accom­pa­g­n­er une chanteuse : qu’est-ce que cela vous apporte ?
J’avais appris la musique de cham­bre en accom­pa­g­nant une amie, j’avais cette petite expéri­ence. En tra­vail­lant de manière répétée avec Vanes­sa, c’est la res­pi­ra­tion qui prime. Musi­cale­ment, nous sommes sur la même longueur d’onde, nous sommes donc très effi­caces, on se com­prend bien. Notre écoute réciproque fonc­tionne bien. J’ai plus d’écoute qu’avant sur les attaques, les res­pi­ra­tions. C’est agréable de con­stater que l’on n’interprète jamais tout à fait pareil chaque chan­son, même si on reste très pro : libres et con­traints. Ca me va bien et fait par­faite­ment le lien avec ma for­ma­tion d’origine et ce répertoire.

Con­naissiez-vous ce répertoire ?
Très mal. Je m’y suis vite intéressé. Cer­taines chan­sons sont peu con­nues ou n’ont jamais été enreg­istrées , la seule par­ti­tion est la ligne de chant, donc me suis amusé à arranger quelques chan­sons en inven­tant l’accompagnement. C’est rigo­lo à faire et plaisant de jouer ses pro­pres arrange­ments, comme pour « Je suis obsédée », « La chan­son moyenâgeuse », « J’aime ça ».

Quel avan­tage prin­ci­pal trou­vez-vous dans votre sit­u­a­tion professionnelle ?
Je suis cheminot…  Mon poste actuel est dif­fi­cile à décrire : chef de pro­jet sur la ges­tion du parc TGV. Avant j’étais chef de gare de la Gare du Nord ban­lieue ce qui m’a valu de faire d’heureuses ren­con­tres et quelques émo­tions puisque ce sont des endroits pas­sion­nants, chaleureux et par­fois très mou­ve­men­tés. Dif­fi­culté l’année dernière d’enchaîner les événe­ments en gare et le spec­ta­cle ! Comme dans tous les boulots, il y a des choses intéres­santes mais par­fois pénibles, le fait d’avoir le spec­ta­cle m’équilibre. Le tra­vail sur la con­cen­tra­tion me sert égale­ment dans le tra­vail, ça m’aide en tout cas. L’équilibre reste un peu frag­ile mais pas­sion­nant. Je me sur­prends par­fois à pian­ot­er dis­crète­ment sur les tables de réunion !

Tous les mer­cre­dis à 20 h 30, à l’Ate­lier Théâtre de Mont­martre, 7 rue Cous­tou, 75018 Paris,  M° Blanche.
Réser­va­tions : 01 46 06 53 20