Stéphanie Martin, le public vous a découverte dans le rôle d’Eponine dans Les Misérables, quel souvenir gardez-vous de ce spectacle ?
Ce fut une des plus belles expériences de ma vie et je vois un peu ça comme une école, une formation que j’aurais suivie pendant les trois années que j’ai joué ce spectacle. J’ai d’abord joué à Montréal, en 1991 au Théâtre St-Denis, en français et en anglais : on peut dire que c’était mon épreuve de baccalauréat ! J’ai joué ensuite à Paris, au Théâtre Mogador… C’est un peu comme si j’avais fait ma maîtrise à Paris. Puis finalement, j’ai passé mon doctorat à Londres ! J’ai donc complété mon éducation de scène avec Les Misérables. J’ai pu travailler avec de grands comédiens et de très bons metteurs en scène qui ont su me guider.
Vous avez retrouvé Robert Marien (Valjean à Montréal et Paris, entre autres) pour deux concerts avec l’Orchestre Symphonique de Montréal, comment se sont passées vos retrouvailles?
C’était extraordinaire ! Sous la direction du chef d’orchestre Charles Barbeau, nous avons fait des extraits des Misérables et d’autres comédies musicales. Ce fut un très grand moment pour moi dans ma carrière. On a chanté sur scène avec 100 musiciens derrière, 3000 personnes devant, dans le public. C’était vraiment magique.
Qu’avez-vous fait depuis la fin des Misérables ?
J’ai fait le plus important : un enfant ! J’ai fait plusieurs spectacles, de la comédie musicale, du théâtre. J’ai aussi beaucoup voyagé et passé du temps en Europe. J’ai également travaillé sur mon projet de C.D.
Parlez-nous de votre album. Quelles ont été vos influences musicales ?
Jeune, j’écoutais beaucoup la radio, avec ma copine. On s’asseyait devant le poste et on écoutait la radio anglaise. Mes influences sont très Motown : beaucoup de musique noire à la Stevie Wonder, Gladys Knight, Tina Turner, mais aussi des artistes parfois un peu plus « folk » comme Linda Ronstadt, Carol King, James Taylor.
Il y aura certainement dans mon style de chant et d’écriture, des échos de ces grands artistes, mais j’espère aussi avoir trouvé avec les musiciens avec qui je travaille, quelque chose qui me représente et qui me ressemble. L’album sera un mélange de pop et R&B.
Quels sont vos projets suite au lancement de votre CD ?
A Toronto, j’ai vu sur scène un ami, compositeur de jazz, qui s’en allait en tournée à Montréal, à Ottawa, en Finlande, en Suède, à Paris… Bref, j’étais jalouse ! Au départ, j’avais besoin de m’enraciner car cela faisait dix ans que je voyageais un peu partout en Europe. J’ai profité de la vie des communautés artistiques, à Paris, à Londres. J’ai fait des concerts au Japon, en Allemagne… J’ai vraiment profité de ma vingtaine à prendre le meilleur que je pouvais dans toutes les villes que j’ai traversées. J’ai appris beaucoup, mais je n’avais pas de racines. Ces cinq dernières années, je me suis ancrée à Toronto. J’y ai grandi comme artiste et maintenant, je pense que je suis prête à voler et à présenter ma musique aux Canadiens, aux Américains, aux Européens… C’est ce que je me lance comme défi dans les prochaines années : me produire sur scène un peu partout. Mon album devrait sortir à l’automne. Je suis actuellement dans les derniers préparatifs.
Pensez-vous faire un album pour la francophonie ?
Oui, sûrement. Je suis canadienne bilingue et j’ai passé beaucoup de temps en Europe. Quand j’étais plus jeune, je me trouvais ambivalente, et je n’aimais pas ça ! Mais maintenant, je réalise que c’est une bonne chose. Ca m’a fait beaucoup avancer d’être complètement bilingue et d’être capable de travailler aussi bien en français qu’en anglais. Ca été une très bonne chose pour moi, et ma famille. Je me dois de m’exprimer aussi en français, alors je ferai certainement un disque en français.
Peut-on espérer vous revoir dans une comédie musicale ?
Certainement ! J’ai eu la chance d’aller assez loin en jouant dans Les Misérables qui reste pour moi la plus belle et la plus riche des comédies musicales.
Jouer dans des comédies musicales demande une vocation assez particulière. Il faut être polyvalent, c’est un travail constant, ça demande beaucoup d’énergie parce que c’est huit représentations par semaine. C’est dur physiquement. De plus, quand je jouais dans des comédies musicales, je ne pouvais pas travailler d’un point de vue personnel, développer ma propre écriture en tant qu’artiste. Et puis, avec un enfant, ça devient plus compliqué d’être au théâtre tous les soirs, et en répétitions la journée. Alors pour l’instant, j’ai dû arrêter ça. A Toronto, je fais beaucoup de voix pour les publicités ainsi que des narrations. Mais un jour peut-être, il y aura un rôle qui m’amènera à faire un retour sur les planches !