Dana Levinson, quel est votre parcours ?
Je viens d’une famille juive de Great Neck qui est une ville limitrophe de New York, j’ai grandi en faisant des aller-retour entre Manhattan et chez moi. Je suis diplômée de la New School à la fois en théâtre musical et en études mondiales avec une spécialisation sur le Moyen Orient.
Comment est né votre désir d’écrire pour le théâtre musical ?
J’ai commencé à écrire très tôt. J’ai supplié mes parents pour avoir un piano quand j’avais huit ans. Ils ont finalement cédé et j’ai étudié avec un professeur. Dès que j’ai commencé à jouer, j’ai inventé des choses. Un jour, mon professeur m’a donné un cahier et m’a dit : « Si tu inventes de la musique, autant la noter. » A partir de ce moment, j’ai écrit des chansons, principalement pour moi-même, comme un hobby. J’ai toujours aimé le théâtre musical mais en tant qu’actrice. A l’université, je me disais tout le temps qu’un jour, j’écrirais un musical. Quand je me suis séparée de mon petit ami et que je me suis retrouvée avec beaucoup de temps libre et beaucoup d’émotions à gérer, j’ai commencé à écrire mon premier musical. C’était nul ! La partition est toujours sur mon étagère et je la feuillette de temps en temps pour me remémorer le chemin parcouru ! Depuis, j’ai eu trois musicals au New York Musical Festival (deux en tant qu’auteure-compositrice, un en tant qu’arrangeuse et superviseuse musicale), j’ai arrangé l’évènement Gypsy of The Year à Broadway, et avec ma partenaire Stacey, nous avons été un des quatre tandems de théâtre musical retenus pour faire partie du programme 2014/2015 Dramatists Guild Fellow avec notre spectacle 5th Republic.
Quelles sont vos influences dans le théâtre musical ?
J’ai tendance à aimer les spectacles où le livret et la musique s’unissent parfaitement pour créer quelque chose qui semble entièrement chanté, même si ce n’est pas le cas dans la réalité. J’aime quand la narration est comme une machine parfaitement huilée. Les auteurs que j’admire sont des maîtres en la matière, comme Flaherty et Ahrens, Michael John LaChiusa, et bien sûr Stephen Sondheim. J’admire aussi beaucoup Kander and Ebb. J’aime le théâtre politique et ils excellent dans ce genre. Ils savent comment faire une déclaration politique à travers une pièce guidée par les personnages. Leur travail a beaucoup inspiré 5th Republic, de même que les premières œuvres d’Andrew Lloyd Webber comme Evita.
Comment définiriez-vous votre style ?
Musicalement, je me situerais dans cette zone entre l’opéra et le théâtre musical. J’aime pousser le chanteur et le public à se dépasser. J’ai dû me dépasser moi-même pour certaines histoires que j’ai choisi de raconter, comme par exemple, étudier pendant quatre ans la théorie musicale nord-africaine et arabe et la pratique de l’Oud pour pouvoir les incorporer dans le style musical de mes personnages algériens. J’ai également tendance à être attirée par des sujets plutôt sérieux, je n’ai pas peur d’aborder la face sombre de mes histoires. Je pense que l’art est un des outils les plus puissants pour toucher les cœurs et les esprits des gens qui pourraient avoir des préjugés envers des personnes qui ne leur ressemblent pas. Je crois que si on peut humaniser « l’autre » à travers une bonne histoire, on peut changer le monde. La plupart de mes spectacles sont centrés sur un personnage principal qui subit une forme ou une autre de préjugé. Dans 5th Republic, c’est Layla une réfugiée algérienne à Paris en 1959. Dans Madame, c’est Clea, une femme créole transgenre, à la Nouvelle Orléans en 1896.
Qu’attendez-vous de votre expérience à Paris avec des chanteurs français ?
J’essaie de ne pas avoir d’attentes, cela permet que la vie soit surprenante et de vivre dans le moment. Donc, je n’ai pas d’attentes ! Mais je peux dire que je suis ravie d’entendre 5th Republic interprété par des chanteurs français. Cette partition a été influencée par Edith Piaf, Charles Aznavour, Jacques Brel, Serge Gainsbourg et Mireille Mathieu. Alors j’ai hâte d’entendre ces chansons, ici à Paris !
Le concert sera suivi d’un open mic.