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Stéphane Laporte — Panique à bord, voici le Roi Lion !

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Entre les répéti­tions du Roi Lion et celles de Panique à Bord, la ren­trée est un peu chargée pour vous…
C’est beau­coup de jonglage. Ca a été très dif­fi­cile pen­dant une semaine. Le Roi Lion a eu besoin de moi pen­dant les trois pre­mières semaines de répéti­tion et la troisième coïn­cidait avec la pre­mière semaine des répéti­tions de Panique à Bord, ça fai­sait des journées de 16 ou 18 heures. Mais c’est un bon­heur inté­gral. Ce qui est par­fois dif­fi­cile — mais Dieu mer­ci, j’ai presque fini mon tra­vail sur les deux — c’est de pass­er sans cesse d’un univers à l’autre. Ca n’a stricte­ment rien à voir. C’est ça la vraie dif­fi­culté, plus que les emplois du temps.

Vous tra­vaillez d’un côté sur une grosse machine qui laisse peu de place à l’im­pro­vi­sa­tion et de l’autre une petite créa­tion. Que préférez-vous ?
Les deux sont des défis dif­férents et les deux sont intéres­sants à relever. Le défi du Roi Lion, c’est de faire en sorte que les gens qui le voient aient l’im­pres­sion que ça a été écrit en français. Sur Panique à Bord, le stress c’est que l’on peut écrire exacte­ment ce que l’on veut. On est encore au moment où quinze jours avant la pre­mière on peut chang­er les choses de façon dras­tique. Parce que c’est comme ça que ça se fait. Après tout, Sond­heim a écrit « Send In The Clowns » trois jours avant la pre­mière de A Lit­tle Night Music à Boston…
Mais il est faux de dire que Le Roi Lion laisse peu de place à l’im­pro­vi­sa­tion. La « grosse machine », à ma grande sur­prise, y laisse une vraie part. Je suis très fier d’avoir réus­si à faire incor­por­er du Offen­bach dans Le Roi Lion, qui fonc­tionne depuis 1997 avec le même livret et la même musique partout dans le monde. Cela sera une vraie pre­mière puisqu’on ver­ra une par­o­die de la Vie Parisi­enne.

A quel moment ?
Tim­on et Pum­baa sont cen­sés faire un charleston à la fin. Quand j’en ai par­lé à Julie Tay­mor la pre­mière fois, elle m’a dit que ce serait peut-être bien d’en faire un moment français. Elle m’avait demandé s’il y avait des charlestons très con­nus en France. Je lui ai répon­du que la plu­part des charlestons qu’on avait eus en France dataient des années 20 et qu’ils étaient, pour la plu­part, en anglais. Donc on a cher­ché ailleurs et j’ai eu l’idée du can-can.

Vous disiez récem­ment avoir des prob­lèmes pour traduire « Can You Feel The love Tonight » et « The Cir­cle of Life », est-ce réglé ?
(sourire) Ca y est, c’est fait. « Cir­cle of Life » devient le « Cer­cle de la vie ». Julie Tay­mor a rejeté toutes les autres propo­si­tions. Non pas parce qu’elles étaient mau­vais­es mais parce que la sym­bol­ique du cer­cle est pour elle la chose la plus impor­tante du spec­ta­cle. J’ai trou­vé « Can You Feel The Love Tonight » le jour où Dis­ney m’a dit « c’est bien ce que vous avez mais ça reste trop proche de l’o­rig­i­nal et ça serait bien de faire un peu plus poé­tique. » J’ai donc fait com­plète­ment autre chose et ça a plu. Ca s’ap­pelle « Quand soudain l’amour est là ».

Il y a eu beau­coup de réécri­t­ure pour Panique à Bord ?
Edouard, le per­son­nage qu’in­ter­prète Jacques Verzi­er, était schiz­o­phrène dans le texte d’o­rig­ine. Il s’ex­pri­mait par­fois avec plusieurs voix. On s’est ren­du compte en répéti­tions que c’é­tait qua­si indéchiffrable. En fait, il était trop peu présent sur scène pour qu’on puisse installer ce procédé théâ­tral. Et je crois qu’on aurait per­du pas mal de lis­i­bil­ité auprès d’un cer­tain nom­bre de spec­ta­teurs. Nous avons préféré en faire un vrai grand malade, qui a des accès de colère meur­trière et c’est déjà suffisant !

