Richard Charest – Un maître de piste à découvrir

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Richard Charest en maître de piste dans la comédie musicale <i>Big Bazar</i> © JF Leblanc
Richard Charest en maître de piste dans la comédie musi­cale Big Bazar © JF Leblanc

Par­lez-nous du Big Bazar
C’est un bel événe­ment, pro­fes­sion­nelle­ment par­lant, qui n’a jamais été remon­té depuis la ver­sion orig­i­nale de 1973. C’est une oppor­tu­nité assez excep­tion­nelle de présen­ter une œuvre qui a quand même mar­qué plusieurs généra­tions car les chan­sons de Michel Fugain sont restées dans l’inconscient col­lec­tif et con­tin­u­ent de pass­er à la radio. Beau­coup de gens ne savaient pas que ces morceaux étaient issus d’un spec­ta­cle ini­tial,  avec une cer­taine dra­maturgie. Donc on fait une sorte de mise à jour et nous avions hâte de voir si, au niveau des thèmes, cela allait bien pass­er de généra­tion en généra­tion. On garde en tête des chan­sons de  Michel Fugain telles que « Fais comme l’oiseau », « Chante la vie chante », « C’est la fête », etc. Lorsqu’on évoque des titres comme ceux-là, on se dit « C’est peut-être un peu naïf ? Est-ce qu’en 2010 cela a encore des réso­nances ? ». Et éton­nam­ment oui, parce qu’elles  par­lent d’environnement, de jeunes hommes et femmes qu’on envoie faire la guerre, de lib­erté, d’émancipation, de télévi­sion qui pense pour nous. Voilà plein de choses qu’on essaie de nous incul­quer ; c’est très actuel. On prend beau­coup de plaisir à voir la réac­tion des gens qui nous suiv­ent. C’est bien par­ti et nous avons eu de bons papiers, un bon accueil de la cri­tique et du pub­lic. Nous sommes sur un petit nuage et on essaie de le préserv­er le plus longtemps pos­si­ble. Et Mon­tréal l’été, aux Fran­co­folies, pas besoin de s’étendre longtemps sur le sujet… (rires)

Vous y tenez le rôle du Maître de piste, ce même rôle qu’avait tenu Michel Fugain lors de la créa­tion du Big Bazar. Par­lez-nous de ce rôle.
Je reprends exacte­ment son rôle, à quelques dif­férences près : le Maître de piste, qu’on appelle ici le grand frère, est le fil con­duc­teur, le nar­ra­teur de l’histoire, et en même temps le guide puisque le Big Bazar c’est avant tout l’histoire d’un petit homme qui vient au monde et à qui on va enseign­er du mieux pos­si­ble les grandes vérités de la vie. Voilà donc le Maître de piste qui s’assure que le petit bon­homme va faire son bout de chemin. La dif­férence avec la ver­sion de 1973 de Michel Fugain, c’est qu’il inter­pré­tait la majorité des chan­sons — à l’ex­cep­tion de quelques-unes, attribuées à d’autres mem­bres du Big Bazar. Dans notre ver­sion, le défi était de recruter des chanteurs déjà pré-étab­lis et d’horizons assez dif­férents. On y retrou­ve d’ex Stara­cadémi­ciens, des gens du théâtre, du ciné­ma et même du spec­ta­cle musi­cal. Donc il fal­lait faire en sorte qu’ils aient une belle représen­ta­tiv­ité de voix et de tim­bres. Nous avons même dû mod­i­fi­er des tonal­ités pour que cela con­vi­enne davan­tage aux filles et moi, je con­tin­ue d’être très présent parce que le fil rouge est là tout le temps. L’histoire est per­son­nifiée davan­tage par les autres inter­venants du spec­ta­cle afin que ce soit plus équili­bré. Cela a comme effet que c’est moins un tour de chant de Michel Fugain et le Big Bazar : c’est vrai­ment le Big Bazar.

Est-ce que Michel Fugain vous a con­seil­lé pour ce rôle ?
Nous en avons par­lé, bien sûr, car ce n’est plus un secret pour per­son­ne que Michel Fugain est mon beau-père mais l’attribution de ce rôle s’est faite par hasard car le lien famil­ial n’a rien à voir avec ma présence ici. En effet, c’est la choré­graphe Geneviève Dori­on-Coupal, une choré­graphe sen­sa­tion­nelle, qui était de pas­sage à Paris en mars dernier, pour le spec­ta­cle de Michel auquel j’assistais avec mes fils. En me voy­ant, elle m’a dit « J’ai une idée ! Tu fais quoi en juin ? ». Michel n’était même pas au courant. Nous l’en avons infor­mé ensuite et il était plutôt ravi. Il m’a remis les DVD orig­in­aux des spec­ta­cles de 1974 et 1976 à l’Olympia de Paris et m’a dit de lui faire signe si j’avais besoin de quoi que ce soit. Je n’en ai pas ressen­ti le besoin et ce, pas néces­saire­ment pour m’en détach­er. Mais j’avais bien com­pris ce que j’avais à faire et avec les DVD j’avais suff­isam­ment de matériel pour me faire une idée. Comme, à l’époque, il était vrai­ment le cen­tre d’attraction du spec­ta­cle et que j’allais être davan­tage l’élément qui fait les liens, je ne pou­vais pas approcher ce rôle de la même façon. Je savais qu’il y avait une cau­tion, qu’il était d’accord et que la pro­duc­tion était ravie. Et pour le moment, tout le monde est content…

Aviez-vous peur des comparaisons ?
C’était déjà suff­isam­ment sur­réal­iste de chanter son spec­ta­cle et d’incarner son rôle, avec Michel dans la salle lors de la pre­mière. Le tout à Mon­tréal. Cela fai­sait plusieurs années que j’avais envie de revenir tra­vailler ici. Dans la salle, il y avait quelque chose de très par­ti­c­uli­er et apparem­ment on a trou­vé que ce que je fai­sais était bien. Je pense que cela a servi l’histoire car per­son­ne n’a fait men­tion de mon statut de gen­dre. Ce n’était que du posi­tif et j’en suis ravi ! Cela con­tin­ue à entretenir cette espèce de sur­réal­isme ambiant depuis le début.

