J’ai commencé à danser à huit ans. J’étais très petit et je regardais Carmen de Carlos Saura dans lequel dansait Antonio Gades. J’ai dit : « Je veux faire comme lui ! » Mon père m’a dit OK. Il m’a inscrit dans une école de comédie et de danse.
Il n’a pas eu de réticences ?
Non. Mon père adorait l’art. Quand je lui ai fait part de mon choix, il a dit « Olé ! C’est très bien ! Allez, vas‑y ! » Je suis très content car j’ai eu beaucoup de chance, tout le monde m’a donné de l’énergie positive pour commencer. Maintenant je suis un artiste et ma famille, mes amis me soutiennent.
Comment est née l’idée de faire un spectacle sur Federico Garcia Lorca ?
J’adore Garcia Lorca. Comme lui, je viens de Valderrubio, une petite ville de deux mille habitants, près de Grenade, en Andalousie. Ma maison est à côté de la sienne. Mon grand-père était un grand ami de Garcia Lorca. Je connais très bien son histoire. Et on dit que l’histoire de Federico se répète avec moi : deux artistes qui viennent de la même ville.
Pourquoi avoir choisi de vous concentrer sur son séjour à New York ?
Cette histoire m’intéressait parce que personne ne l’a jamais traitée sur scène. Tout le monde connaît La Maison de Bernarda Alba ou Romancero Gitano. On fait toujours la même chose !
Quand je suis arrivé à New York pour la première fois, j’ai ressenti exactement les mêmes émotions décrites par Garcia Lorca cent ans auparavant dans son recueil Poète à New York.
J’ai donc décidé de faire un spectacle musical et audiovisuel, un mélange, un collage… un spectacle très Amargo !
Au début tout le monde m’a dit : « Rafael tu es fou ? Un spectacle flamenco avec du cinéma, des costumes fashion ? » Maintenant, c’est le spectacle qui reçu le plus de prix dans l’histoire de la danse en Espagne. Il joue sans discontinuer depuis sept ans.
On ne l’a jamais joué à Paris et je crois que c’est le bon moment. Après avoir fait la Star Ac, on me connaît comme un artiste de la télévision, un artiste commercial. A la Star Ac, en tant que juré et prof, je ne pouvais pas danser. Aujourd’hui, je veux que l’on découvre le vrai Rafael Amargo, sur scène, où je défends mon art.
Comment abordez-vous cette première fois à Paris ?
Je suis très content car Paris et Londres sont les deux villes culturelles les plus importantes d’Europe. J’ai beaucoup travaillé aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Asie mais jamais ici. Je voulais commencer à Paris et faire une tournée européenne. Cette étape au Casino de Paris est donc très importante.
Comment définiriez-vous le style de ce spectacle ?
C’est du flamenco pero muy Amargo, beaucoup Amargo. C’est un style que j’ai inventé et qui a été beaucoup copié depuis. Pour moi, il faut que le public puisse pleurer, penser, sourire, ressentir des émotions différentes. Ce qui compte pour moi, c’est que la personne qui a pris un billet, puisse se dire, une fois le spectacle terminé : « J’ai payé pour quelque chose qui a ouvert un peu plus mon coeur. »
Vous utilisez des projections vidéo…
Si ! Je suis le premier artiste flamenco à utiliser le cinéma sur scène.
Comment travaillez-vous avec le réalisateur des images projetées ? Vous avez une idée très précise de ce que vous voulez ?
J’ai étudié le cinéma à l’université, je connais bien cet univers. D’ailleurs, quand je serai grand et que j’arrêterai de danser, je serai réalisateur et acteur ! (rires)
Comment racontez-vous l’expérience new-yorkaise de Garcai Lorca ?
Le spectacle est en quatre parties. Ca commence quand le poète arrive à New York, puis quand il va au Canada pour ses vacances, puis quand il revient dans la ville qu’il connaît déjà, puis quand il quitte New York juste avant d’aller en Espagne, il va à La Havana pour faire l’amour et développer son activité homosexuelle ! Voici les quatre parties.
Vous avez demandé à des comédiens comme Marisa Paredes de lire des textes que l’on entendra durant le spectacle.
Si ! Marisa, la chica de Almodovar ! Quand je suis arrivé à Madrid, quand j’étais petit, j’ai rencontré d’artistes du cinéma, de la Movida. J’ai tout de suite été adopté, j’étais l’enfant prodige, l’enfant terrible de l’art. J’étais très fou, maintenant je suis tranquille ! Les grands m’adoraient : les musiciens de rock, de la rue, du monde de la nuit, les drags. J’étais comme un devil, pero un devil avec un grand coeur ! Maintenant tout le monde m’adore et je suis ici.
Vous avez signé la chorégraphie de Zorro, à Londres et vous êtes nommé aux Laurence Olivier Awards pour votre travail.
[NDLR : L’interview a été réalisée deux jours avant la cérémonie. Le prix a été attribué à Steven Hoggett pour Black Watch]
C’est la première fois qu’un chorégraphe espagnol est nommé ! Ta ta ta ta ! (Il chante « La cucarracha » en se commençant à se déshabiller sur le canapé) « El »show va commencer !
Je vais aller à la cérémonie avec tous mes amis espagnols, je vais louer une limousine. Le prix, c’est pas un problème, j’y vais pour m’amuser, pour célébrer la nomination. Je ne veux pas être angoissé par le résultat. Si le prix vient, je m’amuserai deux fois plus !
C’est la première fois que vous travaillez sur une comédie musicale…
… mais pas la dernière ! J’adore travailler avec les acteurs et les chanteurs. Ils ne dansent pas mais ils sont très… (Il claque des doigts) Si je dis « Allez ! Allez ! », ils y vont ! Zorro sera au Folies Bergère cet automne. En avril, je serai à Paris, pour faire les auditions. (Il s’approche du micro) Tous les artistes français, venez à l’audition, come on, come on !
Pouvez-vous nous parler de vos autres projets ?
J’ai reçu une autre proposition pour un musical en Belgique mais je ne peux pas encore en parler. Fin avril, je vais participer à une émission de télé réalité sur la RAI, en Italie, un peu comme une Star Ac mais avec des danseurs. C’est magnifique ! Je vais être professeur, chorégraphe, co-présentateur.
Je vais faire un film aux Etats-Unis sur Salvador Dali, et un film en Argentine l’année prochaine. Et puis basta ! Beaucoup de travail !