
Carmel Dean, quand et comment a commencé votre apprentissage de la musique ?
J’ai commencé à jouer du piano à trois ans et demi. Ma mère dit que c’est moi qui ai demandé à prendre des cours, mais je ne m’en souviens pas, donc je ne sais même pas si c’est vrai ! J’ai donc étudié le piano classique, j’écoutais aussi beaucoup de jazz, mais c’est au lycée que j’ai vraiment découvert le théâtre musical quand j’ai participé à une production de The Boyfriend. A partir du moment où j’ai découvert le théâtre musical, j’ai trouvé ça captivant. Ensuite, je suis allée à l’université pour étudier le piano classique, tout en étant directrice musicale pour de nombreuses productions.
Comment avez-vous commencé à Broadway ?
J’ai étudié à la composition en théâtre musical à New York et un des membres de la faculté était William Finn [Spelling Bee, Falsettos…]. Un jour, je lui ai demandé s’il avait besoin d’une assistante. Il m’a rappelé plus tard pour l’aider à retranscrire une de ses compositions et comme on s’est très bien entendus, il a continué à me proposer du travail. Le premier spectacle sur lequel j’ai travaillé était Elegies au Lincoln Center (off-Broadway) pour lequel j’ai été directrice musicale, puis juste après, il a écrit Spelling Bee pour lequel il m’a demandé des arrangements vocaux. Spelling Bee a commencé off-Broadway et a tellement marché qu’il a transféré à Broadway. Je remercierai toujours William Finn de m’avoir ouvert toutes ces portes.
Pour quelqu’un qui ne connait pas le métier de directeur musical, pouvez-vous nous en expliquer plus précisément les fonctions ?
Souvent, le directeur musical est aussi l’orchestrateur, donc il faut préparer toutes les partitions avant le début des répétitions. Puis quand elles commencent, on apprend aux artistes les chansons, les harmonies. Quand les répétitions des chorégraphies démarrent, vous travaillez avec le chorégraphe, en créant parfois des arrangements pour les danses. On peut être amené à travailler sur les musiques de scène ou celles qui accompagnent les changements de décors. Puis, le directeur musical dirige l’orchestre durant les répétitions. Et quand on réunit pour la première fois l’orchestre et les interprètes, on appelle ça le sitzprobe. C’est un drôle de nom mais c’est un des moments les plus excitants, un de mes préférés, car tout est centré sur la musique. C’est sans doute la fois où on peut le mieux la savourer car personne n’est en train de danser pendant qu’il chante, par exemple.
Quand le spectacle joue, le directeur musical dirige l’orchestre, et est responsable de maintenir la qualité de la musique. Il doit aussi superviser les répétitions des doublures, même si c’est plsu souvent le directeur musical adjoint qui fait ça. En ce qui me concerne, j’aime bien pointer mon nez à ces répétitions !
Si le spectacle doit faire des promos à la télé, par exemple, le directeur musical doit arranger les versions courtes ou les medleys pour l’occasion.
C’est donc très varié, et il ne s’agit pas que de diriger l’orchestre. Dans les trois derniers spectacles, j’étais au piano et aux claviers, et je dirigeais en même temps. Je dirigeais donc beaucoup avec des mouvements de tête !
Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet, If/Then le nouveau musical de Kitt et Yorkey (auteurs de Next To Normal) ?
Pour l’instant, peu d’informations ont été communiquées. Ce qui a été annoncé, c’est que le rôle principal a été écrit spécifiquement pour Idina Menzel. C’est une belle histoire, avec une partition fabuleuse, avec un son pop rock moderne. C’est vraiment du sur mesure pour Idina. Et ce qui est enthousiasmant, c’est que l’histoire est entièrement originale, et non adaptée. Ce sera un très beau projet. C’est formidable de voir Tom Kitt et Brian Yorkey travailler ensemble car ils se complètent vraiment bien. C’est une belle collaboration et on n’a pas le sentiment que les paroles et la musique sont deux mondes séparés. Michael Starobin fait les orchestrations. Il a travaillé sur Spelling Bee, c’est le premier orchestrateur avec lequel j’ai collaboré, et je l’adore ! Quant à Michael Greif [le metteur en scène, qui a également mis en scène Rent et Next To Normal], ce sera la première fois, mais j’admire et je respecte son travail depuis longtemps.
Vous avez donné des master classes à Paris. Qu’en avez-vous pensé ?
C’était très rafraichissant d’entendre autant de voix « uniques ». Les interprètes n’essayaient pas d’imiter des chanteurs qu’ils connaissaient, au contraire, ils assumaient leur son propre. C’est très agréable. C’est quelque chose que j’ai appris en travaillant avec Michael Mayer [metteur en scène] et Tom Kitt sur American Idiot. Ils voulaient trouver des gens qui avaient une voix bien à eux, et non pas un style trop classique. C’était une expérience très intéressante.
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