Vous êtes la per­son­ne d’expérience de cette troupe. Vous demande-t-on des conseils ?
C’est arrivé et cela se fait très naturelle­ment dans ce genre de pro­duc­tion. J’ai du recul, une posi­tion un peu dif­férente par rap­port à eux. En effet, j’ai fait toutes ces dates avec la comédie musi­cale Notre-Dame de Paris ; j’ai con­nu des tonnes de pre­mières médi­a­tiques et des séries de con­certs rap­prochés, des salles et des publics qui vari­ent d’un soir à l’autre ain­si que des réac­tions tout aus­si divers­es. Alors, comme j’ai déjà un peu vécu tout ça, je ne suis pas vrai­ment sur­pris. Cela me per­met effec­tive­ment de ras­sur­er quelques mem­bres de la troupe car cer­tains vivent leur pre­mière expéri­ence : je pense notam­ment à Jason Roy-Léveil­lée, qui est une star de la télé et du ciné­ma mais dont c’est le pre­mier spec­ta­cle. Il était très nerveux, mais ça c’est très bien passé pour lui. J’essaie de faire bon usage de mon expérience.

Croyez-vous à la pos­si­bil­ité que Big Bazar, nou­velle généra­tion, soit un jour présen­té en France ?
For­cé­ment, comme nous avons une très forte réac­tion, le pre­mier réflexe a été de nous deman­der « À quand la France ? ». C’est entre les mains des pro­duc­teurs. Tout le monde a envie d’y aller, moi y com­pris ; je vis là-bas. Ce serait une belle façon de boucler la boucle, mais il n’y a aucune con­fir­ma­tion, aucune date d’avancée… Affaire à suivre.

Vous tra­vaillez beau­coup en Europe. Quel effet cela vous fait-il de revenir au Québec ?
Cela fait plaisir. J’ai eu la chance de revenir au Québec à deux repris­es avec Notre-Dame de Paris, en 2001 et 2005, avec deux dis­tri­b­u­tions dif­férentes. C’était for­cé­ment le suc­cès car nous arriv­ions avec notre tableau de médailles, nos expéri­ences de tournées… Là, c’est un peu l’inconnu. Oui, c’est le Big Bazar, mais cela ne veut pas dire que tout le monde va y adhér­er mais il se trou­ve que oui, il y a une sorte d’adhésion un peu générale. Je reçois des coups de fil de per­son­nes que je n’ai pas vues depuis longtemps. Et pour moi, pass­er quelques semaines à Mon­tréal con­sti­tu­ait déjà une belle victoire.

Serez-vous de la tournée québé­coise du Big Bazar ?
Nous avons huit représen­ta­tions à Mon­tréal et il y aura une tournée cet automne. Je serai alors sur un autre pro­jet (Il était une fois Joe Dassin) à Paris, mais il n’est pas exclu et c’est même tout à fait souhaitable pour moi que je puisse revenir plus tard pour con­tin­uer cette belle aven­ture qu’est le Big Bazar.

Com­ment êtes-vous arrivé sur ce spec­ta­cle, Il était une fois Joe Dassin ?
Comme tou­jours, à Paris, on entend par­ler de cast­ings, de pro­jets qui se mon­tent, par les chanteurs, les directeurs de cast­ing et quelque­fois aus­si en lisant Regard en Coulisse. Dans ce cas, je con­nais le directeur de cast­ing, Bruno Berberes, que j’ai croisé à la pre­mière de Zor­ro. Il m’a dit qu’ils en étaient au deux­ième ou troisième tour et que je devais pré­par­er quelques morceaux. Et j’ai été sélec­tion­né. Christophe Bar­rati­er, issu du ciné­ma, veut faire quelques chose de très pop­u­laire. C’est son état d’esprit. Là, on va pou­voir jouer des instru­ments live sur scène et pour moi, ça va chang­er de Notre-Dame de Paris, du Big Bazar ou de Rab­bi Jacob. Ca, c’est déjà un beau défi.

Il était une fois Joe Dassin, c’est une comédie musi­cale, une revue ?
Plutôt une revue, avec pro­jec­tions, où per­son­ne ne va incar­n­er Joe Dassin. On va évo­quer sa car­rière à tra­vers des tableaux et des chan­sons, selon les dif­férentes épo­ques. On va se répar­tir les chan­sons, un peu par genre, et je pense récupér­er le style un peu plus folk du début de sa car­rière, ce qui n’est pas pour me déplaire car il y a de très jolies chan­sons. On se laisse un peu porter et vive­ment le début des répé­tions le 23 août prochain. C’est à ce moment-là qu’on va décou­vrir dans quelle aven­ture on se lance. La pre­mière aura lieu le 1er octo­bre et une quar­an­taine de dates sont prévues au Grand Rex puis en tournée en France.