Thierry Picaut On Broadway

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Thierry Picaut
Thier­ry Picaut © Math­ias Bord

Quelle a été votre réac­tion en apprenant que la tournée de Fela! se con­clu­rait par Broadway ?
Un grand étonnement !
Durant la tournée améri­caine, nous devions jouer à New York au mois de jan­vi­er (pas à Broad­way, mais tout de même à New York). Mal­heureuse­ment, pour des raisons incon­nues, cela avait été annulé. Après dix mois de tournée à tra­vers les Etats-Unis, nous allions abor­der nos deux dernières semaines quand le pro­duc­teur nous a con­vo­qués et nous a annon­cé que, suite au suc­cès de Fela!, nous allions ter­min­er cette grande aven­ture à Broadway.
A cet instant, je ne peux expli­quer ce que j’ai ressen­ti. C’é­tait incroy­able, ce dont j’avais tou­jours rêvé allait se réalis­er, je n’osais y croire. Com­ment moi — « le petit gars du 77 » — j’al­lais fouler les planch­es de Broad­way ? Dès que j’ai pu repren­dre mes esprits, j’ai immé­di­ate­ment saisi mon télé­phone pour l’an­non­cer à mes proches et je me suis dit :  « rien n’est impossible ».

Quel était votre état d’e­sprit avant la première ?
Un grand soulage­ment ; le proces­sus pour arriv­er jusque-là n’a pas été évi­dent. Quelques jours avant la pre­mière, je n’é­tais tou­jours pas sûr d’être en mesure de le faire pour des raisons de Visa. Donc quand le jour de la pre­mière est enfin arrivé et que tout était réglé, j’ai enfin réal­isé ce que j’é­tais sur le point d’accomplir.
En arpen­tant les rues de New York en direc­tion du théâtre, en dépas­sant Time Square et ses lumières, je me dis­ais : « aujour­d’hui, je ne suis suis pas ici en tant que touriste, non ! Je vais au tra­vail ! ». La chan­son qui réson­nait dans ma tête était bien enten­du « On Broad­way ». A ma pre­mière entrée sur scène, j’ai été par­cou­ru de fris­sons, je me trou­vais face au pub­lic new-yorkais qui est exubérant, expan­sif, tout sim­ple­ment incroyable.

Vous avez donc foulé les planch­es de Broad­way. Quel effet cela procure ?
Je me dis que tout le tra­vail de ces dernières années n’a pas été vain. C’est une chance et une oppor­tu­nité incroy­able, mais je ne con­sid­ère pas pour autant avoir atteint le som­met de la mon­tagne. Il me reste tant à accom­plir et tant à appren­dre encore. Broad­way restera un moment inou­bli­able dans ma car­rière. Je sais égale­ment à quel point c’est fluc­tu­ant dans ce méti­er, donc je con­tin­ue de rêver et de me don­ner les moyens de réalis­er mes rêves.
J’e­spère sim­ple­ment que ce n’est qu’une page de ma vie et qu’il m’en reste beau­coup d’ autres toutes aus­si belles à écrire. Tra­vailler à l’é­tranger, notam­ment à Broad­way, m’a beau­coup appris. Je me sens plus fort, gran­di. Cette  expéri­ence a été très enrichissante même si ça n’a pas été évi­dent tous les jours.
Vous avez joué le spec­ta­cle à Lon­dres, en tournée et main­tenant à Broad­way. Avez-vous ressen­ti une dif­férence sur scène et dans la salle ?
Oui. Chaque pays, et chaque ville, pos­sède des codes dif­férents et mon­tre son ent­hou­si­asme de manière unique. Le pub­lic améri­cain est défini­tive­ment le plus démon­stratif. Les com­men­taires, les rires fusent dans la salle. Etant don­né que ce show appelle l’in­ter­ac­tion, c’est d’au­tant plus fort. En Angleterre, le pub­lic est un peu plus réservé, mais sait se dépar­tir de sa réserve pour s’impliquer dans le spec­ta­cle, comme lorsque dans le show nous deman­dons au pub­lic de se lever et de nous mon­tr­er leur déhanche­ment ; les Anglais ont été sur­prenants ! Ces dif­férences d’un pays à l’autre peu­vent sur­pren­dre mais très vite on com­prend qu’un pub­lic même silen­cieux peut tout autant appréci­er un spec­ta­cle, par­fois plus que le pub­lic extra sonore.
Après Mogador à Paris, le Nation­al The­atre à Lon­dres, le Hirschfeld The­atre à Broad­way, où aimeriez-vous jouer maintenant ?
Très bonne ques­tion ! Je ne sais pas encore mais j’y réfléchis. J’espère revenir aux Etats-Unis ten­ter de nou­veau ma chance, ou bien encore à Lon­dres. Mais ce qui m’attire vrai­ment en ce moment, c’est le cinéma.
Après Fela!, vous enchaînez avec Sis­ter Act à Paris. Pou­vez-vous nous dire un mot sur cette nou­velle aventure ?
Sis­ter Act s’an­nonce encore comme une for­mi­da­ble aven­ture. C’est un spec­ta­cle que j’adore, je l’ai vu plusieurs fois à Lon­dres : c’est épous­tou­flant, dynamique et très drôle. La musique est  dis­co et funky  à souhait. Je suis impa­tient de com­mencer. Le rôle d’Ed­die que j’in­ter­prèterai dans la ver­sion française est un nou­veau chal­lenge. Tout à fait dif­férent de tout ce que j’ai fait jusqu’à présent. Le cast français est très promet­teur (Kania Allard, Lola Cès, Aurélie Konaté, Méli­na Mar­i­ale, Yoni Amar, Léo­vanie Raud, Frank Vin­cent, Fab­rice De la Ville­hervé, Bar­ry  John­son et bien d’autres… un tour­bil­lon de tal­ents). Si vous avez aimé le film, vous allez ador­er la comédie musicale.
C’est avec une grande émo­tion que je retourne au Théâtre Mogador, Le Roi Lion a été une étape mar­quante de ma vie. C’est un peu comme revenir à la mai­son. Je vous y donne donc ren­dez-vous à par­tir du 20 sep­tem­bre 2012 !