Jill Santoriello, quel est votre parcours ?
J’ai étudié le journalisme à l’université mais je suis fan de comédies musicales, au théâtre comme au cinéma, depuis que je suis petite. Mais à part chanter dans des chorales durant ma scolarité et jouer dans les spectacles de fin d’année, mon parcours est surtout celui d’une fan incroyablement passionnée par cette forme artistique.
Comment est né votre désir d’écrire pour le théâtre musical ?
Quand j’ai vu Angela Lansbury dans le revival de Mame à Broadway en 1983 ! En fait, la raison pour laquelle je suis allée à New York pour voir le spectacle, c’est que quand j’étais petite, j’étais totalement amoureuse de Lucille Ball [NDLR : comédienne américaine, célèbre, entre autres, pour sa série I Love Lucy], et elle avait joué dans l’adaptation cinématographique de Mame, que j’avais vue quand j’avais neuf ans. Et neuf ans plus tard, quand Mame est revenu à Broadway, il fallait que je le voie, et là je suis tombée amoureuse d’Angela Lansbury et du spectacle. Je suis devenu obnubilée par tout ce qu’avait pu faire Angela Lansbury et c’est comme ça que j’ai découvert les musicals de Stephen Sondheim. Son œuvre est ensuite devenue ma nouvelle obsession (oui, quand je m’intéresse à quelque chose, c’est jusqu’à l’obsession !).
Je joue du piano en autodidacte depuis que j’ai six ans et j’ai cette faculté naturelle de pouvoir m’asseoir au piano, sans partition, et jouer ce qui me passe par la tête. J’avais déjà écrit des chansons par le passé mais sans jamais envisager sérieusement d’être compositeur. Cela me semblait être un rêve improbable. C’est donc à cause de Sondheim et de ma nouvelle passion pour les musicals que j’ai décidé vers 17 ou 18 ans que ce que je voulais vraiment faire, c’était d’écrire des musicals. Et c’était parti ! Mon premier musical était une adaptation, pas très très bonne, des Hauts de Hurlevent. j’ai arrêté après la première version et j’ai commencé à chercher une autre histoire à mettre en musique et ce fut A Tale of Two Cities [NDLR : Le Conte des Deux Cités, de Dickens].
Quelles sont vos influences dans le théâtre musical en dehors de Sondheim ?
Avant de tomber amoureuse de Sondheim, j’étais déjà beaucoup influencée par d’autres compositeurs. Mes premières et grandes influences étaient principalement les compositeurs hollywoodiens des années 30 et 40, comme Max Steiner qui a composé la musique d’Autant en emporte le vent et Casablanca et de beaucoup de beaux films pour la Warner avec Bette Davis. J’aime aussi des compositeurs plus contemporains comme John Williams. Enfin, avant Sondheim, j’étais aussi une grande fan des musicals de Rodgers et Hammerstein et des chansons populaires de cette époque : Gershwin, Berlin, etc.
Quels souvenirs gardez-vous de vous de votre expérience à Broadway avec A Tale of Two Cities ?
En fait, j’ai littéralement beaucoup de souvenirs physiques de cette production dans mon appartement… ce qui fait que mon appartement est assez encombré ! Comme la route pour arriver à Broadway a été très longue pour moi — 21 ans pour être exact — j’ai accumulé d’innombrables souvenirs et expériences au cours des années de développement du spectacle. Une des nuits les plus mémorables fut quand Julie Andrews est venue voir le show. j’ai eu l’occasion de la rencontrer, mais surtout, comme j’étais assise dans une loge d’orchestre, j’ai pu l’observer en train de regarder mon spectacle. C’était une soirée assez incroyable. Ce qu’il y a de bien dans un processus aussi long, ce sont les amitiés durables qui se forment et j’ai la chance d’être devenue très proche de mes producteurs et de m’être fait quelques autres amis très chers.
Quels sont vos projets ?
Je travaille actuellement sur un spectacle qui s’appelle It Happened in Key West, une comédie musicale décalée, macabre et romantique basée sur une histoire réelle étrangement choquante. Il y aura plusieurs chansons de ce projet à la soirée Broadway au Carré. Pendant qu’on travaille à la mise en production de Key West, j’ai commencé à écrire Pollyanna, une adaptation d’un classique pour enfants et, dans un futur pas trop lointain je l’espère, une version musicale du best-seller de Diana Gabaldon, Outlander. Deux chansons de ce projet seront interprétées durant le concert.
Broadway au Carré – Jeudi 14 avril à 19.30 – Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75011 Paris
Le concert sera suivi d’un open mic.
Par ailleurs, A Tale of Two Cities est disponible en CD et DVD.