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Tout fout l’camp… sauf Flannan Obé !

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Flan­nan Obé © Gré­go­ry Juppin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Flan­nan Obé, que s’est-il passé depuis Luci­enne et les Garçons en 2006 ?
L’année 2006 a été riche : nous avons reçu le prix de la Spe­di­dam aux Molières pour Luci­enne, puis nous avons enchaîné avec le Fes­ti­val d’Avignon. Peu de temps après la fin des représen­ta­tions prévues, j’ai décidé d’arrêter. Le spec­ta­cle fonc­tion­nait très bien mais ne me lais­sait pas le loisir de par­ticiper à d’autres pro­jets. C’est le moment où j’ai com­mencé à tra­vailler avec Les Brig­ands : Arsène Lupin ban­quier, La Cour du Roi Pétaud, puis Au temps des croisades. Puis il y a eu La Nuit d’Elliot Fall et L’Envers du décor qui ont été deux gros morceaux, ain­si que L’Île de Tuli­patan, l’opérette d’Offenbach, créée à l’Opéra de Rouen cette année et qui sera reprise pour les fêtes à Saint-Éti­enne, puis à Besançon et à Vevay (Suisse).

La tournée d’Elliot Fall se ter­mine (il reste une date en jan­vi­er 2012) et aucune reprise n’est prévue mais L’Envers du décor con­tin­ue son parcours…
Oui, en 2012, le spec­ta­cle fêtera les qua­tre ans de sa créa­tion. Il a été joué deux fois au Fes­ti­val d’Avignon. Et il y aura eu deux tournées ; la sec­onde a lieu en ce moment. Puis, une reprise aura lieu à Paris, au Théâtre Le Ranelagh (du 21 jan­vi­er au 17 mars 2012) ; c’est un lieu qui con­vient bien en ter­mes d’acoustique et de rap­port entre scène et salle. Nous en avons fait une présen­ta­tion l’an dernier et depuis, le spec­ta­cle n’a pas cessé d’évoluer. J’ai pris beau­coup de plaisir à en écrire les textes.

Après tous ces spec­ta­cles où vous partagez la scène avec d’autres, vous voici tout seul sur scène ! Vous fuyez l’ambiance de troupe ou vous cherchez à con­cré­tis­er un pro­jet plus personnel ?
J’adore être en troupe, c’est très agréable, donc non, je ne fuis per­son­ne ! Le 19 décem­bre, je serai seul à chanter et à pren­dre la parole, mais je serai accom­pa­g­né par un musi­cien, un vrai parte­naire qui con­stru­it le spec­ta­cle, tout comme le met­teur en scène. Il s’agit d’aller au bout d’une envie que j’avais depuis longtemps mais que je n’avais pas con­crétisée, car cela demande plus d’énergie de porter un pro­jet seul. Tout est par­ti d’une réflex­ion du pianiste (Yves Meier­hans, qui accom­pa­gne égale­ment L’Envers du décor) qui m’a demandé un jour : « Tu le fais quand, ton réc­i­tal ? ». Ce moment a été un déclic : j’ai com­mencé à écrire des choses qui me venaient, à choisir les mélodies que j’aime ; j’ai eu envie de faire quelque chose de per­son­nel qui soit éclec­tique, tel que je le suis dans mes goûts. Il y a égale­ment une démarche artis­tique qui m’importe en com­bi­nant du chant lyrique et des textes réal­istes, et même de la danse : j’adore la mélodie française, j’adore la chan­son et je ne vois pas pourquoi il devrait y avoir des bar­rières infran­chiss­ables entre les deux. Bien sûr, il faut œuvr­er avec déli­catesse, car il y a des styles à respecter, mais on peut se per­me­t­tre des lib­ertés si elles sont réfléchies. De me dire que les gens vien­nent pour me voir moi, j’en rêve et… en même temps, c’est une impres­sion étrange, c’est très dif­férent de celle qu’on ressent quand on est plusieurs en scène et qu’on veut tir­er son épin­gle du jeu. Le reg­istre aus­si est dif­férent de ce que j’ai pu faire ; ce n’est pas Luci­enne, ce n’est pas de l’opérette non plus.

Quel sera le répertoire ?
Il y a des mélodies de Poulenc, Hahn, Franck, Chaus­son, Rav­el, Saint-Saëns… des pièces clas­siques, donc, mais qui sont des cousines de la chan­son, car elles racon­tent une his­toire, même si c’est par­fois très court. Et il y a des chan­sons réal­istes, chan­tées par Damia (dont « Tout fout l’camp ! », qui donne son titre au spec­ta­cle, écrite en 1939 et éton­nante d’actualité !) mais aus­si jusqu’à des artistes plus récents, comme Jacques Brel. Et aus­si une chan­son com­posée par Yves Meier­hans sur un poème de Baude­laire. Et des surprises !

