
D’où vient votre passion pour la comédie musicale?
Ca remonte à l’enfance. Ma mère était très fan et m’a transmis son virus… Dès que je pouvais danser, chanter, on ne me tenait plus! Le dimanche après-midi, on pouvait souvent voir des comédies musicales à la télé. Impossible de me décoller du canapé. Gene Kelly, Fred Astaire, Debbie Reynolds… des artistes qui m’ont fait rêver des heures. Je suis une grandes nostalgique de l’âge d’or de la comédie musicale.
Quelle a été votre formation ?
J’ai commencé par la danse très petite, comme beaucoup de fillettes. Rapidement, j’ai voulu en faire mon métier, je suis entrée à l’Académie internationale de la danse. L’enseignement se partageait entre la danse le matin et des cours traditionnels l’après-midi. C’est ainsi que j’ai commencé à faire des spectacles. Je pensais vraiment être une ballerine… jusqu’à ma rencontre avec Rhéda. Durant les 5 ans passés dans sa compagnie, il m’a fait découvrir d’autres horizons, notamment le chant. Je me suis donc tournée tout naturellement vers la comédie musicale. De toute façon je n’en pouvais plus de cet art muet, de ne pas utiliser ma voix.
Quel a été votre première participation à une comédie musicale?
Le rôle de l’horloge dans Emilie Jolie, en remplacement de Ginette Garcin ! Elle n’était pas libre pour la reprise au Casino de Paris. Dans l’imaginaire de Philippe Chatel, l’auteur de cette comédie musicale, l’horloge symbolise la mère. Pour l’incarner, il a finalement choisi une jeune femme. Pour moi c’était un personnage à la Mary Poppins. Une belle expérience. La deuxième, ce fut Peter Pan en 1991 au casino de Paris. J’ai adoré, le spectacle était génial, ce fut un bonheur de travailler avec Alain Marcel, la troupe s’entendait extrêmement bien. Quand je suis arrivée à l’audition, j’ai dit que je voulais faire la fée Clochette. Quelle déception quand Alain Marcel m’a dit que la fée serait en fait… un faisceau laser ! Au bout de ma première chanson, « Johnny, fais moi mal » de Boris Vian, Alain Marcel m’a dit : « C’est bon, j’ai ma Tiger Lilly (la princesse indienne) », mais j’ai voulu lui chanter une deuxième chanson ! Tout s’est passé très rapidement.
Et ensuite ?
Parallèlement à Peter Pan, je faisais du « show-biz », en l’occurrence des choeurs pour des spectacles. J’ai aussi travaillé sur les clips de Mylène Farmer comme chorégraphe et danseuse [NDLR : la méchante dans « Libertine » et « Tristana », c’est elle…] J’ai tourné dans quelques films et téléfilms comme comédienne. Et puis, j’ai passé les auditions pour Nine. En fait, quand je travaillais avec Rhéda voilà 10 ans, il m’avait parlé de ce spectacle qu’il avait vu à New York. Il m’a rapporté le disque en me répétant : « le rôle de Carla (devenu Sandra en France) c’est pour toi ». Il avait raison. Rhéda est un peu visionnaire, chaque soir, j’avais une petite pensée pour lui.
Ce spectacle vous a beaucoup apporté?
Oui, une très très belle expérience. Pas évidente car Saverio Marconi, italien, ne parlait pas très bien français. Le dialogue se faisait beaucoup par le regard. Ce qui était vraiment intéressant, c’était cette équipe de quinze filles autour d’un garçon, on était toutes tellement différentes et complémentaires. Dommage que l’aventure n’ait pas duré plus longtemps. On a tous été très frustrés de s’arrêter après seulement 60 représentations. Le spectacle s’est arrêté au moment où il commençait à prendre sa vitesse de croisière, c’était un spectacle pointu en terme de musique, de mise en scène, qui nécessitait du temps pour que chaque interprète se l’approprie. Personnellement je me suis sentie vraiment à l’aise les quinze derniers jours! J’adorerais que le spectacle reprenne, mais il ne faut pas rêver (soupir).
Vous vous êtes donc un peu consolée avec le spectacle suivant, Y’a d’la joie ! et d’l’amour ! d’après une trentaine de chansons de Trénet ?
Oui, d’autant que j’avais été engagée avant Nine… tout arrive toujours en même temps dans ce métier ! L’arrêt de cette comédie musicale m’a permis d’honorer mon contrat avec Savary. c’était vraiment sympa. L’argument de son spectacle est fantaisiste : une famille descend sur la côte d’Azur, tombe en panne et rencontre deux créatures de l’univers de Charles Trénet : un elfe et l’amour, personnage que j’interprète. Un petit angelot qui prend au fil des chansons toutes les formes de l’amour… Une petite troupe de cinq chanteurs comédiens sous la baguette de Gérard Daguerre. Cela m’a permis de découvrir Trénet. Quand j’ai entendu les mélodies au piano, j’ai immédiatement adoré. C’est un univers très riche. On repart en tournée avec ce spectacle de janvier à avril 2000. J’aime avoir des moments d’arrêt sur un spectacle : en le retrouvant on s’est nourri de ce que l’on a fait entre temps, c’est un plaisir de redécouvrir le rôle.
Vous venez de terminer les représentations de Du vent dans les branches de sassafras ?
Encore une expérience un peu courte, je ne pense pas pouvoir reprendre le rôle à la rentrée puisque je tiendrai le rôle de la première cousine dans La Périchole à Chaillot. Je serai très triste de quitter le rôle de Miriam. C’est un personnage très riche et original comme on n’en rencontre pas tous les jours. J’ai un problème car je ne peux pas considérer ce métier sans y mêler l’affectif ! Du coup, à chaque fois qu’une expérience s’achève, c’est un vrai déchirement. Ce n’est peut-être pas très bien de mélanger tout, mais je n’arrive pas à travailler autrement. Cela fait partie de la passion, de la joie de vivre, d’être sur scène. C’est un engagement total. Je n’ai jamais été débarrassée d’un spectacle. J’ai eu la chance de faire de belles rencontres à chaque fois.
Vous vous sentiriez prête à partir pour l’étranger?
J’avoue avoir raté le coche une première fois à l’époque de Peter Pan. On m’avait proposé le rôle de Leslie Caron dans Un Américain à Paris pour une production londonienne. Mais je ne me sentais pas prête, je ne suis pas allée auditionner. J’ai manqué de courage. Aujourd’hui c’est différent ! Pour vous dire la vérité, j’aimerais surtout jouer dans une vraie grande comédie musicale au cinéma. Je suis prête, totalement prête !