
Faut-il rappeler la trame de ce qui est peut-être la plus belle histoire tirée de l’Ancien Testament ? Esclaves sur les rives du Nil, les Hébreux attendent un hypothétique sauveur qui se révèle être Moïse, pourtant élevé comme un prince d’Egypte. Dans son désir de libérer son peuple, il se heurte à la colère de Pharaon. Mais, protégé par Dieu qui lui est apparu, il fait pleuvoir les plaies sur l’Egypte et guide les Juifs vers Israël, la Terre Promise. Sur le Mont Sinaï, il reçoit les Dix Commandements, tracés par le doigt de Dieu. Ce texte sacré est reconnu par les trois grandes civilisations du Livre, les mondes juif, chrétien et musulman.
Deuxième Commandement : un démiurge tu écouteras
Elie Chouraqui, le metteur en scène de Paroles et musique, Les marmottes, Les menteurs et, prochainement, de Harrison’s Flowers rêvait depuis longtemps de revenir sur cette histoire : « J’ai vu le film de Cecil B. DeMille quand j’étais enfant mais je ne voulais pas refaire la même chose. Je ne suis pas un metteur en scène de péplums ! J’ai voulu monter une comédie musicale car la musique peut faire passer instantanément des émotions. Et je ne voyais qu’une personne en France pour partager cette envie de spectacle… ».
Troisième Commandement : un grand compositeur tu honoreras
Et cette « personne » c’est bien sûr Pascal Obispo qui, de « Superflu » à « Soledad » en passant par « Sa raison d’être », s’est affirmé en quelques années comme un des chanteurs les plus populaires en même temps qu’un « faiseur de tubes » pour les autres… qu’ils aient pour nom Pagny, Kaas ou Hallyday ! Pascal avoue cependant ingénument que la comédie musicale lui était plutôt étrangère : « Je n’aime pas trop cela à part Starmania que j’ai écouté en boucle. Mais le projet d’Elie m’a plu tout de suite ». Ce dernier corrige : « En fait, Pascal m’a demandé un week-end pour réfléchir. Mais il m’a rappelé deux jours plus tard pour me faire entendre les mélodies qu’il avait écrites entre temps. J’ai été bouleversé ». Et Pascal d’ajouter à l’attention de ceux qui regrettent déjà qu’il ne soit pas sur scène dans le spectacle : « Ce que je préfère, c’est écrire pas interpréter. Et nous avons trouvé de formidables artistes ».
Quatrième Commandement : tes grands prêtres avec soin tu choisiras
Elie Chouraqui a choisi de travailler avec ses collaborateurs habituels pour les décors et a demandé à Sonia Rikyel de dessiner les costumes. Quant à Pascal Obispo, il a écrit avec deux de ses auteurs fétiches, Lionel Florence et Patrice Guirao :« Je n’aime pas les récitatifs dans les comédies musicales : il n’y en aura donc pas. Les paroles des chansons n’en sont que plus importantes « . Il fallait beaucoup de talent — et de culot — pour passer « après » Dieu et réécrire les textes sacrés !
Cinquième Commandement : ton prophète d’entre les prophètes tu éliras
Comme le dit en riant Elie Chouraqui, « Nous avons poussé le scrupule jusqu’à faire jouer Moïse, issu de la tribu de Lévi, par un chanteur portant le même nom ! ». Ce n’est heureusement pas juste à cette homonymie que Daniel Lévi doit le rôle principal du spectacle ! Il a ainsi déjà été sur scène Musset et Chopin dans la comédie musicale de Catherine Lara, Sand et les romantiques et a chanté la version single « Ce rêve bleu » dans le dessin animé Disney, Aladin. Il a aussi plusieurs albums à son actif.
Sixième commandement : Son peuple autour de ton prophète tu rassembleras
Outre Daniel Lévi, six mois d’auditions ont permis de sélectionner les huit autres chanteurs qui évolueront sur scène cet automne. La distribution comprend donc Pedro Alvès (Aaron, frère de Moïse), Lisbeth Guldbaek (Bithia, mère adoptive de Moïse), Ginie Line (Néphertari, princesse égyptienne), Ahmed Mouici (Ramsès, Pharaon), Nourith (Séphora, femme de Moïse),
Pablo Villafranca (Josué, successeur de Moïse),
Anne Warin (Yokébed, mère naturelle de Moïse) et
Yaël (Myriam, soeur de Moïse).
Septième Commandement : à une mise en scène inspirée tu te convertiras
Elie Chouraqui se défend d’avoir voulu faire une mise en scène à grand spectacle. « Je ne vous dirai pas comment nous allons traiter les épisodes du buisson ardent ou du passage de la Mer rouge mais il n’est pas besoin d’effets pyrotechniques ou autres. Les choses se passent avant tout symboliquement, en nous, dans notre coeur et c’est ce que je veux montrer sur scène ». Mais cette « intimité » aura quand même un budget affiché de 45 millions de francs (!) et qui ne couvrira pourtant pas les frais d’un orchestre live. Les dix commandements devront se contenter d’une simple bande-son. « Nous n’avions pas la place sur scène ni de fosse pour mettre les musiciens » se justifie-t-il. C’est néanmoins très regrettable. On n’imaginerait pas Pascal Obispo en concert sans ses musiciens… Pourquoi, comme dans Starmania ou Notre Dame de Paris, continuer à ignorer l’apport énorme de musiciens live dans de tels spectacles ?
Huitième Commandement : un album avant le spectacle sortira
Pascal Obispo est encore en studio pour terminer l’enregistrement des 25 titres de l’album qui sortira fin juin. Mais d’ores et déjà, « L’envie d’aimer » chanté par Daniel Lévi et l’ensemble de la troupe va être disponible . D’autres singles pourraient suivre avant la version sur scène. Lors de la présentation à la presse, Daniel Lévi a également interprété la chanson « Les dix commandements ».
Neuvième Commandement : le Palais des Sports sagement tu investiras
C’est le 4 octobre 2000 que Les dix commandements prendront possession de ce temple païen pour 130 représentations. Le spectacle partira ensuite porter la bonne nouvelle en province.
Dixième Commandement : la comédie musicale en plein essor tu adoreras
Entre Da Vinci — Les ailes de la lumière en juillet 2000, Les mille et une vies d’Ali Baba en septembre, Les dix commandements en octobre et Roméo et Juliette — de la Haine à l’Amour en janvier 2001, les amateurs de grands spectacles musicaux vont être à la fête dans les mois qui viennent ! Et à ceux qui parlent d’embouteillages, voire de cannibalisation, Elie Chouraqui et Pascal Obispo répondent de concert : « Plus il y a de spectacles pour continuer sur la lancée de Notre Dame et mieux c’est. Il n’y a pas de jalousie entre nous, juste de l’émulation : d’ailleurs, nous allons poser ensemble prochainement avec les différentes troupes pour une grande photo de famille ». Histoire de montrer que les Français sont enfin vraiment réconciliés avec le théâtre musical.