C’est dans les loges du Cirque Royal de Bruxelles que nous avons rencontré la troupe de La Mélodie du Bonheur. Après ce passage dans la capitale belge, le spectacle passera par Liège (5 janvier) et Louvain-la-Neuve (11 janvier).

Fleur Mino (Maria Rainer)
C’est à Fleur Mino que revient la responsabilité d’incarner le rôle mythique de Maria. La jeune comédienne, qui navigue entre le milieu lyrique et celui de la comédie musicale, nous confie qu’elle a grandi avec le film : « Ca me touchait particulièrement car je suis savoyarde. J’adore les balades en montagne, et au dessus de chez mes parents, il y avait des moines et chaque matin, je prenais mon vélo et j’allais bénir la nature avec eux. Tout cet aspect du personnage de Maria me faisait rêver. Jouer ce rôle est un très beau cadeau, après je ne peux pas me comparer à d’autres interprètes, je crois qu’on doit faire de notre mieux avec ce qu’on est. »
Pour Fleur Mino, le challenge du rôle est de bien montrer le parcours du personnage : « Au début, Maria est une fille terrienne, de la campagne, elle n’a pas d’hésitation, elle est très ‘nature’ et puis, il y a cet homme qui vient tout bouleverser. Elle qui voulait être bonne sœur se rend compte qu’elle est amoureuse, et elle se transforme alors en femme. »
A l’aise dans le rôle de Maria, Fleur apprécierait également de jouer d’autres héroïnes du répertoire de Rodgers et Hammerstein. « J’adorerais jouer Laurey dans Oklahoma ! ou Julie dans Carousel et c’est notamment un répertoire que j’utilise notamment dans mes récitals. J’adore leurs œuvres. »
Mais en attendant, Fleur a des projets pour l’année à venir… et les suivantes. « J’ai de nombreux concerts prévus, durant lesquels je vais notamment reprendre la chanson ‘Glitter and Be Gay’ et on vient de me confier le rôle de Micaela, dans Carmen pour 2015 ! »

Fabrice Pillet (Capitaine Von Trapp)
Après une formation aux Conservatoires de Mons et de Bruxelles, Fabrice Pillet mène une carrière dans le théâtre musical belge aussi bien en français qu’en néerlandais. Il a joué notamment dans Les Misérables, Le Fantôme de l’Opéra, Jésus-Christ Superstar ou encore Tintin et le Temple du Soleil. Il passe sans problème d’une langue à l’autre mais confie travailler plus souvent en Flandre. « Depuis Tintin, la Flandre produit beaucoup de spectacles musicaux originaux, tout en continuant à acheter des licences de spectacles existants. A partir de mars, je serai en répétitions là-bas pour une création sur la guerre 14–18 et ça va être démentiel ! Ce sera du jamais vu. Ils vont mélanger le concept d’attractions et de comédie musicale. C’est le principe du train fantôme sauf que le chariot fera 1500 places. La scène fait 200 mètres de long, et dès les premières notes de musique, les spectateurs vont avancer dans le décor. »
En attendant, c’est le personnage du Capitaine Von Trapp qu’il défend en Belgique francophone. « Von Trapp est un homme d’une extrême sensibilité. Au début, il donne l’image d’un homme très sévère : il s’est réfugié dans la seule chose qu’il connaisse — l’autorité militaire — pour essayer de s’épargner et d’épargner les émotions de ses enfants. Il ne supporte pas le décès de sa femme et il en devient presque burlesque et touchant à faire marcher ses enfants au pas, et à les siffler. Il s’est fermé au monde et ne veut plus ressentir d’émotions. Il va commencer à redevenir l’homme complet qu’il était grâce l’arrivée de Maria, en osant montrant en même temps sa sensibilité et sa force. »
Pour Fabrice Pillet, le challenge principal est de ne pas en faire trop, de ne pas caricaturer, et d’essayer de prendre de la distance par rapport au film. « L’acteur original est une icône, explique-t-il, et j’étais content qu’on me fasse jouer sans perruque, sinon, inévitablement, il y aurait eu des comparaisons. L’autre challenge, c’est de faire en sorte qu’on ressente toujours la cohérence du personnage, d’autant plus qu’il y a de grosses fractures dans ses différents états : il peut hurler sur ses enfants et la seconde d’après, retourner dans quelque chose d’émotionnel. Il faut arriver à créer la cohésion entre ses différents états émotifs. »

