
Quel est votre parcours ?
Je suis né à Buenos Aires, où j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans dans un cirque comme danseur-acrobate puis j’ai suivi une formation dans la plus grande école de comédie musicale de Buenos Aires ce qui m’a permis de travailler dans les grands théâtres là-bas. Ensuite, j’ai fait partie de la compagnie internationale de théâtre musical CITM dirigée par Chet Walker, l’assistant de Bob Fosse et Ricky Pashkus. Toutes ces années de travail et de rencontres ont confirmé ma passion et mon désir de faire ce métier.
Je suis arrivé en France il y a sept ans, je ne parlais pas un mot de français mais j’ai tout de suite travaillé en tant que danseur pour diverses comédies musicales. Il y a trois ans j’ai travaillé sur l’opéra Les Contes d’Hoffmann, mis en scène par Julie Depardieu et Stéphan Druet. La rencontre avec Stéphan a été décisive. Ensemble, nous avons monté une maison de production et nous avons décidé de partir à Buenos Aires pour monter une pièce de Copi : Une visite inopportune, dans laquelle il m’a proposé le rôle principal. Quelques mois plus tard nous avons co-produit le festival « Nuits d’été à l’hôtel Gouthière » en célébrant le bicentenaire de l’indépendance de l’Argentine. De ce festival est né le spectacle : Se dice de mi, en Buenos Aires, devenu aujourd’hui Amor Amor, à Buenos Aires.
Parlez-nous de votre personnage : comment Stephan Druet vous l’a présenté ? Comment l’avez-vous abordé ?
Mon personnage s’appelle Ottavia La Blanca, c’est un travesti qui revient dans la pension de famille que tient sa mère. Il en était parti 10 ans avant car sa mère refusait son homosexualité. Il revient pour régler ses comptes avec elle et retrouver son amour de jeunesse Alvaro, le bel argentin. Stéphan m’a proposé ce rôle tout naturellement, étant lui et moi passionnés par le cabaret, ce personnage de travesti me permettait de danser, chanter et jouer la comédie de façon drôle, émouvante et décalée. Ce personnage était comme un défi pour plusieurs raisons : chanter et danser avec robes, talons et perruques mais surtout jouer la comédie en français, car pour moi c’était la première fois !
Nous avons répété un mois et demi et comme je n’avais jamais marché avec des talons, dès mon réveil, chez moi, je les chaussais. Avant de partir en répétition, pendant quelques heures je marchais dans mon appartement, je préparais mon café avec, je faisais mon ménage, les choses quotidiennes quoi…
L’hôtel de Gouthière, aujourd’hui le Comédia : quels sont les différences les plus marquantes pour vous ?
Nous avons monté ce spectacle en extérieur avec trois francs six sous dans une ambiance professionnelle mais festivalière, nous avons eu la chance que la direction du théâtre Comédia croie en notre projet et investisse dans un décor incroyable réalisé par Roberto Platé, des costumes encore plus délirants de Michel Dussarat et plus de chorégraphies déjantées signées Caroline Roëlands. Ce spectacle au théâtre Comédia prend un côté plus cinématographique, le public réagit encore plus car il y a quatre danseurs en plus et de nouveaux numéros musicaux.
Dans cette nouvelle version vous dansez davantage et effectuez notamment un numéro de tango assez acrobatique et impressionnant. Pratiquiez-vous cette danse ?
Je n’ai jamais dansé le tango auparavant, j’ai appris à le danser avec Coco Dias, danseur de tango qui tient le rôle d’Ausente dans le spectacle, pour le numéro « Tanguera ». Stéphan a voulu rajouter ce numéro parce qu’à l’époque en Argentine, le tango se dansait entre hommes et il voulait que je fasse ce numéro car si Ottavia la Blanca est un personnage féminin, il est interprété par un homme. Ce numéro me rappelle beaucoup de choses de mon enfance car le tango fait partie de ma culture, mon père a toujours voulu que je le danse, mais moi j’étais plus attiré vers la comédie musicale.
Avez-vous des projets, des désirs ?
En ce moment Amor Amor prend une place très importante car nous continuons au théâtre Comédia et après nous avons prévu une tournée française et internationale. Cela n’empêche que j’ai des projets, qu’il soit dans le domaine de la comédie musicale, du théâtre, et même du cinéma (peut-être même Amor Amor sur grand écran… qui sait??) Quant à mes désirs, j’en ai beaucoup… Par exemple j’aimerais qu’il y ait en France davantage de créations de comédie musicale car parfois on va chercher ailleurs ce que l’on peut trouver ici…