
Marianne Rivière, vous êtes la présidente des Concerts Pasdeloup. Pouvez-vous nous parler de leur histoire ?
En 1861, Jules Pasdeloup, qui était lui-même chef d’orchestre, a créé son orchestre qu’il a appelé Les Concerts Populaires. A l’époque, c’était très novateur de vouloir aller vers le public et de faire entendre le répertoire. Il a investi le Cirque d’Hiver, et à lire les récits des journalistes, il y avait plus de 4.000 personnes qui couraient aux concerts le dimanche. Cette tradition est restée depuis : permettre aux personnes de penser qu’ils peuvent ouvrir les portes des salles. Il y a un public qui ne sort jamais et qui pense que la musique classique a une réputation fermée. Les Concerts Pasdeloup ont toujours été un endroit où on se sent bien, où on a le plaisir d’écouter à la fois le répertoire et des créations actuelles et rencontrer des artistes qui ont cet esprit ouvert.
Il y a donc toujours eu cette vocation à la fois d’accessibilité et de diversité des styles musicaux.
On raconte qu’à l’époque de Pasdeloup, durant des concerts de Saint-Saëns, qui n’est a priori pas un compositeur d’avant-garde, les gens hurlaient tellement qu’on n’entendait pas la musique. Mais Pasdeloup croyait tellement en ses goûts qu’il pouvait reprogrammer la même œuvre la semaine suivante. Cette envie de faire connaître est toujours très actuelle. Avec Patrice Fontanarosa, notre conseiller artistique, on a essayé d’explorer de nombreux répertoires. Pour un orchestre symphonique, il y a le « grand répertoire » — celui du XIXe siècle (les symphonies de Beethoven Brahms, Mahler) -, le répertoire plus moderne avec des œuvres magistrales comme Le Sacre du Printemps de Stravinsky, le répertoire contemporain – des jeunes compositeurs dont on crée les œuvres -, et puis il y a le répertoire boudé par l’orchestre symphonique pendant trente ou quarante ans comme le Offenbach, dont on a créé le Concerto pour violoncelle en 2004. Et enfin, au Théâtre du Châtelet, on a fait beaucoup de comédies musicales avec Jean-Luc Choplin. On a travaillé un style avec des chefs, des chanteurs, parce qu’on ne joue pas ce répertoire comme on joue une symphonie de Mozart. Ca donne une phalange très souple aux musiciens qui aiment varier de style et ça montre qu’avec son instrument, on peut jouer des choses très différentes et avec beaucoup de plaisir.
Par rapport à la comédie musicale justement, vous avez un public fidèle ?
Les publics ne sont pas cloisonnés et ils ont appris à nous suivre. On dit toujours que le public ne se déplace que pour ce qu’il connaît, mais je pense que le notre est à la fois très fidèle, et il a beaucoup changé en même temps : il y a un mélange. Mais il sait qu’il va être surpris… toujours agréablement. On doit apprendre au public à progresser avec nous. C’est ça le spectacle vivant : il faut découvrir et ne pas avoir peur d’être déçu. La comédie musicale est un vaste répertoire, tout n’est pas de qualité, on sélectionne des œuvres avec des connaisseurs comme Christophe Mirambeau, pour livrer le plus intéressant.
Vous avez envie de continuer à explorer cette voie ?
Bien sûr. Au tout début, on a eu des remarques très méprisantes de la profession classique disant qu’on faisait de « la musique légère ». Mais on n’a pas eu peur de nos envies, et puis on ne fait pas que ça. Cette année, par exemple, on a fait la Deuxième de Mahler. Et je pense qu’on joue mieux Mahler et qu’on joue mieux la comédie musicale, parce qu’on a cette souplesse de style.
Pouvez-vous nous parler du concert Americans in Paris ! avec Liz Callaway et dirigé par David Charles Abell ?
On a rencontré David Charles Abell, chef d’orchestre anglo-méricain, à l’occasion d’On The Town au Châtelet. On lui a demandé de travailler à une idée de concert en invitant Liz Callaway. Ils nous ont proposé un programme autour de Gershwin, des grands succès de Broadway mais aussi de ceux de Liz Callaway, et des musiques de films. Liz Callaway a une voix d’une pureté impressionnante, une femme remarquable, assez unique de l’entendre à Paris. Je voudrais conclure avec une petite histoire. On raconte que George Gershwin, quand il était à Paris, est venu aux Concerts Pasdeloup et c’est d’ailleurs là qu’il a rencontré Maurice Ravel. En rentrant aux Etats-Unis, il a écrit… Un Américain à Paris que nous avons inclus dans le programme !
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