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Rencontre avec Daniel Maté, auteur-compositeur

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Daniel Maté (c) DR
Daniel Maté © DR

Daniel Maté, quel est votre parcours ?
Je suis né et j’ai gran­di sur la côte Ouest du Cana­da, à Van­cou­ver. J’ai étudié la psy­cholo­gie et la philoso­phie à McGill Uni­ver­si­ty à Mon­tréal mais j’ai tou­jours été plus intéressé par l’u­nivers artis­tique. Je suis ensuite retourné à Van­cou­ver pour effectuer des petits boulots tout en écrivant des chan­sons et en tra­vail­lant dans le théâtre (prin­ci­pale­ment en tant que comé­di­en). Juste avant mes trente ans, j’ai décidé d’u­tilis­er ma créa­tiv­ité de façon plus pro­fes­sion­nelle. C’est là que j’ai démé­nagé à New York pour étudi­er l’écri­t­ure du théâtre musi­cal à NYU. C’é­tait il y a neuf ans.

Quand avez-vous com­mencé à aimer le théâtre musical ?
C’est un proces­sus con­tinu. Je n’ai pas gran­di en étant un grand fan de musi­cals, je n’y con­nais­sais d’ailleurs pas grand chose. Il y avait bien quelques shows que j’aimais et que j’é­coutais enfant, comme La Petite bou­tique des Hor­reurs ou Un Vio­lon sur le toit, mais je n’en avais pas vu beau­coup sur scène et j’avais sans doute un préjugé qui me dis­ait que je n’aimerais pas : trop pail­lettes, pas assez cool.
L’idée de démé­nag­er à New York pour étudi­er cet art m’est venue quand j’ai réal­isé que la musique et le théâtre étaient mes deux choses préférées et qu’il sem­blait cohérent que la com­bi­nai­son des deux serait une source d’in­spi­ra­tion stim­u­lante pour moi. De plus, le style de mes chan­sons ne s’in­scrit pas dans un genre pop par­ti­c­uli­er, et comme les paroles ont tou­jours été impor­tantes pour moi, les chan­sons de théâtre musi­cal me sem­blent être le bon sup­port pour m’ex­primer. Je suis ravi de voir que j’avais raison !
Depuis mes études de deux­ième cycle, bien sûr, je me suis famil­iarisé avec les clas­siques tu théâtre musi­cal améri­cain ain­si qu’avec les œuvres récentes. Cer­tains spec­ta­cles que j’ai vus m’ont lais­sé une grande impres­sion, qu’ils soient clas­siques (Gyp­sy, Sweeney Todd, A Cho­rus Line) ou mod­ernes (Hed­wig & The Angry Inch, Fun Home, Natasha, Pierre, & the Great Comet of 1812).
Je ne pense pas être le plus grand con­nais­seur ou le plus grand fan du genre dans sa glob­al­ité (qui est telle­ment var­ié) mais il y a tant de choses que l’on peut appréci­er et je crois que ça reste tou­jours une forme cap­ti­vante avec un grand poten­tiel pour la qual­ité et l’in­ven­tiv­ité. Ce que j’aime dans le théâtre musi­cal, c’est qu’il y a une telle var­iété de sons et d’ex­pres­sions qu’on ne peut pas le lim­iter à un seul « style ».

Quels sont vos mod­èles en ter­mes d’au­teurs, com­pos­i­teurs ou interprètes ?
Je ne suis pas sûr d’avoir des mod­èles à pro­pre­ment par­ler. Il y a beau­coup d’artistes dont j’ad­mire le tra­vail et la car­rière, et desquels j’ai beau­coup appris, qu’ils soient du milieu du théâtre musi­cal ou non. Mes pro­pres chan­sons sont un grand « mash-up » d’in­flu­ences et de sons et c’est impor­tant pour moi d’es­say­er d’é­ten­dre les lim­ites du « son » du théâtre musi­cal. Bien sûr, Sond­heim est une influ­ence évi­dente (ain­si que d’autres maîtres du genre comme Shel­don Har­nick ou William Finn et d’autres), c’est égale­ment le cas des song­writ­ers comme Joni Mitchell ou Don­ald Fagen (du groupe Steely Dan), ou Thelo­nious Monk, ou Tom Waits, ou Black Sab­bath, ou des rap­pers comme Nas ou Wu-Tang Clan, ou Jacques Brel.  Je pense qu’il y a une tonne de poten­tiel dra­ma­tique con­tenu dans plein de styles musi­caux dif­férents et j’es­saie de met­tre tous types d’in­gré­di­ents dans mon tra­vail, selon les besoins du per­son­nage ou de la sit­u­a­tion. Quand le théâtre musi­cal sonne trop comme du théâtre musi­cal, je m’in­quiète un peu. J’ai envie que ce soit orig­i­nal et spé­ci­fique, pour que l’his­toire et le per­son­nage émer­gent, je ne veux pas que ce soit juste une tra­di­tion stylistique.

Que ressen­tez-vous à l’idée que vos chan­sons soient inter­prétées en France ?
For­mi­da­ble!  Je suiv­ais un pro­gramme d’im­mer­sion française depuis la mater­nelle, mais je ne m’é­tais jamais ren­du en France avant l’été 2011. C’é­tait génial d’u­tilis­er ma deux­ième langue et de décou­vrir que j’en ai retenu une bonne partie.
C’est aus­si très exci­tant de savoir que des gens en France ont enten­du par­ler de mon tra­vail et ont envie de l’in­ter­préter. YouTube est génial, non ?

Quels sont vos projets ?
La plu­part des chan­sons qui seront inter­prétées à Paris sont extraites de mon « song cycle » The Long­ing and the Short of It. C’est une spec­ta­cle que je con­tin­ue à dévelop­per ; il n’a pas encore fait l’ob­jet d’une pro­duc­tion majeure et j’aimerais que ça arrive prochaine­ment. Je viens de finir de tra­vailler sur une pro­duc­tion de mon musi­cal inspiré de Kaf­ka : The Trou­ble With Doug (co-écrit avec le com­pos­i­teur Will Aron­son) en Floride.  Je con­tin­ue de tra­vailler sur de nom­breux pro­jets en cours dont Mid­dle School Mys­ter­ies, qui sera égale­ment représen­té lors de la soirée cabaret.  A part ça, mon pro­jet prin­ci­pal est surtout d’es­say­er de vivre une vie que j’ap­pré­cie et qui me per­met de con­tin­uer d’être créatif.

Plus d’in­fos :  www.danielmate.com