
Lorsque nous arrivons au théâtre, c’est l’heure de la pause-déjeuner. A la cafétéria, nous retrouvons le cast francophone. C’est le cinquième jour des répétitions. Le rythme est très soutenu et la fatigue commence à se faire sentir sur les visages. Et pourtant, tous les artistes sont unanimes, ils sont très heureux et leurs premières impressions ne laissent aucun doute sur le plaisir qu’ils prennent à préparer ce spectacle et à travailler avec une telle équipe. S’ils viennent tous d’horizons différents, ils semblent déjà s’entendre à merveille. Pour la plupart, c’est la première fois qu’ils participent à une comédie musicale de cette envergure. Ils sont nombreux à nous confier qu’ils n’ont jamais travaillé dans une ambiance aussi bonne. Cette pause leur permet d’apprendre les textes (ils n’ont eu le livret et la partition qu’en arrivant à Anvers), ils se donnent la réplique, certains travaillent leur voix, d’autres répètent les chorégraphies déjà apprises. Atmosphère détendue, joyeuse mais studieuse !
Tintin cascadeur
Les répétitions reprennent dans la bonne humeur sans stress apparent, ce qui n’exclut pas rigueur et sérieux. Après avoir travaillé les choeurs de la première chanson du spectacle, l’ensemble met au point la chorégraphie du final du 1er acte sous la direction énergique de la charmante Brigitte, l’assistante du chorégraphe Martin Michel. Dans le même temps, les inséparables et très complices Vincent Heden (Tintin) et Frayne McCarthy (Haddock) se retrouvent sur la grande scène du théâtre pour s’entraîner avec certains éléments du décor. Les voici qui escaladent, pas très rassurés, un rocher. Vincent doit maintenant s’accrocher aux pattes d’un condor, voler suspendu à l’oiseau avant de sauter à terre sous le regard inquiet de Frayne. Mais le plus dur reste à venir avec la scène de la chute d’eau qui, pour ceux qui ont vu la comédie musicale, est un moment réellement spectaculaire. Tintin doit traverser toute la cascade sur une corde suspendue à plusieurs mètres du sol avant de chuter dans l’eau. Vincent surmonte sa peur et se lance avec succès. Après plusieurs essais réussis, il nous confie que c’est beaucoup plus impressionnant quand on y est que lorsqu’on voit la scène bien assis dans son fauteuil.
Une équipe performante et bien encadrée
Le soir, les artistes francophones assistent à l’une des dernières représentations de la version néerlandophone. Ils ne passent pas inaperçus : éclats de rire, applaudissements nourris, exclamations enthousiastes. Dès le début des saluts, ils se lèvent et acclament leurs camarades, en particulier la géniale Jacqueline Van Quaille (Bianca Castafiore) qui reprendra son rôle à Charleroi en alternance avec France Emond. On sent une vraie complicité entre le cast francophone « entrant » et le cast néerlandophone « sortant », même si les uns sont euphoriques et très impatients de commencer les représentations alors que les autres cachent difficilement leur nostalgie et leur tristesse à l’approche de la dernière.
Pour les artistes de la version française, il est certain que voir le spectacle plusieurs fois aide beaucoup à l’assimilation de la mise en scène et des chorégraphies. Ils prennent plus vite leurs marques. D’ailleurs, dès le lendemain matin, nous avons l’occasion de le vérifier avec la mise au point, en à peine plus de deux heures, de l’une des scènes les plus difficiles à régler : celle où l’ensemble et les Dupond/t évoluent dans le labyrinthe du professeur Tournesol. Toute l’équipe des créateurs est ravie que le travail avance si vite. Ils sont même assez épatés par le niveau et les performances du cast. Des créateurs qui s’impliquent à fond et qui font l’unanimité auprès des artistes. Dirk Brossé, le compositeur, accompagne lui-même au piano certaines répétitions de chants, et quand il s’agit des solistes, il est tout le temps là. Il donne des indications très précises toujours avec douceur. Quant à Frank Van Laecke, le metteur en scène, secondé par Werner, son assistant de choc, il ne manque pas une répétition et transmet son énergie et sa passion à toute la troupe.
Après une semaine à Anvers, tout le monde a pris la direction de Charleroi. Le temps de s’installer dans leurs appartements et les artistes reprennent les répétitions et découvrent la salle du Palais des Beaux-Arts, la seule scène en Wallonie pouvant accueillir en l’état l’imposante structure de Tintin et le Temple du Soleil. Les 36 tonnes de décors ont été démontés à Anvers pour être remontés à Charleroi en un temps record afin que les artistes puissent au plus vite répéter dans les décors. Il n’y a pas une minute à perdre car la vraie première représentation publique aura lieu le 22 mars, début d’une série d’avant-premières réservées aux sponsors, avant la grande première du 28 mars. Encore quelques jours, et cette sympathique et talentueuse troupe pourra enfin faire partager au public son plaisir de vivre une aussi belle aventure.