Philippe d’Avilla, avant de jouer dans ce spectacle, que représentait pour vous Evita (le musical) et plus généralement l’œuvre d’Andrew Lloyd Webber ?
Evita n’avait pas de places particulières dans mon panthéon personnel du musical. C’était une des œuvres de Webber tout simplement. Ce n’était pas ma préférée mais une de celles qui me touchait le plus par les sujets qu’elle traite, ce qui a rendu d’autant plus grand le plaisir que j’ai pris à la décortiquer et à la découvrir dans tous ses détails incroyables en la travaillant.
Quant à l’oeuvre de Webber, elle a été ma porte d’entrée dans l’univers des comédies musicales anglo-saxonnes. En tant que spectateur en tout cas, les trois premiers musicals que j’ai vus sur scène ont été Cats, The Phantom of the Opera et Starlight Express.
Pouvez-vous nous parler de votre personnage ?
Juan Peron a été président de l’Argentine a deux reprises. On s’intéresse dans le show a sa première présidence, de 1946 à 1955, et bien évidemment à l’histoire d’amour folle qu’il a vécue avec Evita. Elle a clairement été celle qui lui a permis d’accéder au pouvoir. C’est un homme très ambigu, un dictateur sans scrupules avec ses opposants qu’ils torturaient allégrement, père du péronisme dont les dérives sont proches de celles du communisme, ou encore protecteur des nazis en fuite après la guerre et de l’autre côté, père du peuple, premier a accorder le vote aux femmes, colonel refusant de prendre les armes contre le peuple pour réprimer les grèves : un personnage très riche à incarner. La plus grosse difficulté pour moi a été de donner une humanité à cette figure qui n’a rien à envier à un Tito, un Mussolini ou un Ceaucescu.
Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans cette production d’Evita ?
Tout d’abord le plaisir de revenir jouer dans mon pays, ce qui ne m’était pas arrivé depuis sept ans. Et puis c’est un challenge à relever à tellement de niveaux : la difficulté technique de l’œuvre, un personnage qui m’emmène dans des zones que je n’avais pas encore explorées et la création en français d’une pièce de Webber. Et, maintenant qu’on y est, s’ajoute le plaisir de jouer en plein air dans la cour d’un château dans le cadre d’un festival de passionnés de théâtre.
Quels sont vos projets après Evita ?
On reprend Gutenberg, le musical au Sentier des Halles à partir du 20 septembre. Je suis tellement heureux de pouvoir présenter ce spectacle que j’aime tellement et dont je suis très fier au public parisien pour une vraie longue série. Et j’ai aussi le plaisir de mettre en scène Isabelle Layer dans Mademoiselle à partir du 22 septembre au Théâtre du Marais : un juke-box musical pour une comédienne et un pianiste que nous avons coécrit.
Evita à Bruxelles jusqu’au 6 septembre 2016.