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Sentires — Flamenco sous influences

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D’après une idée orig­i­nale de Raquel Gomez.
Direc­tion artis­tique : Macare­na Ver­gara et Raquel Gomez.
Choré­gra­phies : Maria Inés Sadras, Karine Gon­za­lez, Macare­na Ver­gara et Raquel Gomez.
Mise en scène : Thomas Le Douarec.

En dépit du titre, Sen­tires, Fla­men­co sous influ­ences, les qua­tre créa­tri­ces de ce show orig­i­nal et inspiré, ne se sont guère embar­rassées des pon­cifs de la tra­di­tion fla­men­ca. Pour mieux dire, la con­struc­tion et la musique déno­tent une démarche résol­u­ment con­tem­po­raine, bien éloignée de celle qui con­siste habituelle­ment à exac­er­ber l’im­pé­tu­osité car­ac­térisant le Fla­men­co. Si ce pro­jet aban­donne la part d’im­pro­vi­sa­tion inhérente à cet art, c’est qu’il revendique une esthé­tique plus réfléchie et plus aboutie. Réglé au mil­limètre, le bal­let résulte d’un remar­quable tra­vail choré­graphique et scéno­graphique qui ne laisse rien au hasard et qui exploite astu­cieuse­ment l’e­space, en jouant notam­ment sur les per­spec­tives et la symétrie. Sur deux écrans translu­cides placés latérale­ment de part et d’autre de la scène, sont pro­jetées les ombres des pro­tag­o­nistes. Les danseuses placées tan­tôt devant, parais­sent se dédou­bler, tan­tôt der­rière, dis­parais­sent sous forme d’om­bres chi­nois­es. Remar­quable égale­ment dans la maîtrise des lumières, la scéno­gra­phie dédie aux couleurs un rôle essentiel.

Mal­gré le nom­bre impres­sion­nant de tableaux, le spec­ta­cle ne se com­plait jamais dans la monot­o­nie. De fait aucuns ne se ressem­blent, et pour cause, puisque qua­tre influ­ences y sont représen­tées : tzi­gane, irani­enne, lati­no-améri­caine, et clas­sique espag­nole. A cette diver­sité s’a­joute la richesse d’une musique douce-amère savam­ment dosée, mêlant élé­ments tra­di­tion­nels et con­tem­po­rains. Là encore, le choix des extraits révèle une volon­té maîtrisée de con­duire la choré­gra­phie suiv­ant un chem­ine­ment pré­cis. Priv­ilé­giant la simil­i­tude dans les har­moniques ou dans le rythmes, la sélec­tion impose une tonal­ité fla­men­ca con­stante, mal­gré le mariage des gen­res. Le spec­ta­cle tisse ain­si des con­nex­ions intéres­santes entre des tech­niques de danse si dif­férentes dans la forme, et pour­tant si proches sur le fond. Bien qu’é­tant aus­si des spé­cial­istes de Fla­men­co, ces qua­tre femmes nous mon­trent qu’elles sont avant tout des danseuses inven­tives et inspirées, comme en témoignent les moments de grâce qu’elles parvi­en­nent à nous offrir.