de Bernard Shaw Traduction et Adaptation Stéphane Laporte
Mise en scène Ned Grujic
Assistante à la mise en scène : Sonia Sariel
Décors : Danièle Rozier
Costumes : Virginie Houdinière
Lumières : Antonio De Carvalho
Musique : Raphaël Sanchez
Maquillages et coiffures : Solange Beauvineau
Réalisation vidéo : Sylvain Le Crom et Guillaume Carrier
Avec Lorie Pester, Sonia Vollereaux, Benjamin Egner, Jean-Marie Lecoq, Philippe Colin, Claire Mirande, Emmanuel Suarez, Cécile Beaudoux
Résumé : « Pygmalion » fait partie de ces grandes pièces du répertoire pleines d’esprit et de finesse qu’on ne se lasse pas de redécouvrir. L’histoire d’Eliza Doolittle, petite marchande des rues qu’un célèbre professeur de phonétique prend le pari de transformer en duchesse, ne revêt pas tout à fait les couleurs du conte de fées ; et pourtant, il en a l’apparence. C’est cette réflexion sur les apparences trompeuses qui m’a inspiré l’idée de transposer la pièce dans les années 50, époque glamour par excellence où les Grace Kelly, Marilyn Monroe et autres Lana Turner illuminaient de leur beauté films et magazines et faisaient rêver les spectateurs du monde entier. Mais derrière l’icône se cachait la femme, derrière la star fabriquée palpitait le coeur d’un être humain dont on faisait un produit… C’est pourquoi la transformation d’Eliza Doolittle façonnée par le professeur Higgins, qui n’est pas sans rappeler ces destins de femmes, se déroule ici dans un univers cinématographique en « Technicolor ».
Pour cette comédie brillante qui inspira la célèbre comédie musicale « My Fair Lady », quelques chansons et pas de danse, en clin d’oeil à l’âge d’or du cinéma hollywoodien des années 50, viennent agrémenter avec fantaisie cette escale ludique et spirituelle qui fait encore écho aujourd’hui.
Notre avis : La transposition de Pygmalion dans les années 50 fonctionne très bien et l’adaptation de Stéphane Laporte, fidèle à la pièce d’origine de Bernard Shaw de 1914, retrouve une dimension cynique très forte, voulue par l’auteur, dans les relations entre les personnages qui avait été grandement atténuée lors de l’adaptation musicale en 1956. Mis à part quelques intermèdes musicaux qui semblent avoir été mis dans le seul but de faire une référence appuyée à la version musicale de la pièce, My Fair Lady, plus connue du public français que la pièce de théâtre originelle, la mise en scène simple et élégante de Ned Grujic permet une narration fluide et fait la part belle aux comédiens.
La distribution est de qualité et le spectacle doit beaucoup à l’interprétation de Benjamin Egner qui compose un professeur Higgins quasiment parfait. Il porte le spectacle et donne à sa partenaire Lorie Pester, dont c’est ici la première expérience théâtrale, une réplique de premier choix. Lorie Pester, quant à elle, fait une prestation honorable, même si sa palette de jeu n’est pas suffisamment étendue pour être totalement convaincante dans un personnage aussi complexe que celui d’Eliza Doolittle. Les intentions sont sincères, mais l’évolution de la fille des rues à la bourgeoise manque un peu de caractère et de précision. Autour d’eux, on remarquera surtout les prestations de Claire Mirande (Mrs Pearce) et Philippe Colin (Pickering) qui proposent un jeu tout en retenue d’une grande justesse et de Jean-Marie Lecoq (Mr Doolittle) qui est extravagant, à la fois très drôle et très touchant.