Quelle a été votre formation initiale ?
On ne peut pas dire que mes parents étaient musiciens et que j’ai commencé à quatre ans (rires). Mon père est scénariste et ma grand-mère réalise des décors de théâtre. J’étais malgré tout influencé. Je faisais du théâtre et du piano. Mais à quinze ans et un peu sur un coup de tête, j’ai décidé que ce serait le piano ! Parallèlement à mon cursus scolaire, j’ai suivi une école de piano classique jusqu’à passer un brevet d’enseignement.
Vous avez décidé d’en faire votre métier à ce moment-là ?
Avant cela, j’ai passé un bac scientifique au Lycée Janson de Sailly dans le 16ème arrondissement de Paris — un peu bourgeois — (rires) et quand j’ai vu mes camarades de classe et la vie qui m’attendait, je me suis dit que je ne pouvais pas devenir un matheux ! Après le bac, la galère a commencé. Je suis parti faire un stage à Aspen dans le Colorado. Pendant un mois, tous les meilleurs élèves de piano se retrouvent. J’étais le plus mauvais… des meilleurs (sauf en composition). Même si on me disait que j’étais doué et que j’avançais plus vite que la moyenne, les gens autour de moi avaient quinze ans de piano et avançaient également très vite ! A mon retour à Paris, j’ai fait plusieurs conservatoires dont le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. J’étais en classe d’harmonie où on apprend à imiter le style des plus grands compositeurs.
Ce n’est pas un peu frustrant d’apprendre à imiter les autres compositeurs ?
Durant cette formation, on ne peut pas avoir son propre style, mais ça donne une capacité d’analyse musicale incroyable. Je dissèque une partition et je finis par comprendre ce que j’aime ou non dans une musique, ce qui m’émeut et ce que je trouve génial. Ensuite j’ai pu décliner et adapter la musique pour en faire mon propre « style ». C’est un peu mon côté matheux, je cherche, ça m’amuse.
Et après avoir cherché, vous trouvez ?
Vers 23 ans, j’ai arrêté les études, car il fallait bien gagner sa vie. J’ai réalisé quelques musiques pour des documentaires à la télévision. Je me suis fait un peu les dents sur six ou sept pièces de théâtre. J’ai écrit la musique des pièces de mon père Pascal Bancou avec Xavier Lemaire à la mise en scène.
Marc Chevalier, directeur du Conservatoire du 9ème arrondissement de Paris m’a proposé d’accompagner sa nouvelle classe de comédie musicale. Au début, je n’étais pas enthousiaste, mais comme il y avait de jolies filles dans cette classe (rires), j’ai accepté d’écrire la musique de leur spectacle de fin d’année Bonnie Parker & Clyde Barrow. Plus sérieusement, c’était l’occasion d’écrire et de composer pour une comédie musicale.
En juillet 2007, lors du dernier festival Les Musicals à Paris, deux spectacles auxquels vous participez ont été récompensés par le Prix Découverte. Accordez-vous de l’importance à ce Prix ?
C’est une reconnaissance de la profession et c’est important. Avec L’Histoire de Sally Mac Laureen, Christine Kandel a fait un très beau travail et c’est un plaisir d’accompagner l’équipe. La Petite Boutique du Bonheur est une comédie légère, portée par une jeune femme dynamique et ultra-motivée Julie Cresp (auteure du livret).
Comment trouvez-vous l’inspiration pour composer la musique de pièces de théâtre au style très différent ?
L’inspiration vient du texte et d’un dialogue avec l’auteur. Je cherche toujours à connaître ce qu’il a dans la tête pour voir les images qu’il projette par écrit. Je suis au service d’une histoire. L’étincelle vient d’une émotion, au sens large, d’un mot ou d’une atmosphère. La meilleure étincelle, ce sont les gens eux-mêmes et leurs histoires. Ensuite, c’est comme une sculpture que l’on travaille progressivement et parfois en plusieurs blocs.
L’Ultime Rendez-vous se joue à la rentrée à la Péniche Opéra, vous signez une musique sombre et sophistiquée.
C’est un spectacle dont je suis très fier. Le casting est à un niveau élevé. Les comédiennes dégagent une telle personnalité et un tel vécu. Vincent Vittoz est un auteur formidable qui se laisse guider dans l’écriture par ses intuitions. Je n’avais pas l’habitude de travailler de cette manière. Mais les musiques mûrissaient depuis longtemps et sont toutes sorties d’un seul coup en un mois et demi !
Avez-vous d’autres projets ou le temps d’avoir d’autres projets ?
Oui ! J’écris la musique d’un opéra pour enfants, basé sur l’histoire de Christophe Colomb (commande). Un tour de chant, Les 2 têtaclak, avec Clémence Levy, est prévu au Darius Milhaud en janvier 2008. Je collabore avec la troupe Comédiens et Compagnie, issue de la Comedia dell’Arte. On est à deux doigts de la comédie musicale avec la danse, le chant et l’univers populaire véhiculé. Bonnie & Clyde vit un peu malgré moi. Nous attendons de signer une co-production avec une mise en scène d’Antoine Lelandais et un casting remanié. Nous irions à Avignon… D’ailleurs, j’ai fait un atelier de slam dans la MJC de DJ Tsunami… Je voulais tout réécrire en slam (rires).
Justement le style Bancou ce serait quoi ?
En général, ce sont les autres qui disent : Ah ça c’est ton style !. Je peux aussi travailler à la commande et faire à la manière de. Mon style est toujours légèrement bizarre, futuriste, comme si c’était toujours à côté et pas vraiment dans les rails. J’aime quand soudain il y a un bug, quelque chose qui grince… une musique pas tout à fait dans les normes. C’est comme le réveil que j’ai chez moi, dont les aiguilles tournent à l’envers… ce serait un peu ça le style Bancou, un peu en décalage avec la réalité (sourire).