
Charlie Sohne et Tim Rosser, comment avez-vous commencé à vous intéresser au théâtre musical ?
Charlie Sohne : J’ai eu la chance que mes parents m’aient emmené voir une tonne de musicals quand j’étais plus jeune. C’était tellement intense que lorsqu’un jour, ils m’ont emmené voir une pièce, j’ai piqué une crise parce que je ne comprenais pas pourquoi les comédiens ne chantaient pas. Je me suis vraiment plongé dans cet univers au collège et au lycée où j’ai eux deux professeurs exceptionnels qui m’ont tous les deux initié au théâtre et avec le fait que faire du théâtre nécessite de l’effort et beaucoup de travail, et doit être traité aussi sérieusement que n’importe quelle autre discipline académique.
Parallèlement, je découvrais des nouveaux auteurs compositeurs de théâtre musical grâce à mes amis. Je me souviens de la première fois où un ami m’a envoyé avec enthousiasme un mp3 de « She Cries » de Jason Robert Brown. A partir de là, j’ai vraiment plongé dedans et j’ai acheté tous les albums possibles de nouveaux auteurs-compositeurs de théâtre musical : Guettel, Lippa, LaChiusa. C’était devenu une obsession. Et je crois que c’est vers cette période que j’ai commencé à écrire mes propres spectacles. A partir de là, je n’ai jamais regardé en arrière.
Tim Rosser : Ma grand-mère était une pianiste formidable et il est possible que la voir jouer des morceaux de Mary Poppins soit la raison pour laquelle j’ai étudié la musique. Lorsqu’elle n’a plus joué, elle m’a donné le recueil de partitions et je l’ai toujours. Mon enfance était nourrie de ce genre de recueils, et je les jouais, les chantais, plutôt que de me concentrer sur les morceaux que je devais apprendre pour mes cours de piano ! J’ai toujours préféré les harmonies de théâtre musical classique. Beethoven n’a jamais été assez jazzy pour moi. J’ai commencé très tôt à écrire mes propres chansons ainsi que mes solos de piano, principalement pour réunir toutes mes harmonies préférées. C’est peut-être ce que je fais toujours, mais j’aime croire que je suis plus discipliné aujourd’hui. Au lycée, j’ai commencé à découvrir les musicals d’où était extraites toutes ces vieilles chansons. Puis, j’ai fait un break lorsque j’ai étudié au Oberlin Conservatory où je me suis concentré principalement sur la composition de musique de concert (mais j’écrivais et je jouais mes propres chansons quand personne ne me regardait). Après l’université, j’ai enfin accepté mon amour pour les chansons de théâtre musical et je me suis inscrit au BMI Workshop. Neuf ans plus tard, je suis toujours à New York, j’écris toujours des chansons et j’adore ça.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous décidé de travailler ensemble ?
Charlie : Nous étions tous les deux dans la même université, Oberlin. On ne se connaissait pas mais un ami commun, qui avait enregistré des démos pour nous, nous a mis en contact. Tim, à l’époque, avait déjà un collaborateur mais m’a conseillé de rejoindre le BMI Workshop où il était inscrit. C’est là que nous avons appris à écrire des chansons. Et ça a plutôt bien marché, car nous avions reçu le même enseignement de deux institutions très différentes, ce qui a créé un regard personnel. Et les choses se sont bien arrangées lorsque Tim a finalement envoyé son ancien collaborateur au séminaire et a eu besoin d’un nouveau !
Tim : C’est plus difficile d’envoyer Charlie au séminaire mais j’y travaille !
Quelles sont vos influences et comment définiriez-vous votre style ?
Tim : Je suis très influencé par le théâtre musical classique, Charlie dirait qu’il est plus influencé par des auteurs-compositeurs contemporains. Nous tremblons tous les deux dans l’ombre géante de Stephen Sondheim, et nous sommes stimulés par la pop contemporaine.
Quant à notre style… Hmmm… Je le décrirais peut-être comme le croisement entre la romance, la catastrophe et la magie ? Oui, je crois que c’est ça. Charlie, tu as quelque chose à ajouter ?
Charlie : Je crois que Tim apporte beaucoup de romance et de magie. Ma spécialité, c’est la catastrophe.
Vos chansons seront interprétées en France pour la première fois le 8 octobre. Quelles sont vos attentes ?
Charlie : C’est génial, mais de voir le cast se constituer a déjà dépassé nos attentes. Lisandro a vraiment bien organisé le concert. Nous avons eu très peu de choses à faire et déjà, les résultats que nous avons vus jusqu’ici sont incroyables.
Tim : Oui, c’est très stimulant pour nous. Et pour moi, personnellement – sans vouloir flatter, ton ego, Paris – beaucoup de mes mes musiques préférées viennent de toi, Paris ! On m’a souvent accusé par le passé d’écrire de la musique française, alors que ce n’était pas ce que j’étais censé faire. Paris a souvent lancé des grands courants artistiques et particulièrement musicaux. Debussy, Ravel et Chopin (Polonais, mais vivant à Paris) font partie de mes compositeurs préférés, et d’autres de mes compositeurs préférés ont été largement influencés par la musique française – Rachmaninoff par exemple. Alors, j’espère que vous allez me transformer en Rachmaninoff. Et vous devriez transformer Charlie en Edith Piaf. Ca marche ?
Quels sont vos prochains projets ?
Tim et Charlie : Nous sommes vraiment ravis car le spectacle sur lequel nous travaillons depuis pas mal de temps, The Boy Who Danced On Air, va avoir sa première à San Diego. Cela nous permet de nous concentrer sur la suite : un spectacle intitulé Run Away Home sur une famille qui perd son plus jeune membre, Austin, treize ans. La famille traverse une crise trois ans plus tard quand quelqu’un prétend être Austin. Nous avons également un projet de pilote pour la web TV avec un boy band et quelques idées pour des spectacles plus gros. Avec un peu de chance, nous aurons plein de choses à vous annoncer bientôt !
Broadway au Carré – Jeudi 8 octobre à 19 h 30 – Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75011 Paris, Métro Nation.