D’après le roman « O.N.U. soit qui mal y pense » de Roberto Garcia Saez
Un spectacle musical écrit et mis en scène par Benoît Guibert
Avec : Kader Boukhanef, Olivier Dote-Doevi, Jérôme Dupleix, Verena Gros, Hugo Horsin en alternance avec Bastian Verdina, Julie Lavergne en alternance avec Mélissa Broutin
Création musicale : Hugo Horsin
Chorégraphie : Alain Parage
Décor : Bruno Vitti
Déchu d’une épopée contemporaine en Afrique sous la bannière de l’ONU, un diplomate humanitaire revit la gloire de son ascension et la chute douloureuse qui s’en est suivie. Tirée d’un « polar humanitaire » écrit par un ex-fonctionnaire de l’ONU, cette création musicale inspirée d’une histoire vraie dévoile avec humour les coulisses de l’organisation internationale tentaculaire. Accompagnés par un pianiste bonimenteur, six personnages créent un univers énigmatique et passionnant avec enthousiasme et bonne humeur.
— Notre avis:
Est-il un sujet moins drôle que l’ONU dont l’impuissance chronique fait craindre pour la paix et le respect d’un minimum d’humanité à travers le monde ? Transparence est une plongée dans l’univers impitoyable du « business » onusien mené par des fonctionnaires-mercenaires tentés par la realpolitik et faisant carrière sur un terreau de misère.
C’est dans ce contexte peu propice à la comédie musicale que prend forme une histoire finalement humaine. Le personnage principal, cadre à haut potentiel qui émarge un salaire à six chiffres non imposable, mène un projet de développement en Afrique en privilégiant son réseau de connaissances, certes avec la louable intention le faire avancer plus vite mais à la limite de la légalité. C’est le dilemme de tout dirigeant naviguant en eaux troubles entre transparence et efficacité. On ne comprend que progressivement les imbroglios de la technocratie humanitaire, mais la narration est prenante, agrémentée de bons mots et soutenue par une mise en scène ingénieuse pleine de clownerie. Pour finir, l’intrigue prend des airs de Catch Me If You Can, comme le suggère d’ailleurs le visuel sur l’affiche du spectacle.
Malgré la technicité du propos, le texte de Benoît Guibert est fluide et truffé de pépites. Les lyrics des quelques chansons réjouiront les adeptes du théâtre musical qui pourraient regretter que Transparence ne soit pas vraiment une comédie musicale. Mais les thèmes musicaux et les pas de claquettes (purement symboliques) sont répétitifs et modestement interprétés par une troupe d’acteurs nettement plus à l’aise dans le jeu que dans l’art multi-disciplinaire. Parmi ces derniers, Jérôme Dupleix et Julie Lavergne campent des seconds rôles attachants et effectuent un remarquable travail de « supporting actors » au sens littéral du terme.