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Sinan Bertrand — Un acteur capillaire

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Sinan Bertrand © Matthieu Dortomb
Sinan Bertrand © Matthieu Dortomb

Com­ment s’est faite la ren­con­tre avec l’équipe d’Audimat ?
J’ai été con­tac­té par la choré­graphe, Alma de Vil­lalo­bos, que je con­nais­sais déjà (sans jamais avoir eu le bon­heur de tra­vailler avec elle). J’ai passé les audi­tions pour le rôle d’un pro­duc­teur et ça ne col­lait pas. Mais deux à trois semaines après, l’équipe artis­tique me téléphonait pour me pro­pos­er le rôle du jeune présen­ta­teur. Tan­crède, le com­pos­i­teur du spec­ta­cle devait jouer ce rôle, mais pour des raisons d’in­com­pat­i­bil­ité de cal­en­dri­er et d’autres engage­ments pris, il ne pou­vait plus le faire… Et donc me voilà !

Pou­vez-vous nous résumer — sans tout nous dévoil­er — le spec­ta­cle que vous allez jouer à par­tir du 11 novem­bre au Trianon ?
Le sujet du spec­ta­cle… je vais essay­er de faire sim­ple. Il y a une intrigue et pas des plus sim­ples ! Deux présen­ta­teurs-vedettes sont sur deux chaînes de télévi­sion rivales. L’une car­tonne et l’autre patine. Au fur et à mesure du spec­ta­cle, on décou­vre intrigues, com­plots, asso­ci­a­tions de mal­fai­teurs… Les présen­ta­teurs font la valse des emplois, se retrou­vant cha­cun dans la chaîne de l’autre… et l’audi­mat bas­cule ! Pour se venger, le patron de la chaîne en déroute envoie son présen­ta­teur séduire la présen­ta­trice rivale pour la désta­bilis­er. Ca ne se passe pas tout à fait comme prévu… Je ne veux pas en dire trop.

Quels sont les forces du spectacle ?
La mise en scène est ryth­mée par des numéros très Broad­way. Trois ménagères de moins de 50 ans, nos cho­rus girls, cla­que­t­tent et dansent sans relâche. Les per­son­nages sont très dess­inés, loufo­ques et attachants. Il y a même une femme à tête d’homme ! C’est en fait un spec­ta­cle musi­cal un peu à l’an­g­lo-sax­onne, avec beau­coup de numéros chan­tés-dan­sés et une musique très jazzy.

Pou­vez-vous nous décrire votre personnage ?
J’in­ter­prète le rôle d’E­ti­enne, le présen­ta­teur vedette de Télés­lige, puis de Show7. C’est un loufoque tou­jours en retard, très jovial, plein d’en­vies quant au con­tenu de ses pro­grammes. Il est un peu naïf face aux vraies pri­or­ités d’une chaîne de télévi­sion qui veut faire de l’au­di­ence. Il préfère par­ler de ce qui le pas­sionne : le sys­tème diges­tif des ani­maux, les arti­sans qui font du tra­vail à l’an­ci­enne, etc. C’est un vrai con­va­in­cu de la télé qual­ité… Et for­cé­ment, il ne fait pas beau­coup d’au­di­ence. C’est la pre­mière fois que je joue un rôle de « jeune pre­mier ». Heureuse­ment, il est assez fou-fou, naïf, ent­hou­si­aste et brouil­lon pour que le per­son­nage soit intéres­sant à défendre. Ce n’est pas for­cé­ment ce qu’il y a de plus facile pour moi qui suis abon­né à des per­son­nages très haut en couleurs et extrav­a­gants (Ali Baba, Le Cabaret des hommes per­dus…).

