Robert Marien, vous interprétez le Capitaine Von Trapp dans La Mélodie du Bonheur, parlez-nous de ce rôle…
C’est un homme qui, par la force des choses, est devenu austère même s’il était sûrement au départ un homme sensible et dynamique. Il démontre une certaine autorité mais il est à l’écoute des gens. À la mort de sa femme, il se retrouve démuni et c’est, je pense, de là que provient cette austérité. Lorsque Maria arrive, il retrouve en elle tout ce qu’il recherchait et je pense qu’il y retrouve aussi l’essence de sa première femme. Maria va lui apporter toute cette sensibilité qu’il avait mise de côté et qui passe par les arts et la musique ; voilà pourquoi on l’appelle La Mélodie du Bonheur. Quand on chante, on dit qu’on est vivant, qu’on va survivre et qu’on va traverser les épreuves. Quand nous avons des choix à faire, c’est justement le cœur, la raison et aussi toute la sensibilité qui nous guident et c’est ce que Maria lui a fait réaliser.
Aviez-vous le champ libre pour interpréter ce rôle à votre façon ?
Au niveau de nos rôles, il y a de la place pour bâtir et tisser la vie de nos personnages en dehors de ce qui est écrit. Et c’est à partir de là que nous pouvons transmettre à nos personnages un peu de notre personnalité. Mais Denise [NDLR : Filiatrault, la metteure en scène] possède une bonne vue d’ensemble. Nous pouvons lui apporter quelques idées mais elle a des directives très précises. Par exemple, on ne peut pas donner à cette pièce une allure contemporaine, il faut vraiment respecter son contexte. On ne peut se permettre de tout réarranger car il faudrait alors réécrire complètement autre chose. Bien des gens nous demandent « Et le défi ? ». Le défi est-il de faire oublier Christopher Plummer et Julie Andrews ?
Alors quel est ce défi ?
Je ne pense pas en ces termes. La Mélodie du Bonheur que nous présentons est une Mélodie du Bonheur tout à fait québécoise puisqu’elle est jouée par des Québécois, avec leur sensibilité et leurs perceptions, le tout dans le contexte traditionnel de l’époque. Toutefois, au niveau de la fibre, de la vibration, c’est bien la nôtre. Et c’est, je pense, ce qui fait que les gens s’identifient aux personnages.
Pensiez-vous un jour interpréter ce rôle ?
Non, pas du tout. D’abord, je me disais qu’il n’y avait pas vraiment beaucoup à chanter dans cette pièce. Mais lorsqu’on a annoncé qu’il y aurait une production québécoise de La Mélodie du Bonheur, plusieurs personnes m’ont dit « Robert, tu devrais jouer ça ». En fait, ce sont mes amis qui m’ont fait réaliser que je pouvais jouer ce rôle. Ils me voyaient déjà tellement en Capitaine Von Trapp que je me suis dit que j’étais déjà crédible sans n’avoir rien fait (rires). C’est à ce moment que j’ai communiqué avec Denise Filiatrault, pour lui dire que j’étais libre et que le projet m’intéressait. Je mentirais si je vous disais que j’ai toujours rêvé de jouer le rôle du Capitaine. Mais je maintiens que je suis très heureux de l’interpréter.
Et de travailler avec les enfants ?
C’est un vrai bonheur de voir tous ces enfants qui vont vivre une expérience absolument extraordinaire et de pouvoir aussi partager mon expérience avec eux. Les enfants sont d’un naturel tellement renversant que j’apprends beaucoup en les regardant ; ça m’inspire et ça me donne de l’énergie.
Avant même le début des représentations, vous affichiez déjà complet. Est-ce que cela vous a imposé davantage de pression ?
Non, au contraire, je pense que nous allons en retirer beaucoup d’énergie. Les gens ont vraiment hâte de voir la pièce. Alors, ils vont nous donner cette énergie et on va la leur rendre, c’est un bel échange. Je ne monte pas sur scène pour me faire plaisir mais bien pour faire plaisir aux spectateurs et être généreux avec eux. J’ai hâte de voir les parents avec leurs enfants !
Croyez-vous que nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne la comédie musicale au Québec ?
Je me bats et défends la comédie musicale au Québec et ce, autant au niveau du développement que de sa reconnaissance. Je pense qu’on mérite une plus grande reconnaissance de la part du ministère des Affaires Culturelles. La comédie musicale, c’est aussi un art qui doit se pratiquer pour pouvoir s’améliorer. Nous ne pouvons pas « théoriser » sur ce média indéfiniment, alors il faut en faire.