
Mathias Bord, parlez-nous de votre parcours. Comment avez-vous débuté ?
J’ai eu la chance d’avoir une maman passionnée de spectacles et de cinéma qui m’a, tout petit, emmené voir beaucoup de choses (danse, comédie musicale, théâtre, etc.). Déjà à l’âge de 6 ans, je désirais être sur scène, en faisant un peu de danse classique (mais il n’en reste pas grand-chose) puis, à 14 ans, j’ai eu un véritable coup de foudre pour le théâtre. J’ai intégré, vers 16 ans, une école privée d’art dramatique. J’avais toujours en moi cette envie de chanter mais je n’ai franchi le pas que vers 22 ans. À la sortie de l’école, j’ai eu la chance d’être repéré par un agent. J’ai fait plus de théâtre que de spectacles musicaux même si la tendance commence à s’inverser (rires). Je me considère vraiment comme un comédien qui chante et non l’inverse. Il y a eu des pièces de théâtre (Pinter, Novarina, Genet), quelques tournages, puis, en 2005, la création d’Un Violon Sur le Toit au Comédia et au Casino de Paris. J’ai eu la chance d’y jouer les trois jeunes premiers (Fiedka, Motel en tournée et Perchik en tant que doublure à Paris). J’ai adoré faire ce spectacle.
Vous terminez actuellement la tournée de Mamma Mia! dans le rôle d’Henri. Quelle a été votre expérience au sein de ce spectacle ? Qu’appréciez-vous dans votre personnage ?
Mamma Mia! est un spectacle précieux dans mon parcours, comme une étoile au-dessus de ma tête. Je n’avais pas auditionné lors des deux premiers castings pensant qu’il n’y avait aucun rôle pour moi. Et puis, la directrice de casting m’a appelé pour le cast de la tournée. J’ai été retenu comme ensemble/doublure. J’ai tout de suite senti l’alchimie entre le rôle d’Henri et moi. Son côté british mêlé à sa spontanéité m’amusaient beaucoup. Et puis, ses souvenirs de jeunesse qu’il tente de retrouver sur l’île car sa vie est à présent ailleurs, ça parle à tous le monde non ? Lors de ma première représentation comme doublure, j’ai pu montrer tout ce que je pouvais faire dans ce rôle, chose que je n’avais pas totalement réussi à faire pendant les auditions. Suite au départ du titulaire, la directrice artistique, en accord avec les créatifs, m’a proposé le rôle. Et ce, après quatre semaines de contrat… Une étoile au-dessus de ma tête, je vous dis ! Je ne pensais pas prendre autant de plaisir à jouer dans un spectacle comme Mamma Mia!. C’est aussi très fort à vivre de l’intérieur, la troupe est une véritable famille, respectueuse de chacun. Un lien très particulier nous unit. Il y a en coulisses un savoureux mélange de folie douce et de professionnalisme, ce qui rend le spectacle extrêmement vivant et précis. La tournée dans les Zéniths a remporté un tel succès que nous avons dû prolonger de deux mois et faire un retour à Paris au Palais des Sports en septembre dernier.
Vous allez enchaîner avec un autre registre, Quartier Noir, une pièce de Thibault Joulier Pouvez-vous nous en parler ?
Dans le cadre du festival “Mise en demeure” du Studio d’Asnières, nous jouerons quatre soirs une création théâtrale sur un sujet fort et périlleux : la toxicomanie. Autour d’un banc public, une galerie de personnages pittoresques et émouvants. Thibault Joulier — metteur en scène et auteur — a su éviter tous les écueils liés au sujet. La pièce est parfois sombre mais jamais glauque. Il y a au contraire une lumière, voire une légèreté, qui accompagne chaque scène. Les personnages sont forts et poétiques. Thibault a fait d’un sujet risqué une pièce audacieuse et onirique où l’on rit souvent. C’est un vrai travail de compagnie et j’adore ça ! J’interprète un rôle à l’opposé d’Henri le métaleux, tant dans son apparence que dans son vécu mais chut… il faudra venir.
Quels sont vos projets futurs et vos envies ?
Quartier Noir est au début de son existence alors j’espère qu’il suivra une belle et longue route. J’ai aussi un autre beau projet mais c’est trop tôt pour en parler. Après Mamma Mia! j’ai très envie de revenir au théâtre musical. En même temps, j’ai toujours été divisé dans mes goûts et mes envies entre spectacle populaire et travail de recherche théâtrale. L’idéal pour moi serait d’alterner comédie musicale et théâtre, travail de compagnie et grosse production. Un bon boulevard puis un Novarina ! L’un nourrit l’autre… et vice versa.