Arnaud Delmotte (Max)
Arnaud Delmotte (vu récemment à Paris dans Frankenstein Junior) joue le rôle de Max, l’ami cynique du Capitaine Von Trapp. C’est Max qui proclame notamment : « J’aime les gens riches ! J’aime leur vie, et la mienne quand je suis avec eux… ». Pour Arnaud, Max est « un dandy un peu hors du temps, un pique-assiette qui pense avant tout à sauver sa situation. Il a cependant une vraie affection pour Von Trapp qu’il connaît depuis longtemps, qu’il a vu changer à la mort de sa femme. C’est un homme politique, quelqu’un qui sait naviguer en eaux dangereuses, qui a une grande tendresse pour cette famille, même si elle n’est pour lui qu’un moyen de se faire valoir face au pouvoir nazi montant… il les aide à s’enfuir, certes, mais pas avant d’avoir chanté pour lui au festival de Kaltzberg ! »
De cette expérience, Arnaud retient avant tout le travail d’équipe et l’état d’esprit de la troupe. « Angela Gonzales nous a réglé des numéros ‘Broadway’ comme on les aime. Xavier Elsen, le metteur en scène, a fait un superbe travail, nous a offert un beau cadre dans lequel évoluer et restera l’un des metteurs en scène avec lequel j’ai adoré travailler, il sait diriger les acteurs avec un haut niveau d’exigence et dans le plus grand respect ! Enfin, Patrick Leterme reste l’un des meilleurs directeurs musicaux que j’aie jamais eu ! C’est une vraie famille. Je sais que ces expressions sont un peu des lieux communs, mais j’ai rarement ressenti autant de soutien, de gentillesse, d’amour et de tendresse dans une compagnie. »

Juliette Sarre (La Baronne Elsa Schrader)
Juliette Sarre alterne entre le théâtre musical (Chance, Candide, Grease) et les revues et cabarets. Dans La Mélodie du Bonheur, elle incarne la Baronne Elsa Schrader : « Elsa est une veuve, une mondaine. Elle véhicule une certaine tristesse mais elle veut aussi épouser quelqu’un de bien. Elle revient avec le Capitaine d’un voyage où ils ont passé des soirées ensemble. Elle arrive chez lui pour la première fois et… se fait piquer la place par la baby-sitter (rires) ! Elle défend son territoire, avec son autorité mais elle n’a pas la force de conviction du Capitaine par rapport à l’invasion nazie. Elle pense comme beaucoup de gens à l’époque : elle croit qu’on ne peut rien faire contre ça, que ça ne sert à rien de s’ériger et qu’il vaut mieux attendre en espérant que ça s’arrange. Voilà pourquoi elle collabore sans être complètement pro-nazie. »
Avec la contrainte des vacances scolaires des enfants de la distribution, le spectacle commence ses répétitions dès le mois d’août : « Dès le départ, on a travaillé sur les trois disciplines : chant, théâtre, et danse. Par rapport aux autres comédies musicales que j’ai faites, on a vraiment fait un travail approfondi sur le théâtre, on nous demandé d’improviser, de proposer, on n’a pas toujours le luxe de pouvoir faire ce travail. »
De cette première expérience avec la compagnie Ars Lyrica, Juliette Sarre commente : « Je suis très enthousiaste concernant cette équipe : c’est rare d’avoir des personnes qui veulent promouvoir la comédie musicale avec une qualité musicale comme celle-là et avec beaucoup d’inventivité. J’espère qu’il vont mettre en œuvre d’autres spectacles. »
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L’album photo du spectacle
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