Michael Cooper, comment est né votre désir d’écrire pour le théâtre musical ?
J’ai grandi dans une petite ville, Nogales, en Arizona, près de la frontière mexicaine. Enfant, j’accompagnais mes parents à New York quand ils y allaient pour affaires et les premiers musicals que j’ai vus sont Cats et Big River, puis plus tard, Le Fantôme de l’Opéra, Into The Woods, Miss Saigon. J’aimais être transporté dans ces univers inhabituels et spectaculaires, être transformé par ces personnages passionnés et plus grands que nature, dévoilant leur cœur sur scène, accompagnés d’une belle mélodie et d’un somptueux orchestre. Dès mon plus jeune âge, j’ai su qu’il fallait que je m’installe à New York pour faire partie de tout ça. J’ai commencé à commander et à dévorer des tonnes de cast albums (bien avant l’ère du shopping en ligne !). J’achetais littéralement tout ce que je pouvais, que ce soit des hits ou des flops.
Quelles sont vos influences dans le théâtre musical ?
Je suis ébloui par les lyrics de David Zippel (City of Angels). J’admire la sensibilité et la dextérité de Stephen Schwartz – et c’est un professeur formidable. Je pense que quiconque écrit des musicals doit tirer son chapeau à Stephen Sondheim et Andrew Lloyd Webber, ainsi qu’à Boublil et Schönberg pour leurs mélodies et leur force émotionnelle — ils ont redéfini ce que pouvait être le spectacle populaire : de l’esprit et du cœur. Je ne loupe jamais aucun spectacle de Michael John LaChiusa. Je me sens également très connecté à Ed Kleban, le lyriciste de A Chorus Line. Il est plus connu pour ses lyrics mais il compose également et ses chansons vous frappent droit au cœur.
Comment définiriez-vous votre style ?
Un comédien a récemment défini mon style d’écriture comme étant du réalisme romantique, et je pense que c’est une définition assez juste. Ma musique a certainement une sensibilité pop. J’aime aussi les rimes internes mais je peux aussi rester simple et épuré – on peut mettre tellement de sens dans peu de mots et j’aime ce défi. J’aime raconter des histoires inhabituelles avec une musique accessible. J’aime développer des personnages dans des situations complexes, des histoires qui se déploient dans des décors riches dramatiquement où tout peut arriver. Je veux que le public ressente profondément, rie, pleure en entendant une chanson humaine qui les transporte et les illumine. Selon moi, les enjeux émotionnels et dramatiques doivent être hauts pour que l’idée puisse être chantée.
Vous avez fait vos débuts à Broadway en tant que lyriciste sur It Shoulda Been You (2015, avec Tyne Daly et Sierra Boggess). Quels souvenirs en gardez-vous ?
It Shoulda Been You fut une expérience unique et j’ai eu beaucoup de chance de travailler sur ce projet. Je suis arrivé assez tardivement quand Barbara Anselmi (concept et musique) et Brian Hargrove (livret et paroles) cherchaient un numéro d’ouverture pour le spectacle. Je me souviendrai toujours quand nous travaillions ensemble autour du piano, dans l’appartement de Brian et David Hyde Pierce, à brainstormer, lancer toutes sortes d’idées fun pour faire naître cette chanson. Je ne pensais pas qu’elle ferait l’ouverture d’un show de Broadway, on essayait juste de créer quelque chose là où il n’y avait encore rien. Flash forward jusqu’à la première à Broadway, quelques années plus tard, avec ma famille et mes amis, à retenir mon souffle au lever du rideau… Toute l’équipe de ce spectacle était excellente, du cast aux techniciens et à la production. Ce fut un rêve de faire mes débuts à Broadway entouré par autant de talent.
Qu’attendez-vous de votre collaboration avec des artistes français ?
Je suis excité à l’idée que des chanteurs français s’approprient ce projet. Comme Love, Always est un musical tout frais, nous avons travaillé étroitement avec l’équipe créative et les comédiens parisiens pour réimaginer le spectacle pour Broadway au Carré. A Paris, nous avons la chance de travailler avec deux comédiens talentueux au multiples facettes, Alexandre Jérôme et Dalia Constantin, qui apporteront leur savoir-faire unique alors je voulais utiliser ça ! Love, Always, c’est un piano et deux performers agiles, tout repose sur leur alchimie. “Elle” et “Lui” ne quittent jamais la scène durant une heure, se transforment sans cesse en nouveaux personnages, dans des situations nouvelles, et chaque scène nous ramène dix ans en arrière sur le cours d’un siècle. Love, Always nécessite de la comédie et une théâtralité subtile. Avec mon collaborateur et librettiste Bill Connington, nous avons essayé de créer quelque chose d’intime et intemporel.
Quels sont vos projets ?
J’ai écrit un one-woman-show musical avec l’auteur et librettiste Anton Dudley, intitulé Second To Nun, basé sur la vie de la religieuse québécoise Sainte Marguerite Bourgeoys. C’est un spectacle très émouvant sur la foi et le fait de rester fidèle à son appel, même quand on est seul à l’entendre. Nous développons ce projet avec Cady Huffman (qui a gagné le Tony pour son interprétation d’Ulla dans The Producers) qui est simplement incroyable. La partition est pour piano et violoncelle et c’est la première fois que je suis uniquement compositeur.
J’écris également un musical sur Coney Island, intitulé Luna Park avec Hyeyoung Kim, basé sur les vies de Fred Thompson et Skip Dundy qui étaient les précurseurs de Walt Disney dans le sens où ils ont imaginé un parc d’attractions comme on n’en avait encore jamais vu. C’est une épopée dramatique musical et nous avons fait un workshop cette semaine à Londres dans le cadre du From Page To Stage Festival of New Musicals.
Broadway au Carré — Love, Always – Jeudi 10 novembre 2016 à 19.30 – Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75011 Paris
Love, Always sera suivi d’un open mic ainsi que de la création d’une chanson écrite spécialement par Michael Cooper pour Lisandro Nesis dans le cadre de MuseMatch.
Plus d’infos www.michaelcoopermusicandlyrics.com