Auteur : Miklos Laszlo.
Mise en scène : Jean-Luc Revol.
Livret : Joe Masteroff.
Lyrics : Sheldon Harnick.
Musique : Jerry Bock.
Traduction & adaptation française : Laurent Lafitte & Judith El Zein.
Avec Kad Merad, Magali Bonfils, Laurent Lafitte, Pierre Santini, Alyssa Landry, Andy Cocq, Paolo Domingo, Jean-Michel Fournereau, Lauri Lupi, Sofia Naït, Mélusine, Laure Balon, François Beretta, Grégory Gonel, Olivier Tiago Do Nacimiento.
Rendez-vous ouvre le feu des spectacles musicaux de la rentrée. Pari risqué que d’investir le Théâtre de Paris avec une tête d’affiche omniprésente dans le cinéma français, avec l’adaptation d’une comédie musicale des années soixante, elle-même tirée de Parfumerie, devenue au cinéma La Boutique au coin de la rue, film inoxydable d’Ernst Lubitsch, mais aussi In the Good Old summertime, avec Judy Garland.
Si les spectacles suivants sont aussi respectueux du monde du musical, inspirés et divertissants, la saison promet d’être délectable. En refusant de couper des chansons ou des scènes, l’équipe artistique respecte l’œuvre originale et impose un rythme devenu de plus en plus inhabituel. Voilà un spectacle qui prend son temps pour dérouler son histoire : soit la vie dans la parfumerie Maraczek, en Hongrie, et notamment la correspondance amoureuse que s’échangent George Nowack, employé modèle, et une énigmatique jeune femme. Une histoire d’amour épistolaire unit les amants virtuels. Lorsqu’arrive à la boutique la jeune Amalia Balash, l’atmosphère s’envenime. George ne supporte pas cette jeune femme. Et pourtant… Oui, Amalia (qui, entre nous soit dit, veut dire « aime là »), est bien la mystérieuse correspondante.
Autant dire que la forme prime largement sur le fond : n’importe quel spectateur aura deviné en quelques minutes l’issue de l’histoire. Mais avant que l’idylle ne se noue, tout le petit monde de la parfumerie aura défendu sa partition. Saluons l’intégralité de la troupe : aucun interprète n’est mis de côté et chacun dispose de moments de bravoure délectables, à l’instar d’Ilona Ritter, superbement incarnée par Alyssa Landry ou de Andy Cocq en pleutre sympathique. Chaque membre de la troupe est à saluer : aucun ne démérite. Et Kad Merad ? Eh bien on se demande pourquoi il a attendu si longtemps avant de se lancer dans la comédie musicale. Il maîtrise fort bien sa voix et semble s’amuser sur scène. La délicieuse Magali Bonfils incarne une Amalia déterminée et Laurent Laffite, grand amateur de musical et co-adaptateur avec Judith El Zein, est irrésistible en Steven Kodaly, séducteur fat et sûr de lui. Jean-Luc Revol a opté pour une mise en scène fluide, utilisant un plateau tournant qui permet de se retrouver en un tour de main dans les différents décors. Là encore, sa connaissance et son respect pour le théâtre musical permettent à Rendez-vous d’être un spectacle fortement recommandable. Sans oublier les arrangements de Thierry Boulanger qui a réduit pour sept musiciens (et quels musiciens !) la partition originale. Trois heures de spectacle, histoire de découvrir une pièce qui ne fut pas un triomphe à Broadway en comparaison de Oliver!, présenté la même année, mais qui occupe une place à part dans le cœur des amoureux des comédies musicales… et de crème glacée.