Après quinze jours de musiques, de chants et de théâtre, la deuxième édition du « Printemps des Arts » s’est achevée lundi 22 juin au Vingtième Théâtre. Une clôture en forme de point d’orgue pour les élèves de l’Ecole Atelier Juliette Moltes, qui ont pu, au cours d’une dizaine de spectacles, tout au long du mois de juin, présenter leurs créations et dévoiler au public leurs divers talents. Le festival aura permis, au total, à près d’une cinquantaine de ces futurs artistes, de s’illustrer sur scène, à travers one-woman shows, concerts, pièces de théâtre et spectacles musicaux.
Avant la remise des prix, la soirée du lundi 22 juin a vu une dizaine d’entre eux présenter le spectacle So in Love. Spécialement créée pour l’occasion, cette « comédie musicale et policière » écrite et mise en scène par Emmanuel Suarez fut une agréable surprise, n’ayant presque rien à envier à certaines productions professionnelles plus coûteuses.
Emmanuel Suarez (vu notamment dans Avenue Q), a signé une véritable pièce de théâtre, agrémentée de chansons originales et de numéros musicaux, un hommage tout en suspense aux grandes comédies musicales hollywoodiennes et au cinéma des années 40. Rien de tel pour cela que de mettre en scène l’assassinat d’une star du grand écran, et le parcours minutieux d’un inspecteur pour dénicher les preuves et tenter d’établir la vérité. Parmi épouse, maîtresse, starlettes et équipe du film, il interroge, collecte et recoupe, tandis qu’une journaliste fait de même de son côté. Deux méthodes, deux tempéraments, un objectif commun : découvrir le meurtrier.
Si l’intrigue est toute simple : « qui donc a tué Gordon Alan Flynn en plein tournage ? », le résultat est réussi : l’enquête est prétexte à découvrir des personnages et leurs caractères, les personnalités se révèlent et le spectateur se prend au jeu des recherches, des indices et des soupçons. Le texte est bien écrit, mariant avec justesse humour et bon nombre de références cinématographiques de cet âge d’or, sans passer sous silence la réalité de l’époque. La mise en scène, simple mais efficace, permet des fondus-enchainés et un habile jeu de séquences parallèles. Enfin, les numéros musicaux sont justement dosés, entre créations originales françaises sur des musiques signées Raphaël Sanchez et Rémi Toulon, et versions arrangées des standards de Cole Porter, Irving Berlin ou George Gershwin. De beaux moments musicaux sont ainsi offerts. C’est le cas de « Merci » chantée par l’assistante de l’inspecteur (étonnante Apolline Andrews), de l’excellent duo inspecteur-journaliste (Guillaume Sorel et Marion Préité) sur « Anything You Can Do », ou du tableau de clôture en canon « So In Love ». Loin de ce que l’on aurait pu attendre de la part d’artistes en herbe, l’ensemble est de qualité, permettant à chacun de défendre de vrais rôles consistants. De bon augure pour l’avenir du théâtre musical.
Resserré et débarrassé de certaines longueurs inutiles, (comme l’a confié le metteur en scène à la sortie), le spectacle sera de retour à Paris le 14 octobre.