
Thao Vilayvong, quel est votre parcours ?
Au départ, j’ai une formation de gymnaste. Généralement, les gymnastes se reconvertissent en profs de sport. Moi, j’ai découvert la danse au Studio Harmonic, à Paris. Je m’y suis mis à fond et j’ai commencé à prendre des cours 24 heures sur 24 ! Mon premier contrat était avec Redha. Il m’a engagé sur La vie parisienne à Bercy, mis en scène par Roger Louret, puis j’ai enchaîné avec Roméo et Juliette.
Et qu’avez-vous ressenti sur votre premier grand spectacle ?
La vie parisienne était mon premier grand spectacle. L’expérience était enrichissante, la scène immense, mais c’était trop court pour vraiment apprécier l’aventure. Roméo et Juliette m’a davantage marqué. J’ai eu plus de plaisir à faire partie de cette création. J’y suis resté un an et j’y ai vécu des choses très fortes : la scène, la tournée… Cela devenait plus intéressant à la fois en termes d’acrobaties et de danse. C’est là que j’ai été repéré par d’autres chorégraphes.
Vous êtes ensuite allé à Londres.
J’étais dans la toute dernière version de Starmania au Casino de Paris. A ce moment-là, Luc Plamondon avait besoin de deux acrobates pour la version londonienne de Notre Dame de Paris. Apparemment, ils n’en trouvaient pas. Ils m’ont donc sorti de Starmania pour venir à Londres où j’ai découvert la comédie musicale. A Paris, on ne mélange pas : tu es acrobate ou danseur, et le chanteur est à part. Ici, je me sens plus imprégné, plus intégré. On a tous les jours nos échauffements physiques puis vocaux, tous ensemble. C’est du training. J’avais déjà la danse et l’acro. Ici, on m’a appris à chanter.
Comment êtes-vous arrivé sur Miss Saigon ?
J’ai auditionné pour Miss Saigon en décembre 2013. Ils avaient déjà tout le monde mais comme pour Notre Dame, il manquait un acrobate, danseur et chanteur, et asiatique en plus. L’acrobatie m’a sauvé dans pas mal de castings !
Vous connaissiez déjà Miss Saigon avant ?
J’en avais entendu parler mais je ne l’avais jamais vu. En 2003, j’ai eu le choix entre auditionner pour la tournée de Miss Saigon ou pour Cats. Et j’ai préféré Cats car c’était connu pour ses chorégraphies et ses acrobaties. Dix ans plus tard, c’est l’inverse, je suis sur Miss Saigon et Cats revient !
Et votre ressenti sur Miss Saigon ?
Je boucle la boucle avec ce spectacle. C’est un peu l’histoire de ma famille. Mes parents étaient au Laos et, pendant la guerre, ma famille a été bannie, mon père a été emprisonné. Mes grands-parents et le reste de ma famille sont partis et ont vécu dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Mes parents sont restés au Laos en changeant de nom. Puis, à l’âge de six ans, on m’a emmené en tant que touriste, je suis passé par la Thaïlande, puis la Belgique, puis la France. Ma mère m’a laissé en France et est repartie au Laos. Avec Miss Saigon, j’ai l’impression de réunir à la fois des aspects de ma vie personnelle et de ma vie professionnelle (danse, acrobatie, chant…). Chaque jour, quand j’arrive au théâtre, je savoure ma chance. Je n’ai pas un grand rôle mais ici, on n’est pas considéré comme des numéros. Le metteur en scène, le chorégraphe, le directeur musical, l’équipe des costumes… tous nous estiment autant qu’un rôle principal. Ici, je n’ai pas l’impression de remplir un contrat mais plutôt d’être au sein d’une grande famille.
Miss Saigon se joue actuellement à Londres au Prince Edward Theatre.
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Ci-dessous la bande-annonce du spectacle.
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