Le mot dilettante vous convient-il ?
Avec cette définition oui, tout à fait. Il est vrai que je ne suis pas pianiste professionnel, je travaille en fait à la SNCF ! Mais le piano, je le pratique depuis l’enfance, cet instrument me passionne et je suis ravi de pouvoir concilier ma vie professionnelle et ma vie « artistique ».
Comment êtes-vous arrivé à accompagner Vanessa Hidden ?
Comme souvent, le hasard a son rôle. Un matin, je sors de chez moi pour aller acheter un croissant. Pour me rendre à la boulangerie, je passe devant l’ancien restaurant du mari de Vanessa sur l’île St Louis, restaurant dans lequel trônait un superbe piano. Je suis alors entré pour proposer de jouer gracieusement des airs classiques à l’heure des repas. Vanessa et son mari m’ont tout d’abord pris pour un doux dingue et finalement, ils ont accepté. J’avais toujours eu le souhait de me tester en « piano bar » mais je ne maîtrise pas bien le répertoire jazz et variété, je développais un léger complexe à ce sujet. L’ambiance du restaurant se prêtait parfaitement à la musique classique. L’essai fut concluant et, de fil en aiguille, Vanessa m’a fait découvrir le répertoire de chansons françaises qu’elle affectionne tant et que vous pouvez entendre dans C’est toujours ça de pris. L’histoire pouvait commencer ! De fil en aiguille, j’ai rencontré Stéphane Ly-Cuong, notre metteur en scène, le spectacle s’est donné dans un petit théâtre de l’île St Louis et actuellement à Montmartre.
Qu’est-ce qui vous plaît dans cet instrument ?
J’ai choisi le piano car nous avions cet instrument à la maison, mes sœurs en jouaient, ça m’a plu : le répertoire est infini, de quoi s’occuper une vie entière. On peut faire beaucoup de choses tout seul. Esthétiquement, j’aime l’instrument, j’aime le son mais je ne suis pas fermé sur le piano ! Si j’avais du temps je me mettrais au violoncelle. Et j’ai vite aimé jouer avec d’autres.
Justement : jouer avec d’autres, accompagner une chanteuse : qu’est-ce que cela vous apporte ?
J’avais appris la musique de chambre en accompagnant une amie, j’avais cette petite expérience. En travaillant de manière répétée avec Vanessa, c’est la respiration qui prime. Musicalement, nous sommes sur la même longueur d’onde, nous sommes donc très efficaces, on se comprend bien. Notre écoute réciproque fonctionne bien. J’ai plus d’écoute qu’avant sur les attaques, les respirations. C’est agréable de constater que l’on n’interprète jamais tout à fait pareil chaque chanson, même si on reste très pro : libres et contraints. Ca me va bien et fait parfaitement le lien avec ma formation d’origine et ce répertoire.
Connaissiez-vous ce répertoire ?
Très mal. Je m’y suis vite intéressé. Certaines chansons sont peu connues ou n’ont jamais été enregistrées , la seule partition est la ligne de chant, donc me suis amusé à arranger quelques chansons en inventant l’accompagnement. C’est rigolo à faire et plaisant de jouer ses propres arrangements, comme pour « Je suis obsédée », « La chanson moyenâgeuse », « J’aime ça ».
Quel avantage principal trouvez-vous dans votre situation professionnelle ?
Je suis cheminot… Mon poste actuel est difficile à décrire : chef de projet sur la gestion du parc TGV. Avant j’étais chef de gare de la Gare du Nord banlieue ce qui m’a valu de faire d’heureuses rencontres et quelques émotions puisque ce sont des endroits passionnants, chaleureux et parfois très mouvementés. Difficulté l’année dernière d’enchaîner les événements en gare et le spectacle ! Comme dans tous les boulots, il y a des choses intéressantes mais parfois pénibles, le fait d’avoir le spectacle m’équilibre. Le travail sur la concentration me sert également dans le travail, ça m’aide en tout cas. L’équilibre reste un peu fragile mais passionnant. Je me surprends parfois à pianoter discrètement sur les tables de réunion !
Tous les mercredis à 20 h 30, à l’Atelier Théâtre de Montmartre, 7 rue Coustou, 75018 Paris, M° Blanche.
Réservations : 01 46 06 53 20