Y a‑t-il un fil con­duc­teur, un thème ? Tout fout l’camp !, c’est votre cri de révolte ?
C’est la vie qui passe ! Avec de l’ironie, de l’humour aus­si ! On sait bien quelle est notre fin, et c’est hor­ri­ble ! De ce con­stat, on peut en être triste ou s’en amuser. Il y a toutes sortes de fins pos­si­bles : la mort, la fin d’un amour, la volon­té de tuer quelqu’un, l’avoir fait, la guerre… Il y aura plein de couleurs dif­férentes avec des con­trastes, quelques allu­sions au music-hall aus­si. Et des textes par­lés que j’ai écrits. [NDLR : con­traire­ment à ce qui a été par­fois annon­cé, il n’y aura pas de textes de Céline, Ric­tus ou Maeter­linck]. Jean-Marc Hool­becq, le met­teur en scène, m’a poussé à avoir une démarche per­son­nelle, à par­ler de moi, ce qui n’empêche pas que ce soit avec pudeur ou humour, bien au con­traire. Je me suis donc sen­ti poussé à écrire, même si ce qu’on a envie de dire est sou­vent mieux écrit par d’autres… mais ce n’est pas soi. Dans le spec­ta­cle, mes textes vien­nent comme des ponc­tu­a­tions, sous des formes dif­férentes, de vrais petits moments à part.

Com­ment inter­vient la mise en scène dans ce récital ?
Jean-Marc Hool­becq, un choré­graphe que j’ai ren­con­tré en inté­grant la troupe des Brig­ands, est au départ danseur ; il est main­tenant pro­fesseur au con­ser­va­toire et, en par­ti­c­uli­er, pro­fesseur pour des acteurs. Il a donc l’habitude des acteurs et, comme et il est sou­vent assis­tant à la mise en scène, il est très atten­tif au texte. C’est sa trans­ver­sal­ité qui m’intéresse : le chant, le texte et le corps, tout à la fois ! C’est stres­sant de tout gér­er, mais ça aide aus­si. L’espace qu’offre la scène du Vingtième Théâtre (que je con­nais bien depuis Luci­enne), même si l’acoustique n’y est pas évi­dente (je chanterai sans micro), per­met une ampli­tude dans le mou­ve­ment choré­graphique. Jean-Marc fait égale­ment un gros tra­vail pour enlever des tics ou des pos­tures qui me sont dev­enues trop car­i­cat­u­rales ou atten­dues. Ça me fait pro­gress­er en tant qu’artiste.

Vous êtes égale­ment à l’affiche d’Elle était une fois ? Com­ment vous êtes-vous retrou­vé co-auteur du spec­ta­cle d’Anne Baquet ?
Le spec­ta­cle a été créé au Fes­ti­val d’Avignon en 2011. Je con­nais­sais Gérard Robert (mari et pro­duc­teur d’Anne Baquet) car on a joué Luci­enne au feu Théâtre du Renard, dont il était le directeur. Puis, on s’est revus à Avi­gnon et, entre-temps j’étais devenu fan d’Anne Baquet : elle chante de façon lyrique mais sim­ple­ment, et elle m’inspire beau­coup même si on fait des choses dif­férentes. Plus tard, il m’a dit qu’elle et lui cher­chaient des auteurs pour un nou­veau spec­ta­cle. Je lui ai fait par­venir des textes que j’avais déjà écrits et il en a demandé d’autres. Quelques temps après, il m’a pro­posé de co-écrire les textes et les paroles des chan­sons. Ce spec­ta­cle n’est pas un tour de chant, c’est une his­toire de bout en bout : on suit sa vie depuis sa nais­sance, on la voit grandir, on suit ses amours etc. On a donc co-écrit toute une trame et des paroles. J’ai adoré cette expéri­ence ! J’ai écrit sept chan­sons au total et j’ai la chance que deux d’entre elles aient été mis­es en musique par Juliette !

Hormis le spec­ta­cle vivant, quels sont vos projets ?
Je vais bien­tôt sign­er pour un rôle récur­rent dans une nou­velle série télé. Je vous en repar­lerai. Pour le moment, je me con­cen­tre pour Tout fout l’camp ! le 19 décembre.