
Parlez-nous de votre parcours..
Rita Tabbakh : Vers 15–16 ans, j’ai découvert la musique et c’est à ce moment-là que j’ai décidé que j’allais apprendre comment écrire une chanson, ou étudier et lire la musique, plus tard, à l’université. J’ai été choriste pour Jean Leloup et, par la suite, j’ai participé à quelques comédies musicales, notamment Dracula – Entre l’amour et la mort, la comédie musicale de Richard Ouzounian et Bruno Pelletier, et Shéhérazade bien sûr.
Philippe Berghella : Je suis auteur-compositeur-interprète. J’ai débuté dans les rues comme amuseur public ; cela m’a amené à composer mes propres chansons, à monter un groupe et à partir à la recherche d’une maison de disques. S’ensuivit la sortie de mon premier album solo. Par la suite, j’ai passé les auditions de la comédie musicale de Félix Gray, Don Juan. J’ai beaucoup appris grâce à Don Juan. J’ai alors vraiment succombé au virus de la comédie musicale car elle réunit mes deux passions : la musique et le théâtre.
Comment se passe la promo pour Shéhérazade en France ?
P. B. : C’est une approche différente de celle présentée au Québec. La vraie promotion devrait débuter dans les prochains jours avec la diffusion des interviews, de l’extrait radio et d’une émission télé.
Est-ce que l’approche marketing diffère de celle de Don Juan, par exemple ?
P. B. : J’ai joué Raphaël dans la comédie musicale Don Juan pendant trois mois au Palais des Congrès, à Paris. L’approche était alors basée sur le bouche à oreille : au début il n’y avait pas beaucoup de monde mais vers la fin, les salles se sont remplies. Pour Shéhérazade, cela devrait aller dans le même sens… le bouche à oreille a une très bonne influence sur les spectacles à Paris, contrairement à Montréal. Shéhérazade est vraiment très bon ; j’ai confiance et cela va être une superbe expérience de retourner à Paris avec ce spectacle.
Rita, Shéhérazade sera votre première expérience sur une scène en France. Comment vit-on cela ?
R. T. : Ce sera un peu stressant mais j’essaie de le voir de façon positive dans le sens où nous sommes vraiment chanceux de présenter ce spectacle à l’extérieur du Québec. C’est également un grand baptême pour moi et surtout un rêve qui se réalise. Mais tout va bien aller… j’ai un bon partenaire (rires).
P. B. : On s’aime bien tous les deux. Ensemble nous sommes forts, et avec l’équipe derrière nous, tout va bien se passer. L’équipe au grand complet est fantastique et on va offrir un très bon spectacle.
Pourriez-vous décrire Shéhérazade au public français ?
P. B. : L’histoire commence dans le château du sultan Soliman, rôle que j’interprète. Soliman a été trahi par sa femme. Dès cette découverte, il s’enferme dans son château et chaque soir il fait venir une nouvelle femme qu’on ne revoit d’ailleurs plus par la suite… jusqu’au jour où Shéhérazade a l’idée de raconter des histoires à Soliman, pour éviter d’être tuée.
R. T. : En fait, elle raconte une histoire mais ne la termine jamais. De cette façon, le sultan lui laisse la vie sauve car le lendemain, il veut connaître la suite… Et, après mille et une nuits, arrive ce qui doit arriver : Shéhérazade réussit à apprivoiser le sultan. L’histoire de Shéhérazade est basée sur le conte mais Félix Gray a inventé quelques personnages supplémentaires, ce qui donne une saveur particulière au spectacle.

Y a‑t-il des différences dans le spectacle depuis sa création ?
P. B. : Au tout début de Shéhérazade, pour la première vingtaine de représentations, l’ouverture était quelque peu différente, mais c’est vraiment l’original qu’on apporte à Paris.
R. T. : En fait, depuis les toutes dernières représentations qui ont eu lieu à Montréal et pour celles qui seront présentées à Paris, il y a eu quelques changements du côté des chorégraphies, notamment les baladis [NDLR : danses orientales] qui étaient déjà des plus époustouflants et le seront encore plus. Il y aussi deux nouvelles interprètes : Carolanne D’Astous Paquet (Les Filles de Caleb) sera Jasmina, jeune soeur de Shéhérazade et Elyzabeth Diaga (Rock Story, Dracula – Entre l’amour et la mort) interprète Djininnia la sorcière, en remplacement de Cassiopée (Don Juan).
Comment votre rôle a‑t-il évolué depuis la création ?
P. B. : Au départ, j’avais une bonne idée du personnage mais il est est clair qu’après deux ans je sais maintenant comment transmettre au public ses émotions les plus intenses. En ce qui me concerne, je vais puiser mes inspirations au plus profond de moi-même. Dans Shéhérazade, on y retrouve de l’amour, de la trahison, des litiges familiaux et nous ne sommes pas à l’abri de ces choses dans nos propres vies. Il ne faut pas amener notre vie personnelle sur scène, mais on s’en inspire !
R. T. : Le personnage évolue comme nous évoluons en tant qu’être humain. Sans vraiment s’en rendre compte, nous l’interprétons différemment. Les joies des spectacles live, c’est justement de revoir le même spectacle un an plus tard et d’y trouver de petites différences car l’énergie qu’on y apporte est tout à fait basée sur notre propre vie et que celle-ci évolue quotidiennement.
P. B. : En tout cas, Rita est maintenant une excellente danseuse (rires).
R. T. : C’est vrai que j’ai continué mes cours de danse orientale pendant les congés que nous avons eus.
Quel est votre moment préféré du spectacle ?
P. B. : Je ne veux pas gâcher le « punch »… [NDLR: la chute] mais mon moment préféré, c’est le punch (rires) et mon autre moment préféré, c’est lorsque le Génie (Franck Julien) sort de la lampe ! Je suis mort de rire à chaque fois, c’est comme si je retombais en enfance.
R. T : Le mien, c’est quand le sultan (Philippe) me momifie en me chantant la pomme, lorsqu’il tombe amoureux de Shéhérazade. C’est un beau tableau et une très belle chanson… vraiment touchant. Il y a également le tableau du souk avec Aladin et Yasmina alors qu’on y retrouve tous les danseurs et danseuses.
P. B. : Et aussi les baladis… J’en suis maintenant accro, je ne pourrais plus m’en passer (rires).

Avez-vous des attentes, des craintes de la part du public et des médias français ?
P. B. : Je ne pense pas à ces choses-là car ce n’est vraiment pas entre nos mains. J’ai décidé de laisser tomber les choses qui sont hors de mon contrôle. Nous sommes en confiance avec notre spectacle : c’est tout ce qui importe pour moi.
R. T. : C’est une excellente réponse, Philippe !
Lisez-vous les critiques ?
P. B. : Je ne suis pas du style à me lever et me précipiter pour lire les critiques, mais oui ! Souvent une critique, c’est personnel mais avec un impact sur beaucoup de gens. Nous essayons de plaire à tous mais on sait que ce n’est pas toujours possible.
Quels sont vos projets après Shéhérazade ?
R. T. Je travaille à la création d’un premier album solo. Nous en sommes à la recherche de chansons et d’auteurs.
Philippe, allez-vous écrire une chanson pour Rita ?
R. T. : Ah oui ! Bonne idée !
P. B. : Mais elle ne me l’a pas encore demandé… (rires) Peut-être qu’à Paris on trouvera du temps pour faire ça. Sinon, de mon côté, je travaille sur mon troisième album qui devrait sortir au printemps, selon ce qui va arriver avec Shéhérazade…