Com­ment tra­vaillez-vous pré­cisé­ment ce rôle ?
Je regarde d’abord com­ment il va être coif­fé (rires). Je plaisante, mais la sil­hou­ette et le cos­tume du per­son­nage sont pri­mor­diaux. On m’a dit un jour que j’é­tais un acteur capil­laire ! J’aime assez la for­mule. J’ap­pré­cie beau­coup les rôles qui deman­dent un réel change­ment cor­porel et/ou vestimentaire.
Pour le rôle d’E­ti­enne, je tra­vaille en tran­spi­rant beau­coup (rires) ! La choré­graphe a décidé qu’on allait danser comme à Broad­way. Les tableaux sont donc très physiques. Stephan Druet, le met­teur en scène, est égale­ment très exigeant et sait par­faite­ment ce qu’il veut. Son ent­hou­si­asme pour­rait déplac­er des mon­tagnes ! Cette exi­gence dans le tra­vail est très gratifiante.
Je ne pense pas être très orig­i­nal quant à ma façon de tra­vailler, même si on m’a gen­ti­ment taquiné dernière­ment en répéti­tion, parce que j’écrivais vrai­ment une let­tre dans une séquence où je répondais à du cour­ri­er. Sans être Actor’s Stu­dio, j’aime essay­er de retrou­ver la vérité dans des petits gestes, des tics ou des habi­tudes, les grossir ou les ren­dre sub­tils à souhait. En général, je tra­vaille aus­si en total escroc. Je dis que j’ai appris mon texte, et ce n’est sou­vent pas vrai (rires) ! Plus sérieuse­ment, je ne crois pas à la créa­tion dans la douleur, la con­tri­tion ou les rap­ports de force. J’es­saye con­sciem­ment d’amen­er de la bonne humeur sur le lieu de tra­vail. Ca se traduit par dire un max­i­mum de con­ner­ies et ça vient sans effort. (rires)

Pou­vez-vous revenir sur votre expéri­ence dans le Cabaret des hommes per­dus ?
Mon expéri­ence sur Le Cabaret des hommes per­dus a été un proces­sus de créa­tion très savoureux. Même si on se con­nais­sait depuis longtemps, c’é­tait la pre­mière fois que j’é­tais dirigé par Jean-Luc Revol. Sa con­fi­ance sans lim­ite m’a tout d’abord touché et m’a per­mis cer­taine­ment de faire du bon tra­vail. On ne m’avait jamais offert l’oc­ca­sion d’avoir des scènes aus­si tru­cu­lentes. L’écri­t­ure sen­si­ble et inven­tive de Chris­t­ian Siméon m’a per­mis d’avoir un tra­vail jouis­sif sur le rôle de Lul­la­by. Après 175 représen­ta­tions (Rond-Point, Pépinière, une tournée, Fes­ti­val Diva), on se remet sur les routes à par­tir de fin jan­vi­er 2009 pour quelques dates jusqu’à fin mars. J’ai hâte de retrou­ver mes parte­naires, parce qu’avec eux aus­si, on fait de sacrées con­ner­ies (rires) !

Que vous a apporté le spectacle ?
Ce que m’a apporté le spec­ta­cle ? De l’ai­sance en talons (rires) !

Pou­vez-vous nous par­ler de vos prochains pro­jets et envies ?
J’ai l’oc­ca­sion de défendre une nou­velle fois un texte de Chris­t­ian Siméon : un spec­ta­cle musi­cal sur Andy Warhol, mis en scène par Jean-Michel Ribes et pro­gram­mé la sai­son prochaine au Théâtre du Rond-Point, avec la même équipe du Cabaret des hommes per­dus et deux comé­di­ennes en plus (dont Ari­ane Pirie). J’ai le bon­heur de retra­vailler prochaine­ment avec Jean-Luc Revol sur un spec­ta­cle musi­cal, avec des textes de Vin­cent Dae­nen, des musiques de Thier­ry Boulanger, avec des per­son­nages issus de l’u­nivers des con­tes pour enfant, pas très Dis­ney mais plutôt Tim Bur­ton avec des dia­logues à la Audiard.
J’ai des envies d’écri­t­ure (avec dif­férents col­lab­o­ra­teurs). Dès que j’en ai le temps, je voudrais essay­er d’écrire un spec­ta­cle que je pour­rais défendre seul, ou pas d’ailleurs. J’ai déjà des idées de coiffures !
J’ai plein d’en­vies pro­fes­sion­nelles, mais comme je suis super­sti­tieux, je n’en par­lerai pas en détail. J’aimerais sim­ple­ment con­tin­uer à pou­voir choisir les pro­jets sur lesquels je tra­vaille, par­tir plus sou­vent en tournée, con­tin­uer à avoir autant de plaisir et de bon­heur à faire ce métier.

Des rêves un peu fous ?
En ce qui con­cerne mes rêves les plus fous : un chien ! Je vais bien­tôt adopter un chow-chow. Et sinon dans le désor­dre : me mari­er, adopter une asi­a­tique du nom de Jade, faire for­tune dans les T‑Shirts tie and dye, inve­stir dans des cul­tures de per­les à Tahi­ti et réalis­er des pornos canins (rires) !