
Le spectacle existe simultanément dans quatre endroits du monde : Broadway (depuis 6 ans) et Paris (depuis septembre dernier), ainsi que deux troupes itinérantes américaines. Une consécration pour ce qui a commencé comme un spectacle de rue pour Luke Creswell et Steve McNicholas, avant de prendre plus ou moins la forme qu’on lui connaît en 1991, au Festival d’Edimbourg en Ecosse. Depuis lors, on ne compte plus les récompenses ni les honneurs. Un chiffre suffit à mesurer l’ampleur du succès : 7 millions de spectateurs dans le monde ont applaudi la frénésie rythmique de la troupe originale et de ses épigones.
Tous les publics peuvent s’identifier d’instinct à Stomp
« Stomp, c’est trouver la musicalité en toutes choses, c’est sentir battre le pouls de la vie », explique Jim Holdrige, l’un des artistes de la troupe en résidence à Paris. Dans le spectacle, où chacun a un rôle, un vrai personnage à défendre, il est le rigolo, celui qui est volontairement en décalage par rapport aux sept autres. C’est son premier grand rôle et il a auditionné sur les conseils d’un ami. « C’est très différent des autres auditions car Stomp est très différent des autres spectacles. On ne peut être jugé sur une routine de danse ou de percussions classiques. Il faut apprendre au préalable un vrai numéro ». Il a fallu perdre les repères habituels de ce genre de spectacles et réinventer, seul et avec le groupe qui compte beaucoup pour lui.
Stomp est unique. « Tout le monde peut comprendre d’instinct le rythme et la musique. Donc tout le monde peut s’identifier à Stomp et y puiser de l’inspiration ». CQFD. « Mais ça ne veut pas dire que ce soit plus facile pour autant. Des dialogues ou des paroles dans une chanson aideraient à faire passer un message. Ici, tout est dans nos corps, dans nos gestes. C’est plus dur ».
Le show est évidemment réglé au millimètre. Ce qui n’empêche pas l’improvisation, assure Jim. « Tous les soirs, en fonction du public, de notre humeur, le spectacle prend une couleur plus ou moins groovy, plus ou moins rapide. On ne sait jamais avant de commencer ce que ça va donner ». D’ailleurs, les petites cicatrices qu’il a à la commissure des lèvres sont là pour témoigner qu’il n’évite pas toujours les perches de près de 2 mètres qui sont sensés uniquement le frôler dans un des numéros les plus spectaculaires. « Mais ça reste quand même le moment que je préfère tous les soirs. Bah », ajoute-t-il en riant, « je dois aimer un peu le danger ! ».
Un bon public aide à faire un bon spectacle
Si, huit ans après ses débuts, Stomp a su garder beaucoup de peps et de fraîcheur, c’est parce que ses deux concepteurs veillent au respect du concept original mais ne rechignent pas, année après année, à ajouter un numéro, à en faire évoluer un autre etc. Pour Jim, c’est une telle école qu’il ne sait pas trop comment il pourra danser dans un spectacle plus « normal » à l’avenir. « Je changerai peut-être carrément de carrière », déclare-t-il. « Peut-être deviendrai-je acteur. Mais j’ai bien le temps ! ». Le temps de profiter de Paris entre autres. Et de son public. « Ici, nous avons trouvé des spectateurs attentifs, très participatifs, exigeants… et parfois dissipés ! C’est un très bon public pour nous car il faut tout le temps capter son attention mériter de la garder ».
Si Stomp se contentait de nous faire prendre les ustensiles du quotidien pour des instruments de musique et à changer notre regard sur eux, ce serait déjà bien. Mais voilà maintenant que cela nous fait aussi trotter une petite mélodie du bonheur dans la tête. Dans les rues de Paris et d’ailleurs, Jim n’entend plus le brouhaha de la cité de la même manière. « Quand tu marches en réfléchissant, tu réalises que le raffut urbain, le bruit des pas, répondent à ta petite chanson intérieure. Maintenant, toute la journée, je pense en rythme ».
Monsieur Larousse, et si vous traduisiez plutôt to stomp par penser en rythme ? Merci d’avance !