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Philippe Ermelier — Double casquette

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Philippe Ermelier ©DR
Philippe Erme­li­er ©DR
Tan­tôt inter­prète, tan­tôt met­teur en scène, par­fois les deux à la fois, Philippe Erme­li­er se sent aus­si à l’aise dans le lyrique que dans la comédie musi­cale. Très tôt, il est baigné dans une atmo­sphère musi­cale puisque toute sa famille tra­vaille à l’Opéra de Paris. « J’ai tou­jours voulu être chanteur d’opéra. Le chant, c’é­tait l’opéra, les gros chanteurs au milieu des gross­es divas… Mais j’ai com­mencé par faire de la comédie, puis du chant au Con­ser­va­toire. Pen­dant que je finis­sais mes études, je fai­sais de la fig­u­ra­tion à l’Opéra et puis un jour, il y a eu des audi­tions pour Didon et Enée, mis en scène par William Christie, et je suis entré dans les Choeurs de l’Opéra de Paris. » Après cette expéri­ence, Philippe con­tin­ue sa for­ma­tion lyrique, à Mar­seille, au Cen­tre Nation­al d’In­ser­tion Pro­fes­sion­nelle d’Art Lyrique puis à l’Ecole de l’Opéra de Paris.

Du lyrique au musical
C’est à cette époque que se font ses pre­miers con­tacts avec la comédie musi­cale. Il accom­pa­gne une amie aux audi­tions de Cats et se retrou­ve dans la troupe alors qu’il est tou­jours en for­ma­tion à l’Ecole de l’Opéra de Paris. « J’é­tais tirail­lé entre la comédie musi­cale et l’opéra. Dans la journée, on me dis­ait ‘il faut chanter des sons ronds d’opéra’ et le soir, on me dis­ait ‘oublie que tu es un chanteur d’opéra’. Donc, ça a été une année assez per­tur­bante mais très enrichissante. Ca a été un acquis pour pass­er plus facile­ment de l’opéra à la comédie musi­cale. » Peu de temps après, il enchaîne avec Les Mis­érables qui reste un des grands sou­venirs de son par­cours. « Après la pre­mière audi­tion, on m’a don­né une cas­sette pour revenir tra­vailler. J’ai décou­vert cette oeu­vre et ça a été un coup de foudre instan­ta­né ! Ensuite, ça a été une expéri­ence for­mi­da­ble, une com­mu­nion entre tous ces gens qui venaient du théâtre, du lyrique, de la chan­son… Cha­cun a beau­coup don­né. Ca a été une année de grandes ren­con­tres, pro­fes­sion­nelles, ami­cales… ».

Tout comme la comédie musi­cale, la mise en scène arrive dans la car­rière de Philippe Erme­li­er un peu par hasard. « Depuis 7 ans, je suis directeur d’un fes­ti­val d’art vocal, en Bour­gogne, d’où je suis orig­i­naire. Au début, c’é­tait par économie que je me suis mis à la mise en scène ! Et comme ça mar­chait et que j’y ai pris goût, j’ai con­tin­ué. J’adore être le cap­i­taine d’un bateau et de tout gér­er. Je suis très curieux et j’ar­rive à pren­dre des choses et les restituer. Ca me plaît bien de rêver et puis un jour, de met­tre en pra­tique ce rêve, et d’être suivi par d’autres. Ca demande énor­mé­ment d’én­ergie, de patience, de temps, mais c’est ter­ri­ble­ment exci­tant. »

Une fête sur scène
Depuis quelques années, les choix de la com­pag­nie Philippe Erme­li­er se sont surtout portés sur des opéras-bouffes ou des opérettes. « J’ai envie de m’a­muser, explique-t-il. Pour moi, c’est une fête de venir sur scène. Je préfère faire rire que pleur­er et c’est pourquoi je me tourne plus naturelle­ment vers ce type de spec­ta­cles musi­caux. On a tous des clichés sur l’opérette, moi le pre­mier, mais comme on monte ces spec­ta­cles d’une façon sim­ple et sans pré­ten­tion, ça marche. On essaye de cass­er le côté rigide de ce genre. »

Aujour­d’hui, sa com­pag­nie est sur les planch­es du Théâtre du Tam­bour Roy­al pour La Grande Duchesse de Gerol­stein. « C’est presque le pub­lic qui nous l’a demandé. Depuis Phi-Phi, on s’est con­sti­tué un pub­lic. La Belle Hélène a été vu par près de 10.000 spec­ta­teurs. On a joué pen­dant neuf mois et par­fois deux fois par jour pen­dant les fêtes. La Grande Duchesse s’im­po­sait naturelle­ment dans la lignée des grands Offen­bach. »

Erme­li­er l’in­ter­prète ne se repose pas pour autant. « Je vais faire La Péri­c­hole à l’Opéra d’Av­i­gnon et à Liège, dans une mise en scène de Jean-Louis Grin­da. Ensuite, je vais chanter Phi-Phi, puis je vais jouer dans une reprise de Yes, de Mau­rice Yvain, une opérette qui n’a pas été jouée depuis très longtemps et qui sera mise en scène par Jacques Duparc. »

Quant à la mise en scène, Philippe retrou­vera le Théâtre du Tam­bour Roy­al avec Mozart Fol­lies en mars prochain. « Ce sont des ‘clips scéniques’ sur des airs con­nus de Mozart. On dégagera la folie visuelle qu’un morceau peut inspir­er. Ca se jouera avec trois chanteurs ». Dans un moyen terme, il aimerait altern­er opérettes et comédies musi­cales. « La com­pag­nie a pu s’im­pos­er grâce à Offen­bach mais j’aimerais qu’on puisse pass­er à d’autres choses. J’aimerais pou­voir pro­pos­er des oeu­vres plus con­tem­po­raines à notre pub­lic. C’est ce qui manque dans ce type de lieux plus intimistes. C’est à nous de nous bat­tre pour que comme à Lon­dres, les gross­es pro­duc­tions côtoient des petits spec­ta­cles. »