Sur quel pied danser, une comédie musicale et sociale, tendre et solaire

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Paulien Etienne, Clémentine Yelnik et Valérie Masset dans Sur quel pied danser (c) Emmanuel Rioufol - Loin derri-re l'Oural
Pauline Eti­enne, Clé­men­tine Yel­nik, Valérie Mas­set dans Sur quel pied danser © Emmanuel Rioufol — Loin der­rière l’Oural

Dans le cli­mat ciné­matographique français actuel, baigné de frilosité, pro­pos­er une comédie musi­cale — qui plus est pour un pre­mier long-métrage — n’est pas un défi, c’est presque une folie. Salu­ons donc l’am­bi­tion et l’opiniâtreté des réal­isa­teurs Kos­tia Tes­tut et Paul Calori qui leur ont per­mis de con­cré­tis­er leur folle idée de comédie musi­cale et sociale.
Située dans la France d’au­jour­d’hui, sur fond de chô­mage et de délo­cal­i­sa­tions, Sur quel pied danser nous entraîne sur les pas de Julie (Pauline Eti­enne, nom­mée aux César pour Qu’un seul tienne et les autres suiv­ront et La Religieuse), jeune femme dis­crète et pour­tant déter­minée, habituée à la pré­car­ité et aux petits jobs d’ap­point. Quand Julie décroche enfin un CDI dans une fab­rique d’escarpins de luxe, ses rêves de sta­bil­ité sem­blent enfin se réalis­er. C’est alors qu’un plan social est annon­cé : révoltes, trahisons, décep­tions, rebondisse­ments, à tra­vers cette pre­mière expéri­ence pro­fes­sion­nelle, Julie fera l’ap­pren­tis­sage de sa pro­pre vie.

Pour racon­ter cette his­toire, les réal­isa­teurs ont donc choisi la comédie musi­cale qui per­met de pénétr­er au cœur des aspi­ra­tions de l’héroïne (« une chan­son per­met d’ex­primer en trois min­utes l’essence d’un per­son­nage ») et d’ap­porter, sans aucun doute, à la fois de la poésie, de la fan­taisie et de la ten­dresse dans un univers a pri­ori terne, offrant ain­si une vision orig­i­nale du monde du tra­vail. Les numéros musi­caux sont inté­grés à l’ac­tion, dévoilant les rêves, les objec­tifs ou le par­cours des per­son­nages. Par exem­ple, « La com­plainte de la pré­car­ité » per­met de retrac­er le par­cours de Julie en util­isant de façon astu­cieuse le décor d’un bowl­ing asso­cié à un mon­tage ludique jouant avec les codes de la comédie musi­cale. Le numéro « L’in­soumise », inter­prété par Julie Vic­tor (Chance, Cabaret), évoque quant à lui l’at­mo­sphère glam­our et  suran­née des musi­cals hol­ly­woo­d­i­ens des années 50 comme Fun­ny Face.

Julie Victor et Paulien Etienen dans Sur quel pied danser (c) Loin derrière l'Oural
Julie Vic­tor et Paulien Eti­enne dans Sur quel pied danser © Loin der­rière l’Oural

Pour la bande sonore, les réal­isa­teurs ont fait appel à dif­férents artistes, d’O­livia Ruiz à Jeanne Cher­hal en pas­sant par Albin de la Simone pour « vari­er les styles » : le procédé fonc­tionne, avec des couleurs tan­tôt rétros ou jazzy, tan­tôt folk (via le per­son­nage du camion­neur, cow-boy à sa manière, qui rêve de grands espaces), tout en réus­sis­sant à garder une cer­taine homogénéité. Le film pos­sède un charme inno­cent qui repose beau­coup sur l’at­tache­ment qu’on peut ressen­tir pour les per­son­nages. Comme Julie, on se prend d’une cer­taine ami­tié pour ces ouvrières, et la chronique sociale fonc­tionne sans doute mieux que l’in­trigue sen­ti­men­tale un peu plus attendue.
En dépit du con­texte social, Sur quel pied danser est aus­si et surtout le réc­it d’un par­cours, celui d’une affir­ma­tion de soi, celui d’une héroïne qui va vers la lumière.

Sur quel pied danser de Kos­tia Tes­tu et Paul Calori, sor­tie nationale le 6 juil­let 2016
Avant-pre­mière du film le 4 juil­let au Gau­mont Opéra en présence de l’équipe du film.

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