Etes-vous con­fi­ant ?
Ca serait une arro­gance extrême d’être con­fi­ant vu le paysage théâ­tral actuel. Dis­ons que ce que j’imag­i­nais est très proche de ce que je vois sur scène actuelle­ment. Ain­si, je peux me dire que si ça ne marche pas, ça sera de ma faute. En même temps, ce qui marche beau­coup en ce moment, ce sont les pièces drôles, et j’ose espér­er que Panique à Bord l’est un peu. Donc on ver­ra… Je ne peux rien dire d’autre. En tout cas, c’est un vrai plaisir humain et artis­tique. Et c’est déjà bien. Par ailleurs, j’e­spère que ça va marcher puisque je produis !

Simenon et Joséphine, votre pre­mière col­lab­o­ra­tion avec Patrick Laviosa, était une com­mande, là c’est votre pre­mière véri­ta­ble créa­tion. C’é­tait un gros challenge ?
C’est ma com­pag­nie, la Com­pag­nie Dado, qui avait déjà pro­duit D’amour et d’Of­fen­bach, qui pro­duit Panique à Bord, avec moult sub­ven­tions. Oui c’est un chal­lenge. Je crois que c’est la dernière fois que j’au­rai la cas­quette de pro­duc­teur parce que c’est extrême­ment envahissant quand on aus­si une cas­quette artis­tique. J’ad­mire beau­coup Jean-Luc Revol qui fait ça depuis des années. Il partage la mise en scène et la pro­duc­tion sur qua­si­ment tous les spec­ta­cles qu’il fait. Et ça, vrai­ment, je lui tire mon cha­peau. Donc, oui, c’est un défi dif­férent d’une com­mande. Je suis en train de met­tre sur pied une suite à Panique à Bord qui s’ap­pelle Panique au Harem, qui sera un spec­ta­cle exclu­sive­ment féminin (notam­ment avec les trois per­son­nages féminins de Panique à Bord), et ça je ne le pro­duirai pas.

Con­sid­érez-vous l’adap­ta­tion comme votre véri­ta­ble méti­er ou est-ce un trem­plin avant la création ?
J’ai démar­ré par l’adap­ta­tion et j’ai main­tenant deux créa­tions à mon act­if. J’adore ça. C’est un vrai tra­vail d’au­teur. Il faut chercher les choses. Je crois que je vais m’at­tach­er plutôt à la créa­tion. L’adap­ta­tion, c’est for­mi­da­ble, mais racon­ter les his­toires soi-même c’est encore mieux.

Il y a quand même d’autres adap­ta­tions en projet ?
Pour la sai­son qui vient, j’ai un pro­jet musi­cal et un non musical.

Peut-on en savoir plus ?
Non ! (rires)

Quelle est la comédie musi­cale que vous rêvez d’adapter ?
Evidem­ment, ça va être un cliché mais j’ador­erais adapter un Sond­heim, quoique pas tous. En ce moment, j’é­coute en boucle Parade, une comédie musi­cale — ou plutôt une tragédie musi­cale — qui date de 1999. La musique de ce spec­ta­cle, qui est de Jason Robert Brown, est une mer­veille. C’est l’his­toire d’un juif new-yorkais qui s’est instal­lé dans le sud au début du XXè siè­cle, qui a été accusé de l’as­sas­si­nat d’une petite fille dans son usine. Il a été gracié, faute de preuves. Les gens sont venus le chercher dans sa prison et l’ont lynché. C’est une his­toire vraie. Quand j’é­coute une comédie musi­cale, j’ai ten­dance à tou­jours zap­per un ou deux morceaux. Et celle-ci, je l’é­coute lit­térale­ment en boucle : dès que j’ar­rive à la fin, je remets le disque au début. Et j’aimerais bien faire Hair­spray, parce que je trou­ve ça absol­u­ment délicieux.