Sortir de sa mère / La Chair des tristes culs (Critique)

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Deux pièces avec chan­sons de Pierre Notte avec Tiphaine Gen­til­leau, Brice Hillairet, Chloé Olivères

Résumé : Dans Sor­tir de sa mère, cabaret loufoque et déglin­gué, deux jumeaux vont ten­ter de rec­oller les morceaux d’une famille dans un sale état. Et surtout, que vient-elle faire là-dedans Eliz­a­beth Taylor ?

Dans ce truc ten­dre, dingue et drôle, cabaret foutraque et raf­finé, les morts finis­sent par mourir tran­quille, en amoureux, tan­dis que les vivants réap­pren­nent à vivre en se sou­venant qu’ils ne sont pas déjà morts. Dans ce jardin des délices, mêmes les brunes se réc­on­cilient avec les blondes, c’est dire si la paix dans le monde est possible.

Notre avis : Deux pièces, un dip­tyque uni par la même élé­gance de la langue, élé­gance qui va de pair avec celle du dés­espoir. Autant dire que l’hu­mour berce ces deux aven­tures artis­tiques ponc­tuées par des bouts de chan­sons. Sor­tir de sa mère s’ou­vre joli­ment par l’in­ter­view de la mère de Pierre Notte par lui-même. Ensuite le quatuor de comé­di­ens, qui incar­nent une quin­zaine de per­son­nages, nous entraine dans une his­toire famil­iale com­plexe et douloureuse avec un drôle d’héritage à la clef. Un frère et une soeur décou­vrent un lourd secret, un lac gelé se fis­sure, une mère qui sem­ble per­dre la rai­son, un père absent revient hanter son monde… Une expédi­tion. La scéno­gra­phie inven­tive utilise l’e­space réduit et per­met de se pro­jeter dans de nom­breux décors. Une réus­site. Le sec­ond opus se con­cen­tre sur un nom­bre plus lim­ité de pro­tag­o­nistes : un jeune homme sui­cidaire, une logeuse qui aimerait bien qu’il réus­sisse son sui­cide afin d’u­tilis­er son corps pour gar­nir ses crêpes (est-ce la petite fille de Mrs Lovett ?), un père fan­tôme et son anci­enne com­pagne, sorte de Brigitte Bar­dot d’a­vant la Madrague, elle aus­si ecto­plas­mique. Le jeune homme, grâce à un économe, pèlera gen­ti­ment la chair de son postérieur, les crêpes se ven­dront, l’ec­to­plasme com­mu­ni­quera avec le pau­vre hère (qui men­ace d’y pass­er…). Elle saura lui redonner goût à la vie. Dans ces con­di­tions l’amour peut-il éclore et espér­er tri­om­pher ? Là encore la scéno­gra­phie astu­cieuse par­ticipe de cette drôle d’aven­ture, poé­tique, féroce et drôle. En résumé deux spec­ta­cles à décou­vrir l’un ou l’autre ou les deux, d’un auteur qui, de références en hom­mage, trace un sil­lon sin­guli­er et séduisant.